Toujours est-il que cela y ressemble fort et que cela inquiète dans le monde de la jeunesse, dans le milieu des cultures urbaines, de la musique, de la nouvelle scène, des radios, de la culture en général et de celle tournée vers les jeunes générations en particulier. De quoi s'agit-il ? La HACA vient de sanctionner lourdement Hit-Radio en lui infligeant une amende de 70.000 DH et la pénalisant d'un retrait d'une année sur sa licence qui en comporte cinq !! Quel méfait a donc bien pu commettre Hit-Radio pour que la HACA tape aussi fort ? Suivez bien car peut-être aurez-vous – vous aussi – du mal à suivre les motivations d'une telle sanction : il n'est pas dans mon propos de contester aux membres de cette initiation, le rôle qui est le leur, mais plutôt de se demander si, en cette occasion, leur ouïe, leur bon sens n'ont pas été pris en défaut et quel excès de pudibonderie ou accès «d'esprit mal placé» les a saisis ? D'abord replaçons les choses dans leur contexte : Hit-Radio est un média pionnier en matière «d'encadrement de la jeunesse», et à bien des titres, exemplaire, par exemple lors de sa campagne d'incitation au vote lors des élections ou lors de la diffusion de messages incitant au civisme, en particulier avec l'association Afak. Son taux d'écoute chez les jeunes est phénoménal, et Hit-Radio a été la première à participer à l'émancipation des artistes de la nouvelle scène, avec pour compagnon de route «L'Boulevard» et - depuis sa création - un partenariat avec «Génération Mawazine»… Lors des «manques de maîtrise d'antenne» précédents, relevés par la HACA et qui avaient valu sanction, les dirigeants de Hit-Radio avait d'ailleurs réagi avec efficacité, allant jusqu'à retirer l'émission incriminée de l'antenne. Alors pourquoi une nouvelle «affaire» ? Eh bien, il s'agit cette fois-ci d'une parodie… déjà le terme «parodie» est significatif, en lui-même ! Connaissez-vous la chanson «Alors on danse» chantée par le jeune «Stromae», d'origine belge, et qui fait un malheur chez les jeunes… et bien Momo - animateur vedette de Hit-Radio – en a fait écouter une version en darija, à l'antenne, ce qui donne «Hez el bot». Expression utilisée de tous temps dans la chanson marocaine, il suffit d'écouter les chkikhates… et ce n'est pas aux membres de la HACA qui n'ont plus 20 ans que l'on va expliquer que les phrases sybillines, les sous-entendus, les clins d'œil égrillards ont toujours épicé nos chansons… sans que nulle censure ne s'impose ! Dans la version parodique «Hez el bot», la HACA dit avoir reconnu un «terme obscène», à très forte connotation impudique et immorale, désignant le sexe masculin» !!! Waouh… rien que ça ? N'est-ce pas voir du vice là où il n'y en a pas ? D'ailleurs pour vous faire votre propre opinion, allez sur la page Facebook de Hit-Radio et écoutez… sûrement qu'à l'instar des milliers d'auditeurs vous n'y entendrez pas ce que les sages de l'audiovisuel ont entendu… Faudrait-il pour la HACA, comme pour d'autres organismes, songer à y inclure un «quota jeunes» car là, le déphasage avec la société et notamment la jeunesse est patent ? Et puis enfin, supposons que ce fameux mot ait été prononcé cela justifierait-il un tel niveau de sanction… ? D'ailleurs, il faut remarquer que la lourdeur des peines est particulièrement forte lorsqu'il s'agit de «dérapages» touchant «aux mœurs», à la morale… ! La liberté de ton, la réactivité, l'innovation sont et font la jeunesse… Lisez les réactions de nos jeunes sur Facebook et vous verrez leur sentiment d'incompréhension et leur sentiment de «hogra» !