C'est très moche, ce qui arrive à Dominique Strauss-Kahn. Celui qui est en position de donner des leçons aux plus grands de ce monde, au nom du FMI, qui a toute liberté pour juger de leur politique et de mettre le doigt là où cela fait vraiment mal, a été piégé comme un petit débutant. Pourtant, DSK avait pris ses précautions. Il a jusque-là évité avec brio toute confrontation avec ses adversaires potentiels, que ce soit le redoutable Sarkozy ou encore la sœur ennemie, la très socialiste Martine Aubry, qui auraient eu un zéro pointé au stress test depuis un mois. DSK n'avait certes pas déclaré officiellement sa candidature pour les présidentielles 2012, mais les non-dits lors de sa petite tournée médiatique en France et la montée en flèche de sa cote de popularité auprès des Français avaient de quoi inquiéter ses rivaux. Un tel scénario catastrophe n'était pas du tout écarté. DSK l'avait prédit lui même en avril dernier lorsque, interrogé sur les handicaps d'une éventuelle candidature en 2012, il avait répondu : «Le fric, les femmes et ma judéité». Oui, DSK a ses faiblesses, mais de là à se hasarder à un tel suicide politique et d'une manière aussi burlesque, ce serait mal le connaître. En politique, ce genre de coup bas n'a rien de surprenant, surtout que les médias français étalaient des détails croustillants sur un couple DSK-Anne Sinclair stable et heureux. Au Maroc, certains se surprenaient déjà à rêver d'un DSK président. En grand ami du Maroc, il pouvait à lui seul faire des miracles en terme de lobbying auprès de l'Union européenne, voire dans d'autres contrées, vu son passage très remarqué à la tête du FMI. Le rêve risque-t-il de tourner court? Pas si sûr. Vu la réputation de bête féroce politique dont jouit DSK, on peut parier qu'il ne se laissera pas faire.