Mercredi, trois policiers ont été suspendus trois jours après la mort d'un Somalien sur le point d'être expulsé de France via l'aéroport de Roissy. Un Argentin était décédé dans les mêmes conditions, fin décembre «Au vu des premiers résultats (de l'enquête administrative), le ministre a décidé ce jour de suspendre les trois policiers chargés de l'escorte, dans l'attente des conclusions de l'enquête judiciaire», précisait mercredi un communiqué de la Direction générale de la police nationale. «Il s'agit d'une mesure conservatoire qui ne préjuge en rien la suite d'une procédure dorénavant confiée à la justice et qui permettra à celle-ci de se dérouler dans la sérénité», ajoutait le texte, précisant que «les fonctionnaires de la police nationale (...) ont dû faire face à 3.000 refus d'embarquement en 2002». Mariame Getu Hagos, âgé de 24 ans était arrivé à l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle en provenance de Johannesburg, en Afrique du Sud, le 11 janvier 2003. Déclaré «non admis», il devait être reconduit sous escorte de la PAF (Police de l'air et des frontières) , jeudi dernier, sur un vol-retour d'Air France, en direction de Johannesburg. Au cours de cette opération, le Somalien a «perdu connaissance» dans l'avion. Il a ensuite été admis à l'hôpital, celui de Villepinte (Seine-Saint-Denis), où il est décédé dimanche après une phase de coma, selon le parquet de Bobigny (au nord de Paris). Ce parquet, qui a saisi l'inspection générale des services (IGS) pour diriger l'enquête administrative, a ouvert mardi une information judiciaire contre X pour «homicide involontaire». Mariame Getu Hagos aurait refusé, à plusieurs reprises, son embarquement de force. Mais comment expliquer sa mort ? Ce décès est survenu moins de trois semaines après celui, déjà très polémique, d'un autre immigré refoulé, un Argentin. Cet homme de 52 ans était mort d'un «arrêt cardiaque», après avoir été entravé par des policiers sur son siège. «Ricardo Barrientos est décédé (...) après avoir été maintenu pendant 40 minutes sous un coussin par les policiers qui l'encadraient», rapportait, pour sa part, le 10 janvier, l'association française «Droits devant !», dans un article intitulé «Sans papiers expulsé, sans papiers assassiné ?». «Ce décès, qui pourrait s'avérer être un assassinat, met une fois de plus en cause les conditions inhumaines entourant les expulsions de sans papiers, violant régulièrement les droits de l'Homme», soulignait l'organisme de défense des immigrés. «Nous dénonçons la continuité de ces violences policières alors que, déjà, d'autres sans papiers comme Samira en Belgique ou un sans papiers sri-lankais en France sont morts dans les mêmes conditions», insistait «Droits Devant !». Laquelle association a demandé mardi à Air France de refuser d'assurer l'expulsion d'immigrés sur ses vols après ce nouveau drame. «Force est de constater que la compagnie nationale laisse les forces de l'ordre pratiquer des actes barbares en toute impunité», déclarait-elle. Droits devant ! a également demandé au gouvernement de rendre publics les résultats de l'enquête menée sur ce décès par l'IGS de la police. Le Groupe d'information et de soutien aux immigrés (GISTI) a pour sa part indiqué mercredi qu'il allait, dans les prochains jours, déposer une plainte contre X dans l'affaire de l'Argentin et se constituer partie civile dans celle du Somalien.