Les sages de la HACA haussent le ton vis-à-vis de Hit Radio. En réduisant d'un an la licence octroyée à la station, un sacré cap vient d'être franchi par le gendarme des ondes. C'est le verdict le plus lourd prononcé à l'encontre d'un éditeur privé. Hit Radio, mauvais élève ? En quatre ans d'existence, elle s'est vue infliger trois sanctions. Un record par rapport aux autres stations de la première génération. Curieusement, toutes les infractions relevées portent la signature de l'animateur Momo. La toute dernière, constitue encore une fois, selon la HACA, une atteinte à la moralité publique et un heurt à la sensibilité des auditeurs. Pris de court par cette nouvelle sanction de l'organe de régulation, le management de la station musicale s'est précipité à réagir via un communiqué de presse. Il se serait même attaché les services d'un spécialiste de l'audiovisuel en tant que conseiller. Objectif : clamer son «innocence» auprès de ses auditeurs et prouver sa bonne foi auprès du régulateur. Pour les connaisseurs, l'empreinte de ce consultant est bien visible. C'est la première fois, en effet, que la radio s'étonne, voire remet en cause une décision de la HACA. Mauvaise interprétation ! Quelle est donc la nature de cette infraction ayant poussé les sages à réduire la licence de Hit Radio ? La parodie en darija d'un tube international comprenant «un mot immoral, impudique et heurtant la sensibilité des auditeurs proféré de manière récurrente». De quel mot s'agit-il ? Il est question de sexe masculin. Si la HACA a préféré pour des raisons éthiques ne pas le mentionner de manière explicite dans sa décision, Hit Radio, elle, ne s'est pas gênée de le préciser dans son communiqué. Extraits : «La parodie -Haz Al Bot- reprend la même structure musicale que l'œuvre originale, et le mot -Haz Al Bot- a été coupé ce qui donne (...). Cette expression coupée et contractée a visiblement donné lieu à une mauvaise interprétation». Hit Radio enfonce ainsi le clou. On se demande à quoi joue le management de la station. Peut être une tentative pour lancer sur la place publique le débat autour de l'utilisation de certains termes «choquants» en darija sur nos ondes. Une démarche hasardeuse ? «Comment peut-on parler de mauvaise interprétation ?», s'interrogent des sources bien informées à la HACA. «Les décisions du régulateur ne reposent pas sur le principe de l'interprétation ou sur la bonne ou mauvaise foi des opérateurs, mais sur le rendu à l'antenne et sa conformité avec les engagements pris par les opérateurs. Une mission qui incombe en premier lieu au département de suivi des programmes», précise-t-on. Dans le cas de Hit Radio, le mot en question ne pouvait pas échapper aux oreilles vigilantes de ce département. Et lorsqu'il y a dérapages, le service en question réalise, en bonne et due forme, un rapport sur lequel se base le Conseil pour prendre les décisions qui s'ensuivent. Le cas par exemple de l'intervention de Hicham Ayouch sur l'antenne de Radio Mars (voir notre édition du 3 juin 2010). Bien évidemment, la sanction prise à l'encontre de Hit Radio a eu l'effet d'une bombe et aura un impact négatif sur sa crédibilité et sur son business. En tout cas, la démarche entamée par Hit Radio risque fort d'enflammer ses rapports avec le régulateur qui, selon des sources en interne, a fermé les yeux précédemment sur plusieurs dérives commises à l'antenne. «Si la station estime que la décision de la HACA est disproportionnée, pourquoi ne saisit-elle pas le tribunal administratif ?», se demandent les mêmes sources.