Certaines régions du continent affichent un taux de croissance de plus de 6%. Le manque d'infrastructures augmente de 30% le coût du transport en Afrique. A titre d'exemple, le fret maritime entre Casa et Jakarta est 3 à 5 fois moins cher que celui entre Casa et une autre ville africaine. Il est ressorti des panels, en marge de l'Assemblée générale de la BAD à Marrakech, que le développement du continent africain passera inéluctablement par celui des infrastructures. D'après la banque, les besoins en financement de l'Afrique pour ses infrastructures à moyen terme sont estimés à 390 Mds de dollars. Vu ce besoin en financement important, il est évident que seules les institutions financières internationales ont une réelle capacité pour soutenir le développement des infrastructures du continent. Mais la coopération Sud-Sud pourrait jouer un rôle moteur pour l'essor de l'Afrique. Erigé comme le grand promoteur de la coopération Sud-Sud, le Maroc participe activement au développement des infrastructures dans plusieurs pays africains. A titre illustratif, il convient de noter que Addoha réalise 10.000 logements en Côte d'Ivoire. D'autres projets d'envergure émanant d'entités privées et publiques marocaines sont en cours de finition dans le domaine de la promotion des infrastructures en Afrique. Enjeux du déficit d'infrastructures L'Afrique connaît un boom démographique sans précédent, ce qui augmente la pression sur le peu d'infrastructures existant sur le continent. Dans les années à venir, le fret qui passera par l'Afrique sera multiplié par dix. Et surtout, il faudra produire cinq fois plus d'énergie, ce qui sera le plus grand défi du continent, plus particulièrement en Afrique de l'Ouest, en raison de la disparité des capacités de production des différents pays et de la problématique des financements. A ce titre, il convient de noter que le projet pilote d'énergie solaire d'Ouarzazate pourrait être un modèle à transposer sur le continent africain qui se distingue par un taux d'ensoleillement annuel très élevé. En outre, certains pays africains sont riches en produits pétroliers, mais le manque d'infrastructures fait que leur production de pétrole reste médiocre. De plus, le secteur pétrolier est très capitalistique et les investissements y afférents sont lourds, notamment pour la construction de pipelines. Tout l'enjeu réside aujourd'hui dans la capacité de l'Afrique à produire une énergie bon marché, d'où la nécessité d'explorer les avantages qu'offre le gaz offshore. Le manque d'infrastructures augmente le coût des transports de 30%, ce qui reste élevé pour les PME locales. D'aucuns font un lien mécanique entre le manque de compétitivité du continent et son déficit en infrastructures. Certains professionnels marocains œuvrant dans le domaine de l'export font observer que le coût du fret maritime entre Casa et Jakarta est de 500 dollars, tandis que celui entre Casa et une autre ville africaine peut aller de 2.000 à 5.000 dollars. Ce qui est prohibitif pour des pays se situant sur un même continent. A cela, s'ajoute le manque de vols directs pour rallier certaines villes du continent. Certains responsables africains ont fait remarquer, lors des Assemblées de la BAD, que pour effectuer le trajet Abidjan-Nairobi (Kenya), l'avion est obligé de passer par la France. Ce qui augmente considérablement les frais de voyage et occasionne une perte de temps. Le manque de financement pour la réalisation des infrastructures reste le principal problème dans certains secteurs dont celui des mines. A titre d'exemple, la Guinée possède plus de 6 milliards de tonnes de fer qui restent inexploités pour des raisons financières et de difficulté d'accès au site, car le pays ne dispose pas d'infrastructures. Certains estiment que le déficit d'infrastructures en Afrique découle du fait que certains projets ne sont pas banquables et, par conséquent, il est très difficile de trouver des financements pour leur réalisation. Le problème de la lenteur dans la réalisation des projets, pouvant s'étaler sur une dizaine d'années dans certains pays, est aussi un facteur de blocage. Pallier le manque d'infrastructures Le développement des infrastructures en Afrique ne pourra se faire de manière dispersée et à l'échelle des Etats. Il faut au contraire, comme l'a souligné un responsable de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), une politique régionale de développement des infrastructures à l'échelle du continent. Le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) semble s'ancrer dans la voie de l'intégration africaine par les infrastructures. La route reliant Casa à Dakar témoigne de la nécessité de promouvoir les échanges pour un développement économique conjoint. Les infrastructures de base (eau, électricité, assainissement, etc.) restent encore peu généralisées dans certaines régions africaines. Et pour cause, certaines entreprises privées ne trouvent pas d'intérêt à investir dans des zones où seuls 20% de la population sont en mesure de payer leurs services. D'où l'urgence de trouver des financements innovants tenant compte de la spécificité du continent. Dans l'optique d'attirer les IDE pour financer les infrastructures africaines, le Premier ministre de la Côte d'Ivoire, Daniel Kablan Duncan, estime que les pays du continent doivent œuvrer pour l'assainissement de la gouvernance et favoriser un bon climat des affaires. Ceci passe nécessairement par la mise en place d'un système judiciaire impartial pouvant aussi bien défendre l'intérêt de l'Etat d'accueil que celui de l'investisseur étranger. Dans cette même foulée, le rapport de la Banque mondiale de 2011 fait une corrélation entre la stabilité politique et la croissance économique. Par ailleurs, l'outil de partenariat public privé peut aussi être un vecteur pour promouvoir le développement des infrastructures et surtout dans le domaine de l'énergie. De surcroît, certains entrepreneurs marocains estiment que le Royaume peut apporter son expertise dans certains domaines (BTP, banque, télécoms, électrification, etc.) pour développer les équipements du continent. Il peut aussi jouer le rôle de médiateur culturel entre certains pays africains et les pays du Golfe. Cette médiation aurait pour but d'attirer les fonds souverains des pays du Golfe vers le continent africain. Lesquels fonds sont estimés à plus de 500 Mds de dollars, ce qui serait une véritable manne pour l'Afrique.