«C'est sans commentaire !» C'est en substance, la réaction à chaud qu'a décliné le chef de gouvernement à la suite de l'entretien accordé par le souverain au secrétaire général de l'Istiqlal. Abdelilah Benkirane, qui s'exprimait jeudi dernier au Parlement juste après la séance mensuelle de son exposé sur l'action gouvernementale, a justifié sa réaction par le fait «qu'il ne commentait pas les audiences royales». Au delà de cet aspect protocolaire, la position du chef de gouvernement s'inscrit dans la droite ligne de la position affichée par le PJD depuis la décision de Chabat et de son parti de se retirer du gouvernement. Pour le PJD, il s'agit d'une question interne à l'Istiqlal. Jusqu'au bout, donc, Benkirane et les principaux cadors du PJD entendent se maintenir à l'écart de ce qu'ils veulent circonscrire à «un non évènement». Il est vrai que ces derniers temps, les récurrentes sorties médiatiques de Chabat ont conduit quelques cadres du PJD à délier leur langue, notamment au sein des manifestations organisées par le Parti. Cependant, depuis que la rencontre entre le roi et Chabat a été confirmée par l'état-major de l'Istiqlal, le PJD a verrouillé sa communication autour de la question. Fin de la partition Pour le PJD, donc, la crise actuelle que connaît la majorité et qui a été causée par la décision de l'Istiqlal de se retirer du gouvernement ne peut en aucun cas se traduire par une crise institutionnelle qui nécessiterait un arbitrage royal. La position du parti et des autres alliés se traduit donc au niveau de l'Exécutif par le maintien de la dynamique au niveau du gouvernement. «La polémique entre les composantes de la majorité ne peut que conduire à une crise des institutions», a relevé le député Abdellah Bouanou, président du groupe Justice et développement (PJD) à la Chambre des représentants, lors de son intervention mardi dernier au forum de la MAP. De ce fait, la rencontre entre le souverain et le secrétaire général du parti ne concerne pas le PJD, qui dit attendre encore la décision officielle et définitive de l'Istiqlal avant d'aviser la suite des événements. Mieux encore, le chef de l'Exécutif n'a cessé de rappeler que «le gouvernement continue à bénéficier de la confiance du roi». C'est ce qui explique, peut-être, qu'au sein du gouvernement, on s'efforce de faire comme si de rien n'était. En tout cas jusque-là, et en dépit d'un relatif attentisme qui a suivi l'annonce de l'Istiqlal, les membres du gouvernement y compris les ministres istiqlaliens, ont continué à vaquer normalement à leurs occupations. Il va sans dire que l'intervention royale a permis de tempérer les ardeurs des uns et des autres. Il reste maintenant à savoir ce que va faire le Chef du gouvernement, qui a fait preuve jusque-là de beaucoup de retenue, si l'on se réfère aux attaques politiques qu'il a subies de la part de son principal allié et qui a été amplifié par l'entrée en scène, il y a quelques jours du président du Parlement, Karim Ghellab. Ces tensions récurrentes auraient pu provoqué une plus grave crise politique, si les autres alliés de la majorité avaient joué le jeu de Chabat. Cela laisse à dire que jusque-là, Chabat a eu l'opportunité de ravir la vedette aux autres composantes de la majorité. Les prochains jours risqueront, par conséquent, d'apporter une nouvelle donne à la situation politique actuelle et c'est là que tout va se jouer entre Benkirane et Chabat, lesquels, au final, seront les seuls à finir la partition...