Le Maroc a plaidé pour une mondialisation équitable et pour une meilleure répartition des fruits de la croissance mondiale pour éviter que d'éventuelles tensions sociales n'aient des conséquences néfastes sur le développement. Dans son intervention devant la réunion du Comité du développement, tenue dans le cadre des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, Zouhair Chorfi, directeur du Trésor et des Finances extérieures, qui représentait le ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, gouverneur de la Banque mondiale pour le Maroc, a appelé l'institution financière et l'ensemble des partenaires au développement à œuvrer pour que cette mondialisation soit équitable. "Dans le contexte actuel de mondialisation rapide, nous sommes d'avis que la Banque mondiale et l'ensemble des partenaires au développement se doivent d'œuvrer pour que cette mondialisation soit équitable en vue de faire plus et mieux en terme de partage des fruits de la croissance mondiale", a déclaré M. Chorfi, ajoutant que cela éviterait les tensions sociales pouvant avoir des conséquences néfastes sur le développement. Soulignant que le Maroc est du même avis que la Banque mondiale en ce qui concerne les quatre domaines clés que la stratégie de la banque se propose de couvrir, à savoir le renforcement du rôle de la Banque en Afrique subsaharienne, l'appui aux Etats fragiles sortant de conflits, l'inclusivité dans les pays à revenu intermédiaire et la préservation des biens publics mondiaux, M. Chorfi a, notamment, estimé inadmissible que l'Afrique subsaharienne ne profite pas pleinement du processus de mondialisation et que même au-delà de 2015, la moitié de la population des Etats fragiles vivra encore dans l'extrême pauvreté. Il a également estimé "important et nécessaire que les pays à revenu intermédiaire, réalisant de bonnes performances en terme de croissance, partagent plus équitablement les fruits de cette croissance". Il est cependant clair, à ce stade, que les engagements pris en matière de soutien financier et de définition de stratégies concertées et adaptées aux besoins des pays où le retard est le plus grand, n'ont pas encore été honorés, a noté M. chorfi dans cette déclaration du Maroc qui représente le groupe de pays composé en plus du Maroc, de l'Afghanistan, de l'Algérie, de l'Iran, du Ghana, du Pakistan, et de la Tunisie. Pour ce qui est de l'Afrique subsaharienne, la Banque gagnerait à travailler de concert avec tous les partenaires du développement en vue de rationaliser l'architecture de l'aide qui souffre d'un manque d'efficacité. Quant aux pays à revenu intermédiaire, l'institution financière internationale devrait, en plus des efforts visant à améliorer l'inclusivité par une répartition plus équitable des fruits de la croissance au sein de ces pays, renforcer son appui à ces pays dans la mesure où ces derniers abritent plus des 2/3 des pauvres de la planète, vivant avec moins de 2 dollars par jour, a insisté M. Chorfi. Soulignant que la Banque mondiale est également interpellée pour apporter des réponses à la question délicate de la dégradation des biens publics mondiaux, il a estimé que cette menace continue de constituer une contrainte majeure aux efforts de développement pour l'ensemble de nos pays tant industrialisés qu'en développement. Le représentant du Maroc a, par ailleurs, souligné la nécessité d'une gestion plus rationnelle des biens publics mondiaux et régionaux vu la menace que présentent pour l'ensemble des pays les fléaux du changement climatique, des maladies transmissibles, du déséquilibre des structures mondiales du commerce et de la propagation des crises financières. Le Maroc a en outre appelé le Groupe de la Banque à adopter des solutions innovantes permettant de redynamiser les activités de la BIRD et de l'IDA et d'améliorer leur performance. A ce titre, il a proposé de faciliter l'accès au financement de la BIRD pour les pays à revenu intermédiaire n'ayant pas accès au marché financier international, et éventuellement pour les pays éligibles IDA susceptibles de rejoindre le groupe des pays à revenu intermédiaire. Parmi ces solutions innovantes, le Maroc a fait part de son soutien à l'orientation visant à octroyer des prêts sans garantie souveraine aux entités publiques et aux collectivités territoriales des pays membres. Il a appelé, à cet égard, la BM à innover notamment en matière d'instruments afin de répondre efficacement aux demandes de financement de projets à caractère régional et supranational et de permettre aux pays de faire face aux chocs exogènes tels la flambée des cours de pétrole et l'instabilité climatique ainsi que d'examiner la possibilité de mettre en place des mécanismes d'assurance adaptés notamment en matière de couverture des récoltes en cas de sécheresse. Il a, également, précisé qu'afin d'atteindre les objectifs de développement du millénaire (ODM), les pays à faible revenu doivent, en plus de l'aide publique au développement, qui reste la source majeure de financement, compter sur leurs performances économiques, accélérer leur croissance et accroître les investissements dans les domaines liés aux ODM notamment la santé, l'éducation, l'eau, l'assainissement et l'infrastructure. De même et compte tenu du fait que l'architecture de l'aide est devenue de plus en plus complexe avec une prolifération des donateurs, une fragmentation des flux de l'aide internationale et une part importante de l'aide liée à la réalisation d'objectifs tenant compte plus des priorités de chaque donateur pris séparément que des priorités des pays récipiendaires, le Maroc a appelé l'IDA à jouer un rôle essentiel en tant que plate-forme institutionnelle fédératrice catalysant les différentes formes d'aide pour une utilisation plus efficace en vue de la réalisation des ODM. De plus et afin d'améliorer l'efficacité de l'aide publique au développement, l'IDA devrait offrir une valeur ajoutée complémentaire par rapport aux autres sources d'aide, apporter un financement adéquat au niveau sectoriel, faire face aux défis globaux majeurs avec une priorité donnée au changement climatique et favoriser l'alignement et l'harmonisation. Le Maroc a enfin signalé que la réalisation de progrès dans les pays à faible revenu passe nécessairement par le renforcement de l'IDA en dotant cette institution de ressources financières stables et suffisantes notamment dans le cadre de la 15e reconstitution des ressources. Il est à rappeler que la délégation marocaine aux assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI, qui était conduite par Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib et gouverneur pour le Maroc auprès du FMI, a également pris part aux travaux de la réunion du Comité monétaire et financier international (CMFI). Elle a aussi participé à la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales maghrébins avec le directeur général du FMI, ainsi qu'aux réunions que le groupe des gouverneurs africains et le groupe des gouverneurs arabes auprès de la Banque mondiale et du FMI ont tenu avec les dirigeants des deux institutions, Robert Zoellick et Rodrigo de Rato. La délégation marocaine a en outre tenu des réunions avec des représentants de banques commerciales internationales qui ont porté notamment sur l'évolution de l'économie marocaine et la situation des marchés financiers internationaux.