Les travaux des 48e Assemblées générales annuelles de la BAD battent leur plein à Marrakech. Avec près de 3.000 participants dont plusieurs délégations de haut-niveau en présence d'une cinquantaine de pays africains et des représentants de plusieurs institutions financières et investisseurs, l'occasion est plus que jamais propice pour nouer des partenariats dans le cadre de la coopération intra-africaine. A ce sujet, le ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka, multiplie les rencontres avec ses homologues africains. L'objectif de cette initiative est de dresser l'état des lieux des relations économiques entre le Maroc et plusieurs pays africains, et dans le même temps identifier de nouvelles pistes de coopération dans le cadre de la vision stratégique «Sud-Sud» que prône le Maroc. Ainsi, dans la journée d'hier et parallèlement à sa participation aux activités de la BAD, Nizar Baraka, président en exercice du Conseil des gouverneurs de l'institution panafricaine, a rencontré une importante délégation ivoirienne composée de trois ministres en plus du Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, présent également à Marrakech. Il s'agit du ministre d'Etat en charge du Plan et du développement, Albert Mabri Toikeusse, de son homologue delegué, auprès du Premier ministre, chargé de l'Economie et des finances, Nialé Kaba, et enfin du ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi. Au menu de cette rencontre, la concrétisation de la dynamique des relations économiques et commerciales entre le Maroc et la Côte-d'Ivoire, dans le sillage de la dernière tournée royale dans ce pays, le plus important marché de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Après avoir passé en revue l'état des lieux de la coopération maroco-ivoirienne, les deux parties ont convenu d'explorer de nouvelles pistes pour intensifier les échanges entre les deux pays. C'est dans ce cadre et en plus des accords de coopération technique qui seront mis en œuvre entre le ministère marocain de l'Economie et des finances et celui de la Côte-d'Ivoire, Nizar Baraka et son homologue ivoirien en charge des infrastructures ont convenu de faire participer le Maroc à la mise en œuvre du programme de développement des infrastructures, un des volets les plus importants du vaste et ambitieux chantier de mandat du président Alassane Dramane Ouattara qui vise à mobiliser près de 22MMUSD. A ce sujet, les deux parties vont prochainement se concerter pour élaborer les mécanismes permettant à la Côte-d'Ivoire de profiter de l'expertise marocaine en ce qui concerne la réalisation de grands projets d'infrastructures, notamment, les autoroutes à travers notamment la participation de l'entreprise publique marocaine Autoroutes du Maroc (ADM). Cette nouvelle opportunité pour le Maroc s'inscrit dans le cadre de la volonté du Maroc d'accompagner la Côte-d'Ivoire dans le cadre de son programme de relance économique. Selon le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, la mobilisation des investissements constitue le préalable et l'axe prioritaire du programme des nouvelles autorités ivoiriennes pour relancer l'économie du pays qui a sérieusement pâti de la crise électorale qu'a connue le pays durant plus d'une décennie. Pour ce faire, un Forum des investisseurs sera, d'ailleurs, organisé en janvier prochain, afin de mobiliser les fonds en faveur de cette initiative à laquelle le Maroc entend pleinement participer. Il faut dire que ces derniers temps, les relations économiques entre le Maroc et la Côte-d'Ivoire ont connu un nouvel élan, avec l'implantation de plusieurs entreprises marocaines dans le pays et dans de nouveaux secteurs. Il s'agit, notamment, du domaine des logements sociaux alors que les entreprises publiques sont déjà bien présentes sur le sol ivoirien dans le secteur bancaire. Les infrastructures et les télécoms constitueront, désormais, une autre niche pour les entreprises marocaines. Perspectives économiques Le ministre de l'Economie et des finances s'est également entretenu avec plusieurs autres responsables politiques africains et des représentants d'institution financière internationale. A ce niveau, Nizar Baraka, a multiple les opérations de séduction sur la situation de l'économie nationale et les perspectives à court, long et moyen terme. Si actuellement, la situation n'est pas assez reluisante en raison de l'impact de la crise économique mondiale, notamment, la persistance de la situation en Europe, principal partenaire commercial du Maroc, Baraka a mis l'accent sur la résilience dont l'économie nationale a fait preuve et surtout insisté sur les ressorts de croissance dont dispose le pays. Il faut dire que le Maroc intéresse particulièrement les investisseurs internationaux notamment grâce à la bonne tenue des indicateurs socioéconomiques qu'illustrent les statistiques internationales notamment la dernière édition des Perspectives économiques africaines (PEA) publiés par la BAD au premier jour des travaux. Pour beaucoup d'experts et de représentants de pays et d'organismes, publics ou privés en provenance de l'Afrique, le Maroc constitue un cas d'école à plusieurs niveaux. Les réformes entreprises par le royaume dans plusieurs volets, appui aux PME/PMI, modernisation du secteur bancaire et financier, facilitation de l'accès des entreprises aux crédits, ont été entre autre des expériences qui ont suscité l'intérêt des participants aux Assemblées générales annuelles de la BAD. Cette sollicitation n'a pas manqué d'attirer les médias internationaux, particulièrement la presse économique (The Banker Magazine, Euromoney Conferences, African Business Magazine, ...) avec lesquelles Baraka a multiplié les interviews. Pour le ministre de l'Economie et des finances, en plus de la stabilité politique et sociale, ainsi que des atouts géostratégiques certains portés par une économie aux fondamentaux solides, ce sont les perspectives économiques du pays qui constituent l'argument de taille pour les investisseurs. Dans ce cadre, Nizar Baraka, n'a pas manqué à chaque occasion, de mettre en relief le programme de relance mis en œuvre par le gouvernement pour la relance et la transformation structurelle de l'économie marocaine. Le programme économique est basé sur quatre piliers : la maîtrise des équilibres macroéconomiques, l'élévation du niveau de la croissance potentielle, l'amélioration de la compétitivité de l'économie et le renforcement des mécanismes de la solidarité sociale. Au four et au moulin, le ministre Baraka a animé, dans la soirée et toujours en marge des travaux, une conférence sur la dernière sortie à l'international opérée par le Maroc et qui a permis de lever 750MUSD, une preuve supplémentaire de la confiance des investisseurs et partenaires financiers pour le Maroc. Point de vue Patrick Achi Ministre des Infrastructures économiques de la Côte-d'Ivoire Nous avons évoqué avec le ministre les pistes de coopération entre nos deux pays, notamment l'appui du Maroc dans notre programme de développement de nos infrastructures. Ce vaste chantier va se matérialiser par d'importants investissements au vu du nombre du kilométrage que nous nous sommes fixés comme objectifs par an pour ce qui des autoroutes. Nous voulons bénéficier de l'expérience marocaine en matière de mobilisation de financements. L'autre aspect que nous évoqué, c'est la participation des entreprises marocaines dans la réalisation de ces infrastructures. Comme nous avons prévus de diversifier nos partenaires, nous voulons que les entreprises marocaines nous accompagnent. A ce sujet, nous avons prévus prochainement des rencontres notamment avec mon homologue marocain en charge du transport et aussi avec l'organisation patronale (la CGEM, ndlr) et les bureaux d'études marocains. C'est dans ce cadre que je programme une autre visite au Maroc afin de matérialiser tous ces projets avec les différents partenaires.