Si le mastodonte en devenir, ONA-SNI, a fait le choix de réorienter son activité vers le capital investissement (private equity), c'est qu'il s'agit forcément d'un métier d'avenir au Maroc. En tout cas, les spécialistes de ce financement y croient dur comme fer. A l'image du groupe Riva Y Garcia (RyG), une banque privée espagnole qui est montée récemment au créneau pour présenter les vertus du private equity spécifiquement pour les PME. Selon les spécialistes de RyG, la PME marocaine est confrontée à quatre défis majeurs et urgents pour entamer un réel élan de mise à niveau et de développement. Il s'agit en premier de passer d'une gestion traditionnelle à un processus de management professionnel et transparent. En second, s'internationaliser et mettre en place des stratégies commerciales plus volontaristes vis-à-vis de l'étranger. En troisième, adopter les meilleurs standards de qualité. Et enfin, se recapitaliser pour pallier le manque de fonds propres, l'obsolescence de l'outil de travail... Et c'est justement, point par point, tout ce qu'apporte le capital investissement à l'entreprise. Dans sa formule de base, ce levier est une alternative de financement qui offre plus d'un intérêt. D'une part, il permet un apport de fonds propres et de compétences sous la forme d'un «package» négocié. L'investissement institutionnel, un catalyseur D'autre part, il offre, par le biais du capital-risqueur, toute une palette d'avantages : un réseau de contacts essentiel à la bonne marche du projet, un accompagnement du management lors des décisions stratégiques, une amélioration du potentiel de création de valeur au profit de l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise et une institutionnalisation de la PME et de ses mécanismes de gouvernance. Avec ça, les bienfaits suivent systématiquement. En effet, de nombreuses études réalisées par les grands cabinets d'audit en France, en Espagne et au Maroc, démontrent que les sociétés détenues (incluant les PME) par des investisseurs institutionnels ont un taux de croissance de leur volume d'activité supérieur aux autres sociétés et créent par ailleurs plus d'emplois. De même, une étude réalisée par le «World Economic Forum» portant sur des opérations de capital investissement entre 1991 et 2007 dans 20 secteurs différents et 26 pays dans le monde (incluant le Maroc), a démontré que les sociétés dont l'actionnariat comporte un ou plusieurs investisseurs institutionnels ont des pratiques de gouvernance plus efficientes que la moyenne et qui se traduisent par une gestion opérationnelle plus optimale. Mode d'emploi Aussi, ces mêmes sociétés affichent au bout d'une période de deux années sous gestion un gain de productivité supérieur de 2% en comparaison aux autres sociétés. Pour récapituler le mode de fonctionnement du private equity, rappelons qu'il consiste à prendre des participations majoritaires ou minoritaires dans le capital de sociétés généralement non cotées. Ce qui permet de financer leur démarrage, leur croissance, leur transmission, leur redressement et parfois leur survie. Le private equity intervient donc à 4 étapes de la vie de l'entreprise. Au moment de la création d'entreprises pour le financement de l'innovation, des nouvelles technologies, grâce au capital-risque (29% des actes d'investissement au Maroc). À l'occasion d'un projet de développement pour les entreprises à fort potentiel de croissance, grâce au capital développement (51% des actes d'investissement au Maroc). À ce stade, l'entreprise a atteint son seuil de rentabilité et dégage des profits. Les fonds seront employés pour augmenter ses capacités de production et/ou de sa force de vente, pour développer de nouveaux produits, financer des acquisitions et/ou accroître son fonds de roulement. Pour l'acquisition, la transmission ou la cession d'entreprises, avec le capital transmission/LBO (17% des actes d'investissement au Maroc). Les capitaux sont destinés à l'acquisition d'une société déjà établie et/ou à la création d'une société holding, qui a recours ou non à de l'endettement externe. En cas de difficultés, grâce au capital retournement (3% des actes d'investissement au Maroc) dont l'objectif est de financer l'entreprise pour la redresser.