Lundi, 19h55, il faut faire très vite pour arriver à Aïn Chock avant 20h15. Nous sommes en voiture avec une bande de fous, mais surtout de jeunes fous : à commencer par Imad, Rachid, Mehdi et puis Momo… Rush hour, une circulation de folie mais surtout une ambiance à couper le souffle ! La radio de la voiture est réglée sur la fréquence de Casa FM, la même radio où on était invité ce soir-là. Il s'agit de l'émission ZeKotbiShow (le show de Kotbi, une drôle de phrase version anglaise marocanisée !) présentée par Imad Kotbi avec les deux chroniqueurs Rachid et Mehdi. Quant à Momo, fondateur du Boulevard des jeunes musiciens, il est aussi invité comme nous. Enfin, en arrive à l'«empire de la RTM», comme nous l'annonce si bien Imad. Tout le monde se met en place, micro et casque, pour démarrer l'émission, et pas n'importe laquelle : du délire pendant presque deux heures. On part en éclats de rire, blagues et improvisations, des questions au pif, des surprises, des coups de gueule et de la «new» musique marocaine à «donf». L'émission se passe donc dans la bonne humeur. On parle comme si on était juste entre potes, pas de chichi, pas de discours, on zappe les formalités et on opte pour le naturel et pour tout ce qui est jeune. Et si on ne trouve rien à faire, on appelle le service des renseignements afin de leur expliquer la règle du jeu de l'émission pour gagner un cadeau… que du délire ! «ZekotbiShow est une émission inspirée un peu de La Méthode Cauet, un peu d'Arthur et un peu de l'émission d'Ardisson, le tout adapté à la mentalité marocaine», nous explique Imad Kotbi. Animateur et directeur artistique de la radio, Imad est dans le domaine depuis 1998. Il animait sur Casa FM l'émission Cadence et sur RTM chaîne Inter l'émission Planète Fun. Imad a repris les ondes en juillet avec cette nouvelle émission qui a déjà plein de fans. Le concept existe dans le cadre de la nouvelle grille de Casa FM. En effet, la radio est reprise par un nouveau groupe qui a obtenu la licence accordée par la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) pour les nouvelles radios. Casa FM s'installera donc fin octobre au 18e étage de la Tour des Habous à Casablanca. La radio va être renommée, MFM ou RFM, on ne sait pas encore, mais ce que l'on sait, c'est qu'elle va être diffusée sur Casa, Marrakech, Agadir, Fès et Meknès, avant le 17 novembre. Revenons au ZeKotbiShow, un travail quotidien qui comprend plusieurs rubriques «Comme ZebreakinNews, explique Imad, ce sont des infos dans le style du JR (journal radio) sérieux, sauf que ce sont des infos sur des artistes internationaux, des potins, avec des correspondants marrants dont on fait la voix : Christie Ben Bidaouia, Pierre de Londres, Noureddine Kbayli d'Algérie… Il y a des canulars, on piège des gens, des artistes. Il y a aussi Zecomble of Zecomble, c'est qu'on invente le comble de quelque chose, comme le comble d'un journaliste, c'est d'être à l'article de sa mort... Ce sont des créations de chez nous. On propose pleins de parodies. On reprend des émissions comme Moukhtafoune et pleins d'autres à notre façon». Le seul principe c'est qu'il y ait de l'humour, parler du quotidien et, surtout, avoir deux invités du lundi au jeudi. Le vendredi, la parole est aux auditeurs. Le samedi soir, de 22h30 à minuit, c'est Imad qui fait son Kotbi-Mix, un mix club, et le dimanche, c'est le best of de toute la semaine qui passe en boucle. «Pour Ramadan, nous allons lancer la première sitcom radiophonique. Ça s'appelle «Chabba'Kia» (La jeune Kia ou la Chebbakia de Ramadan à vous de comprendre!). Ça dure dix minutes seulement car elle va faire partie des rubriques dans ZeKotbishow, qui aura lieu de 22h à minuit… jusqu'à nouvel ordre !», nous informe Imad. Ce genre d'émissions radio correspond aux attentes particulièrement des jeunes. «Ces derniers sont souvent branchés aux radios étrangères, comme Fun Radio NRJ ou Sky Rock, mais ils ne peuvent pas vraiment y participer. Nous adaptons donc le tout, on parle de notre vie casablancaise avec un numéro de téléphone fixe où ils peuvent nous appeler pour participer à l'émission», dit Imad. Quant au feedback, tout est positif : «Nous avons un site Internet, les forums marchent bien, ça veut dire que ça bouge et que les gens font attention à l'émission», indique Mehdi, chroniqueur du ZeKotbiShow. Chaque jour, ils retrouvent des idées nouvelles, d'ailleurs ils sont même à la recherche d'une chroniqueuse (attention les filles !!!). En tout cas, ça ne va pas être nous, parce qu'à la fin de l'émission, bien qu'on a passé, certes, un moment de pure folie, on réalise à quel point le fait d'émettre sa voix sur les ondes n'est pas chose facile. On passe donc hors antenne, on reprend notre petit bloc-notes et notre trousse de stylos, (merci la presse écrite !)... L'expérience était enrichissante, passionnée et passionnante. Pour mieux comprendre cet engouement pour la radio. Le fait de présenter, de s'exprimer et de parler de ce qu'on veut, à notre façon, une façon jeune. Dialoguer, avec un vocabulaire parfois inventé mais que tous les jeunes comprennent et désirent écouter. ________________________ Radio 100 % Hits Dans le cadre des 10 licences accordées par la HACA toujours, une nouvelle radio vient de naître. Une fréquence qui va surtout ravir les jeunes dans plusieurs villes du Royaume. Cette nouvelle radio a été créée par Youness Boumehdi, un jeune aussi, qui désirait avoir une radio depuis 13 ans. Il l'a eue enfin, et il l'a nommée Hit Radio. Et pour avoir plus de détails sur Hit Radio nous avons pu rencontrer Momo. Un jeune Casablancais de 23 ans qui travaillait à la Radio 2M comme animateur, et comme Dj pour l'émission Ajial (2M), avant de devenir actuellement animateur et agent de développement d'antenne chez Hit Radio. Le lancement officiel de cette radio est prévu pour le 17 novembre mais il faut dire qu'on entend déjà Hit Radio sur les bonnes fréquences. Selon Momo, les préparatifs ont démarré au mois de juin. Hit Radio émet normalement sur Rabat et région, Salé, Kénitra et Bouznika. Elle est arrivée à Casa le week-end dernier et à Marrakech la semaine dernière. Mais il s'agit toujours d'une phase d'essai. "Nous devons diffuser dans 7 villes au Maroc. Notre produit est à 100 % jeune. On ne diffuse que de la musique pour le moment, c'est d'ailleurs le principe de Hit Radio, qui cible les 15 à 24 ans. Le but est surtout de promouvoir la scène marocaine. En effet, nous avons déjà commencé à diffuser plusieurs artistes marocains. Par exemple, tous les produits du groupe Casa Crew, Big, H-Kayne, Ahmed Soltane, Barry, Simon Says, etc. Les produits marocains jeunes, tout ce qui est Rap, R&B Urbain représentent 40 % de notre diffusion. Les artistes marocains seront toujours les bienvenus pour diffuser leur CD. En matière de production, nous avons exactement ce qu'il faut. Un matériel qui tient des normes internationales et avec lequel on pourra même, dans un futur proche, produire des artistes marocains. Nous aurons bien sûr des émissions au programme, c'est bien prévu, mais on réserve la surprise, il y aura des invités ainsi que des concours", nous explique Momo, un jeune qui s'est battu pour avoir sa place. Parce qu'avant, il n'y avait que les radios d'Etat. A travers son expérience, Momo a pu découvrir les domaines de la radio. "Je pense à tous ceux qui veulent faire la même chose, qui sont passionnés, mais qui n'arrivent pas, par manque de contact ou d'expériences. C'est surtout parce qu'on a pas d'école. Mais il faut dire que l'animation radio ne se base pas sur les études, il faut aimer, avoir une culture générale, une belle voix, être fun, jeune, connaître la musique et être branché tout le temps. J'encourage ces jeunes à se dépenser parce qu'on va y arriver tous!" Quant au feedback, les gens expriment leur satisfaction. Les jeunes sont surtout heureux d'écouter des chansons modernes en darija, avec un bon enchaînement musical. "On ne peut pas produire un produit jeune si on n'est pas jeune nous-même. C'est un challenge à réaliser. Les jeunes n'écoutaient plus la radio parce qu'ils étaient trahis, déçus, ils ne se reconnaissaient plus. Maintenant, c'est comme un soleil qui règne. Nous les jeunes nous sommes en train de prendre le relais sérieusement pour que la culture avance, en préservant notre patrimoine mais en le modernisant. On souhaite écouter ce qui satisfait nos attentes. Nous sommes jeunes et on vit les meilleurs moments de notre vie, mais on désire aussi servir les prochaines générations", conclut Momo.