Nouveau rebondissement dans l'affaire de Brahim Chokri, un Marocain sans papiers installé à Lille en France. Mardi, la compagne de Chokri a en effet informé le comité de soutien des sans papiers, le CSP59, que ce dernier venait d'être embarqué pour une nouvelle tentative d'expulsion, la première ayant échoué, puisque Brahim Chokri avait tout simplement refusé d'embarquer à bord d'un avion. Mais, cette fois-ci, c'est le préfet de la région Nord, Jean Michel Bérard, qui vient de prendre la responsabilité d'expulser Chokri et un deuxième Marocain, lui aussi sans papiers et qui mènent tous les deux une grève de la faim depuis une semaine déjà. «Il s'agit d'une manoeuvre destinée à éviter que les élus et les responsables associatifs constatent par eux-mêmes l'arbitraire préfectoral», explique un communiqué du CSP59, sis à Lille. Pour contrer la décision du préfet, le comité a appelé à une visite des grévistes de la faim et a demandé explicitement aux syndicats de l'aéroport de Roissy de faire preuve de solidarité, pour empêcher l'expulsion de Chokri et de son compatriote, dont le nom n'a pas été révélé. La France entendra-elle raison ? Toujours selon la même source, le CSP59 a été informé par les proches d'une vingtaine de sans-papiers, enfermés au Centre de rétention administratif (CRA) de Lesquin (région Nord) et qui mènent une grève de la faim depuis le 28 mai, que «certains d'entre eux auraient subi des traitements humiliants et dégradants de la part des policiers en particulier lors des tentatives d'expulsion avortées». Une compagne d'un sans-papiers a affirmé aux membres de l'association CSP59 qu'elle vit avec B. depuis un an et que ce n'était nullement une union de complaisance : «Nous avions réuni toutes les pièces pour effectuer les démarches nécessaires quand il a été interpellé», a-t-elle expliqué au CSP59.Ces décisions d'expulsion interviennent au moment où les forces de police française ont procédé à l'évacuation de quelque 160 salariés sans papiers, dont beaucoup d'Africains, qui occupaient les marches de l'Opéra Bastille à Paris depuis le 27 mai pour réclamer des critères clairs de régularisation. Les sans-papiers avaient profité de la présence de 38 dirigeants africains à Nice depuis lundi dernier pour demander, au travers de plusieurs manifestations à Paris et à Nice, que leur participation à la vie économique de la France soit reconnue.