Au vu des dernières opérations de réorganisation industrielle menées par la BCP, sa toute dernière décision était du moins inattendue. La BCP va céder 20% de son capital aux banques régionales populaires. Au nombre de 10, elles forment, avec la BCP, le Crédit populaire du Maroc (CPM). L'opération est justifiée par la nécessité «de consolider l'interdépendance fonctionnelle et organisationnelle entre les organismes du CPM qui apparaît, en réponse à l'évolution de la réglementation bancaire et dans le cadre des règles de Bâle II». Ainsi, les BPR deviendront actionnaires de la BCP à hauteur de 40%. «Ce niveau rapproche le Crédit populaire du Maroc des standards des groupes mutualistes, en particulier ceux dont la banque centrale est cotée en Bourse», explique Mohamed Benchaaboun, PDG de la BCP, s'appuyant sur des exemples français et espagnols. Ce changement de la structure du tour de table de la BCP entre dans le cadre du processus de déconcentration et de décentralisation mené par le groupe CPM, nous renseigne Benchaaboun. Cependant, le pouvoir décisionnel a toujours été entre les mains de la BCP, qui gère les excédents de trésorerie des BPR, et qui constitue également la banque d'affaires et de marchés du groupe. Pour sa part, le ministre de l'Economie et des finances, Salaheddine Mezouar, n'a pas pu s'empêcher de cacher sa satisfaction de cette opération. Le timing est on ne peut meilleur, car l'opération donnera une bouffée d'air frais aux caisses de l'Etat, dont la rumeur de leur assèchement est de plus en plus perceptible. «C'est vrai que ça tombe bien» commente-t-il, timidement. «C'est la première banque du pays, elle ne cesse de développer ses performances, et c'est un outil puissant pour l'Etat» a-t-il ajouté lors de la conférence de presse tenue pour annoncer la nouvelle. Quand à savoir si l'Etat va privatiser d'autres sociétés publiques pour renflouer ses caisses, le directeur des entreprises publiques et de la privatisation, Mohamed Samir Tazi promet que non. «La seule société dont le dénouement de l'opération de privatisation aura lieu dans peu de temps, est la Société des sels de Mohammédia». Les 13 millions d'actions seront vendues aux BPR, à parts égales, via le marché de blocs. Le prix fixé à la Bourse de Casablanca a pris en compte les prix minimum et maximum, et s'est établi à 402DH l'action. «Pour le financement de ce mouvement de 5 milliards de dirhams, la BCP a déjà levé ces derniers jours 3 milliards de dirhams sur le marché des certificats de dépôt, et une augmentation de capital est prévue, histoire de sécuriser les fonds propres de la banque», a précisé Benchaaboun. Suite à cette augmentation de participation, les représentants des BPR au Conseil d'administration passeront de 3 à 5 sur 11 au total. D'autres opérations suivront, ont annoncé Mohamed Benchaaboun et Salaheddine Mezouar, dont deux augmentations de capital dans un premier temps, l'une en Bourse de 10% et l'autre de 5 % reservée au personnel, via la Bourse de Casablanca et ensuite l'entrée éventuelle d'un institutionnel national ou international dans le capital de la BCP. Cette prise de participation devrait se fixer à 15% maximum. Pour l'instant, il n'y a pas plus de détails sur ce programme de réorganisation du capital de la première banque en termes de dépôts. Le Conseil d'administration se tient aujourd'hui même pour en fixer les conditions.