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Le spectre de Mjinina
Publié dans La Gazette du Maroc le 17 - 11 - 2003


Dans le couloir de la mort
Dans la Prison centrale de Kénitra, il n'y a pas un seul locataire qui ne connaisse pas Mjinina. Pas un seul gardien, pas un seul visiteur qui n'ait pas une seule fois entendu parler de la folie d'un homme qui a sévi dans le “civil” et en prison avant de se suicider dans le couloir de la mort après une hécatombe. Il n'y a pas un seul prisonnier au Maroc qui n'ait pas été frappé un jour par l'écho laissé suite aux crimes d'un individu qui rasait tout sur son passage. Serial killer, voleur, violeur, bandit de grand chemin, bagarreur, vindicatif, sa vie aura été un monticule de cadavres et un cauchemar pour tous ceux qui ont un jour croisé son chemin. Retour posthume sur le parcours hallucinant d'un homme pas comme les autres.
Il y a des hommes dont la simple évocation du nom semble altérer l'humeur de celui qui l'entend. Devant ce type de situation, il
faut s'attendre à tout : ou votre interlocuteur sombre dans un mutisme presque pathologique, ou la conversation monte d'un cran et vire à l'énervement pur et simple. La première fois que nous avons entendu parler de Mjinina, c'était il y a des années de cela à Fès. Une bonne femme sur la route de Sidi Harazem narrait, avec brio et force détails, les aventures d'un homme qui aurait tué des vies humaines à n'en plus compter. Elle disait qu'il était fort, robuste, le cœur ne connaissant jamais le goût de la peur, coriace, fiévreux, impassible devant le désarroi des autres, le visage carré, une grosse tête, une chevelure hirsute, des épaules larges de boxeur, un regard d'outre-tombe, des mains comme des pelles, des pieds aussi grands que des palmes, une démarche lente et nonchalante qui pouvait se transformer en vitesse éclair, le rire tonitruant de ceux qui reviennent de très loin, la voix rauque et multi-sonore et l'esprit aussi tordu qu'une ferraille écrabouillée par les avaries du temps et le poids des jours. C'était là notre première présentation à monsieur Mjinina en son absence par la voix et le témoignage d'une vieille dame qui allait soigner ses rhumatismes à la source chaude et voulait égayer l'atmosphère en nous racontant les aventures d'un fils du pays. Des années plus tard, sur une plage du Nord du pays, après une belle partie de foot sur le sable, on longe le rivage pour refroidir les ardeurs du corps chauffé à blanc et sentir l'eau sur notre peau, quand un des footballeurs entame son histoire sur Mjinina, l'homme qui a découpé quelqu'un dans la forêt après avoir siroté des litres et des litres de vin rouge. Là aussi, le jeune homme avait dans la voix cette teinte de peur et d'admiration pour les exploits meurtriers de Mjinina. On sentait qu'il était horrifié de son propre récit, mais ne pouvait s'empêcher de le narrer dans les détails comme s'il avait pris part à la tuerie dans les bois.Après, d'autres histoires, toutes aussi sanglantes les unes que les autres sont venues grossir l'image d'un monstre qui a passé sa vie entre la prison, les bois et les corps mutilés de ses victimes avant d'aller se briser la nuque dans sa cellule à Kénitra.
Le plus grand criminel du pays
Mjinina fait office aujourd'hui d'épouvantail, de porte-malheur, de mauvais sort, de sacrilège jeté sur les têtes de tous à chaque fois que son nom est prononcé. Quand nous avons décidé de voir de plus près quel personnage il était, les ancien amis et co-détenus avaient du mal à parler de lui. Ils étaient très mal à l'aise, sujets à une étrange crainte. “Pourquoi vouloir parler d'un homme qui est mort aujourd'hui. Laissez tomber, changeons de sujet”. Evasifs, biaisant avec la situation, les prisonniers les plus aguerris de la Prison centrale de Kénitra esquivent le sujet et ricochent sur autre chose pour ne pas laisser entrevoir cette crainte presque religieuse, superstitieuse qui leur tenaille les tripes quand le spectre de Mjinina prend place dans leurs têtes. Dans le tas, il y en avait certains qui n'avaient rien à faire de la mémoire du “fou à lier qui a vécu dans le sang jusqu'à sa mort”. Et l'un d'eux qui saute sur le nom comme par miracle et s'étend sur le sujet : “vous savez pourquoi on l'a appelé Mjinina ? C'est parce qu'il était réellement fou. Et en plus on l'a pas appelé Majnoun, mais Mjinina comme une bonne femme !!!”. Malgré la tension du début, tout le monde éclate de rire : “C'était comme des poussées de folie, de l'hystérie qui s'emparaient de lui et le rendait semblable à un diable”. Et là, d'autres se mettent à jurer leurs grands saints que ce bonhomme était réellement un diable, un djinn, un suppôt de Satan incarné au milieu des hommes pour les tourmenter, les punir, rendre leurs vies pires que des cauchemars sanglants. “Un jour, il était en train de manger dans la cour de derrière quand soudain il s'est levé, il a commencé à fracasser le mur avec des coups de tête qui n'en finissaient pas. Il n'est pas tombé dans les pommes, il ne s'est pas fait de mouron parce qu'il saignait comme un bœuf. Il a continué jusqu'à ce que sa folie soit passée et il est revenu le visage dégoulinant de sang finir sa nourriture”.Mais Mjinina et ses histoires de folie saccadée et chronique pouvait montrer un autre visage le lendemain en allant raconter des blagues, se balader la tête baissée et calme, entamer un début de match de foot dans le petit terrain improvisé derrière dans la cour, ou tout simplement s'asseoir et réfléchir comme un personne normale. “Mais cela n'était que de courte durée. Très vite, il est repris par son diable, et il se met à taper contre tout ce qu'il trouve sur son chemin. Il a fait beaucoup de dégâts ici et les gens ont fini par l'éviter parce qu'on ne savait jamais quand cela allait le reprendre. C'était risqué de lui serrer la main, de lui sourire, d'échanger un salam alaykoum avec lui. C'était comme faire confiance à un train qui roulait à 200 à l'heure en lui demandant de ne pas vous éclater sur son passage. Impossible”.
La folie naissante
Inutile de revenir sur l'enfance et l'adolescence d'un homme de son rang. Inutile de vouloir faire de la psychanalyse autour d'une figure aussi complexe et insaisissable. Inutile de chercher à savoir quels étaient ses rêves, ses aspirations, ses cauchemars, ses bonheurs, ses illusions. Mjinina, qui n'aura même pas de nom en fin de parcours, traînera depuis qu'il était tout petit entre la violence qui lui a été réservée et celle qu'il a infligée aux autres. Sa vie vacille entre deux pôles, les coups reçus et les coups donnés. Entre les deux, un vide immense qui bouffait son homme et faisait grandir ses frustrations et sa volonté d'en finir avec tout ce qui pouvait lui rappeler l'humain en lui. On ne saura jamais quand il a commis son premier crime, mais si l'on en croit les registres de la police, c'était très tôt. L'enfant Mjinina n'était pas de ceux qui se laissaient marcher sur les pieds. Il était très futé, bagarreur et bougrement musclé pour son âge. Les coups ruisselaient et le visage était toujours commotionné à force d'échanger des coups de tête comme un taureau en furie. On ne saura pas non plus quand il avait choisi d'aller se perdre dans la forêt tantôt dans la région de Fès, tantôt dans l'Atlas, tantôt à Ketama. Ce qui semble sûr, c'est qu'après avoir sillonné le pays de long en large, il avait fini par refroidir un type avec qui il avait un vieux passif, un contentieux non réglé et qui ne pouvait attendre. Il est évident que Mjinina n'avait dans le traitement de ses affaires que deux méthodes : saigner son adversaire à blanc ou emporter une partie de lui en guise de garantie. On raconte qu'un jour, on l'a vu défiler dans les rues d'un village du Gharb, sale, boitant légèrement, la tête enveloppée dans les effluves de quelques dizaines de bouteilles de mauvais vin, un énorme couteau de boucher mal aiguisé à la main. On aura beau avertir les gendarmes, ameuter le village, courir derrière lui, rien n'y a fait. Mjinia marchera tranquillement jusqu'à une certaine adresse, pousse une porte, entre dans une chambre, soulève un individu qui dormait en culotte et tricot de peau, le sort dans la rue et le prend en otage. On saura plus tard que le mec kidnappé était un vieil acolyte qui avait oublié de venir à un certain rendez-vous pour donner sa part à Mjinina d'un butin pris sur une route entre le Nord et le Sud. La légende voudrait que ce bonhomme soit retenu prisonnier pendant plus d'un mois, certains disent exactement quarante jours, presque affamé et à poil jusqu'à ce qu'il ait sombré dans des délires interminables. Après lui avoir fait voir les affres de la folie passagère ou coriace, Mjinina lui indique une route et le laisse marcher pendant des jours jusqu'à ce qu'il s'effondre raide mort.
La forêt, les cadavres et l'alcool
Après ce coup de bluff orchestré pour en jeter plein la vue à d'autres criminels en puissance dans la région entre Fès et Ifrane, Mjinina part dans la forêt et on ne le reverra plus pendant des mois. On avait de ses échos, on se racontait ses crimes, ses sorties, ses luttes contre la police, mais plus jamais on ne l'a vu passer dans une ruelle sombre ou devant un vendeur de vin.Dans la forêt, il marchera pendant des nuits et des nuits à la recherche d'une grotte qu'un vieux pote lui avait indiquée un jour dans un bar à Kénitra. Il finira par la trouver et y allumer un joli feu de bois pour se réchauffer la nuit et faire fuir les fauves. Petit à petit, des fidèles commencent à venir lui tenir compagnie, grossir les rangs de la bande et profiter de la beauté des arbres et du gazouillis des oiseaux. Au bout de trois mois, Mjinina compte pas moins de quinze hommes à son service. On sort de la forêt, on disparaît pendant des jours et on revient un soir à la tombée de la nuit, exténués mais les poches pleines et les bras chargés d'approvisionnements. Le grand chef, n'était sensible qu'au bruit des bouteilles de vin rouge qui s'entrechoquaient, annonçant des nuits de beuverie sans fin. On disait aussi que Mjinina pouvait boire pendant sept jours et sept nuits et ne jamais tomber malade ni sombrer dans la démence ou le sommeil pour cuver son vin. Il restait lucide, buvait comme un trou et adorait monter des soirées dansantes à la belle étoile, devant un feu de camp, un bon gibier et trois ou quatre chikhates de l'Atlas à peine vêtues d'un bout de tissu ramenées à coups de beaux billets de banques qu'un badaud aura laissé dans les poches de ses ravisseurs. Un soir, il attendait un groupe de quinze invités venus de Khénifra qui devaient tous participer à une soirée pas comme les autres : Mjinina avait décidé de se marier avec une chikha dont il était tombé momentanément amoureux. On faisait la fête pendant sept nuits et la femme était ensuite priée de prendre ses affaires, l'argent qu'il lui avait donné en guise de dot et de rentrer chez elle. Jamais personne n'a su ce qui s'était passé, mais l'un des amis proches de la chikha dira ensuite que Mjinina avait pitié d'elle et savait que tôt ou tard elle allait faire les frais de sa folie.La vie dans la grotte suivait un rythme bien étudié. Le matin, on allait à la chasse, un groupe était chargé d'aller faire ses emplettes dans les villes avoisinantes, un autre groupe devait faire la ronde d'inspection dans la forêt et Mjinina dormait jusqu'à la mi-journée avant d'annoncer à tous qu'il devait s'absenter une semaine ou deux parce qu'il avait à faire. Au bout d'un mois, les compagnons sont toujours sans nouvelles jusqu'à ce qu'un des bandits revienne après un long voyage dans le Nord et leur apprend que Mjinina avait été pris en traître à la sortie d'un bar, au cours d'une nuit chaude et qu'il est aujourd'hui en prison condamné à 30 ans de prison pour meurtre.
Mjinina finira par revenir`
Au bout de six mois, Mjinina fera le tour de plusieurs villes pour retrouver ses amis qui le pensaient perdu à jamais. Il tapera à chaque porte, sortira une belle somme d'argent, régalera son ancien pote et lui donnera rendez-vous dans trois jours à la sortie de la ville. Il fera la même chose avec tous les autres et au bout de trois jours, toute la clique est enfin réunie comme par le passé et prête à reprendre le chemin de la grotte. Le voyage ne se fera pas comme d'habitude, chacun selon ses moyens, car Mjinina avait pensé à tout, préparé un camion qu'un nouveau compagnon conduira jusqu'à la forêt. A bord, l'alcool coule à flots et une fois sur place, un autre convoi de femmes les attendait depuis des heures avant de monter tous vers la grotte. C'était sa façon à lui de revenir et de fêter son retour avec les siens. Il leur racontera, sept jours plus tard, qu'il n'a jamais été en prison, que c'était une fausse rumeur, qu'il n'avait étripé personne ou presque, qu'il avait trouvé une vieille rombière qui l'avait mis en contact avec des types dans le Nord pour travailler dans la drogue. Il s'est fait beaucoup d'argent, mais en avait marre et là il est revenu au milieu des potes. Des mois s'écoulent de la sorte, mais un jour Mjinina se fait alpaguer à la sortie d'un bar, une femme sous le bras, les poches remplies de bijoux et de billets de banque. On le recherchait depuis longtemps, on a fini par lui mettre la main dessus, il ne s'en tirera pas cette fois. Et les trente longues années verront enfin le jour.C'est en prison que la légende prend des tournures folles. Il ne se passera pas un jour sans que Mjinina fasse couler du sang humain sur le dallage triste des pavillons gris de la prison. Selon les dires des uns et des autres, vieux et moins vieux, il aura fait la peau à plusieurs personnes dans sa vie, mais en prison il a amoché plus d'une centaine de types à coups de couteau, à coups de poing, à coups de tête, à coups de pied, à coups de chaise, à coups d'assiettes et de verres. Il frappait avec tout et quand il n'avait rien sous la main “il te jetait contre le mur jusqu'à ce que tu t'effondres raide”. Aujourd'hui, on se souvient toujours de son premier jour à Kénitra. Il est arrivé, l'œil noir, la mine sombre, prêt à faire un malheur. On savait qui il était et on voulait tester le degré de véracité de sa légende. Au bout d'une heure en prison, il y avait déjà trois mecs transportés d'urgence à l'infirmerie pour des soins intensifs après une rixe spectaculaire dans un couloir. Mjinina était donc là et la vie en prison allait changer pour un bon bout de temps.
Mjinina sauvé par miracle
Au bout de seize années de folie meurtrière et de bagarres où la prison était devenue un véritable champ de batille dont certains gardiens gardent un souvenir amer, Mjinina finira par bénéficier d'une remise de peine. Oui, un jour on a décidé de lâcher dans la nature un type fou, un tueur et violeur de grand acabit alors qu'il avait encore de longues années à purger. Dans la prison, on n'a jamais rien compris à cette sortie du criminel le plus terrifiant de l'histoire du crime dans le pays. Pourtant un beau matin, il plie bagages, distribue un coup ou deux, plonge un type dans un coma de six heures, et jette un dernier sourire derrière lui comme pour narguer le sort…A sa sortie, il ira dans la forêt, retrouver sa grotte et finira par rassembler quelques uns de ses anciens hommes. Il n'avait qu'une idée en tête : retrouver un homme qui lui devait beaucoup. Il cherchera ce type pendant des mois et, un jour deux de ses amis finiront par le lui ramener.Dans la grotte, voilà que Mjinina est enfin devant cet homme qui l'a obsédé pendant des mois et des mois. Il expliquera alors à ses compagnons que c'était ce type qui l'avait vendu il y a seize ans de cela et qu'aujourd'hui il était son invité. On va boire pendant des nuits sans fin. Le bonhomme invité de dernière minute est attaché à un arbre nuit et jour et saoulé par Mjinina qui lui disait : “bois, bois mon ami, c'est ta dernière nuit. Mais je veux que tu partes ivre en enfer”. Il le fera boire comme un trou pendant des jours jusqu'au moment où il lui tranche littéralement la tête. Il dira alors à ses amis : “je vais descendre en ville. Ne vous en faites pas. Débrouillez-vous durant mon absence et à mon retour la vie sera meilleure”.
Il dévale la montagne, quitte la forêt, un carton à la main et un sac en plastique noir. Il ira de bar en bar, pendant des jours. Il boit, fait l'amour dans des bordels sans jamais se séparer de son sac en plastique noir. Des jours plus tard, il atterrit dans un bar de Meknès, invite tout le monde à siffler autant qu'il le souhaite, bière, vin rouge, whisky, gin, bourbon, pisse de chat, tout ce qu'il y a et pour tous les goûts. La somme s'élevait à mesure que les verres se vidaient. Au bout de la nuit, le bar est plein à craquer parce qu'entre temps, les ivrognes avaient ameuté d'autres saoulards pour boire à l'oeil la cuite de leur vie. Quand la grosse barmaid arrive avec la note, Mjinina lâche un rire endiablé et se met à sautiller sur place en disant “c'est lui qui va tout payer, c'est lui qui va tout payer”. Au bout d'une heure de folie sans précédent, il ouvre son sachet en plastique noir, sort une tête décomposée qui était celle de son invité de la grotte et dit à toute l'assemblée saisie et désenivrée : “je vous ai dit que c'était lui qui allait payer pour nous tous le vin, la vie et la mort aussi”. Et il sort du bar, alors que les autres restent figés comme des statues de sel, les jambes ankylosées, les bras gelés et l'âme défaillante.
La fin et le suicide
La suite aura été une simple cavale derrière un homme qui avait coupé les derniers liens avec son humanité. Le visage de la bête immonde en lui avait pris le dessus et fait disparaître les derniers vestiges d'un homme qui est allé trop loin dans le crime et l'horreur. Il sera pris, jugé et condamné à mort. Il reviendra donc à la Prison centrale de Kénitra pour revoir les siens, tous ceux qu'il avait marqués au fer rouge et faire encore plus mal qu'avant. Une fois en cellule, il multiplie les frasques, les bagarres, les accrochages, les foutoirs, tape sur tout le monde, crie, hurle, hante les murs de nuit et de jour. Tout le monde savait que son retour n'augurait de rien de bon. Pourtant, il était là, le regard vide, les bras fébriles et le corps alourdi par le vin. Un jour, il se saisit d'un couteau, taillade plusieurs peaux, saigne plusieurs détenus, fait une razzia en prison, ameute tous les gardiens qui ne pouvaient rien devant un homme pris par le démon, court, saute, se donne des coups en passant et finit par s'enfermer dans sa cellule. On a attendu longuement, mais il n'a pas refait surface, on a pensé alors qu'il s'était calmé et que le lendemain allait être un autre jour. Tout le monde, fatigué, harassé, va dormir. Le matin, on vient jeter un coup d'œil dans la cellule du fou, il était là, la tête pendouillant, le regard exorbité, la peau verdâtre. La masse de son corps ballotait au bout d'une corde. Il s'était suicidé dans la nuit après avoir été aux prises avec ses propres démons pendant des années. Mjinina aura fini sa boucle. Il aura achevé son propre cycle de la vie et de la mort…


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