Lors d'une récente réunion à Casablanca, l'Observatoire marocain des prisons a dénoncé la dégradation des conditions de vie dans les centres de détention. L'administration pénitentiaire est montrée du doigt. «Mauvaise gestion», «encombrement», «manque d'effectifs et d'équipements», «traitements inhumains»… Ce sont là quelques dysfonctionnements relevés par l'Observatoire marocain des prisons, lors de sa réunion dimanche dernier à Casablanca. Dans un communiqué, dont copie est parvenue à «ALM», l'Observatoire a tiré la sonnette d'alarme sur «la dégradation des conditions de détention» dans les 59 prisons que compte le Royaume. L'ONG en veut pour preuve les plaintes, de plus en plus nombreuses qu'elle reçoit «quotidiennement» de la part des prisonniers et de leurs familles. Et de rappeler les «décès» qu'ont connus, dernièrement, certains centres de détention, entre autres celui de Mahjoub Ferhani, «un cardiaque» qui aurait été empêché de voir son médecin traitant», Noureddine Ben Sghir qui se serait suicidé «à cause des mauvais traitements qui lui avaient été infligés par l'un des gardiens de prison», citant par la même occasion le cas de décès récent d'un locataire de la prison de Fès «à la suite de blessures graves». Dans le communiqué, l'Observatoire, en condamnant «la poursuite des pratiques anciennes» dans le traitement du prisonnier, appelle à «une réforme globale de l'administration pénitentiaire», sur les plans législatif, juridique, et social, présentée comme la seule issue «à la crise» qui affecterait la situation des 56.000 personnes incarcérées dans l'ensemble des prisons à travers le Royaume. En réaction à ce constat dressé par l'Observatoire, des sources proches du ministère de la Justice ont présenté une autre version des faits. En reconnaissant la persistance de certains dysfonctionnements, notamment «l'encombrement des prisons», «le manque d'équipements», ajoutés à des «dépassements» à mettre sur le passif de quelques gardiens de prison, nos sources ont fait valoir des «mesures sans précédent» prises par le ministère de la Justice pour améliorer la situation dans les prisons. L'ouverture des centres carcéraux sur leur environnement social offrirait donc une preuve exemplaire. En effet, l'un des acquis majeurs de la nouvelle politique pénitentiaire a été d'ouvrir les portes des prisons devant les acteurs sociaux, les délégations parlementaires, les comités provinciaux présidés par les gouverneurs, ceci sans compter la dotation des prisons de programmes de formation professionnelle et d'animation culturelle en vue de la réinsertion post-carcérale des prisonniers. S'agissant de la poursuite des mauvais traitements, nos sources ont précisé que les auteurs de ces agissements ont toujours été déférés devant la justice, sans oublier que nombre d'entre encourent, du point de vue administratif, de sévères sanctions disciplinaires. Concernant l'alimentation, la propreté au sein des prisons, les soins médicaux, le ministère de la Justice n'a pas lésiné sur les moyens pour les améliorer.