«Un environnement globalement stable pour la croissance et la réduction de la pauvreté, en dépit d'écarts marqués entre les pays», telle est la principale conclusion du dernier rapport CPIA (Country Policy and Institutional Assessment) de la Banque mondiale. Ce document analyse l'évolution des politiques et institutions en Afrique subsaharienne, et décrit un niveau de gouvernance où il y a encore beaucoup à faire dans cette région du monde. Le constat global est en effet favorable à une progression de la bonne gouvernance et à l'amélioration des institutions publiques africaines. Concrètement, «les notes de 11 pays ont augmenté de 0,1 point ou davantage, ce qui est le signe d'un renforcement du cadre institutionnel, et les indices de 12 autres pays ont baissé d'au moins 0,1 point», indique-t-on dans le communiqué de presse portant sur la publication du rapport. Le Cap-Vert et le Kenya présentaient les notes les plus élevées, selon les experts de la Banque mondiale, cela, bien que le Cap-Vert ait vu sa note CPIA baisser pour la troisième année consécutive. Au bas du classement : le Sud-Soudan et l'Erythrée, deux pays où les pouvoirs publics font face à de profondes difficultés. Par ailleurs, selon le même rapport, des Etats sortant d'un conflit - comme la Côte-d'Ivoire et les Comores - ont fait de solides progrès. Dans le détail, les notes du CPIA présentent des variations entre les divers groupes de pays. Par exemple, la mauvaise gouvernance, l'insuffisance des capacités du secteur public et les troubles civils ont réduit la note moyenne des Etats fragiles africains à 2,7 - soit un niveau très inférieur à la note moyenne des pays non-fragiles, qui est de 3,5. De même, les pays riches en ressources de la région, dont la note CPIA moyenne s'établit à 3, traînent derrière leurs homologues pauvres en ressources, dont la note moyenne atteignait 3,2 en 2012. Selon Punam Chuhan-Pole, économiste en chef par intérim pour la région Afrique de la Banque mondiale et principal auteur du rapport, cité dans le communiqué de la Banque mondiale, «les pays africains qui appliquent de meilleures politiques tendent à obtenir des taux de croissance plus élevés». Le responsable ajoute également que «les conflits et l'instabilité peuvent grandement affecter les gains réalisés par les Etats non-fragiles», ajoute Punam Chuhan-Pole. La crise politique à Madagascar, par exemple, a fait chuter ses notes depuis deux ans, et la même chose se produit au Mali du fait du conflit et de l'instabilité politique. Dans le domaine de la «gouvernance économique», les notes sont plus élevées cette année pour l'ensemble des pays de la région, pour la deuxième année consécutive. «Ce constat reflète le consensus existant parmi les responsables politiques africains selon lequel la stabilité macro-économique peut faciliter l'émergence d'un secteur privé productif», commente-t-on auprès des auteurs du rapport. Cette amélioration globale reflète également le fait que la gestion de la politique macro-économique n'est pas aussi délicate, politiquement, que la réforme des institutions (comme le système judiciaire). La hausse progressive des indicateurs qui évaluent les réformes sociales montre qu'elles sont en train de s'imposer en Afrique subsaharienne. Les indicateurs de la gouvernance, qui mesurent la qualité de gestion du secteur public et des institutions qui assurent la transparence, demeurent inférieurs à tous les autres domaines évalués par le CPIA, ce qui manifeste la profondeur des difficultés auxquelles font face les pays africains dans ce domaine crucial. Il faut savoir par ailleurs que l'évaluation CPIA mesure 16 grands indicateurs de développement portant sur quatre domaines : la gestion économique, les réformes structurelles, les politiques d'intégration sociale et d'équité et la gestion des institutions du secteur public. Les pays sont notés sur une échelle allant de 1 (faible) à 6 (élevé) pour chaque indicateur. La note globale CPIA représente la moyenne des 16 indicateurs.