En 2010, la collecte de fonds s'est élevée à 976 MDH. Les capital-risqueurs se plaignent du rythme lent des investisseurs institutionnels, en particulier les compagnies d'assurance. La finance mondiale s'intéresse de plus en plus aux pays émergents. La nouvelle définition de la PME devrait encourager les sociétés de gestion à créer des fonds OPCR. On ne cessera jamais de le dire, le développement économique passe essentiellement par celui de la PME. Reste que souvent les petites et moyennes entreprises sont confrontées à un véritable défi qu'est celui du financement. C'est d'ailleurs dans ce cadre que s'inscrit le séminaire?organisé?récemment?par l'Association?Marocaine?des Investisseurs en Capital. Durant cette rencontre, les intervenants étaient unanimes à dire que le Maroc offre aujourd'hui un cadre propice pour l'épanouissement de la PME. En témoignent les différents programmes initiés par les pouvoirs publics au cours des dernières années et qui commencent à donner les fruits escomptés. Comme l'a confirmé B. Quermane, chargé d'affaires auprès du Premier ministre, «le Maroc offre désormais des opportunités d'investissement réelles grâce à son programme Emergence et ses différentes politiques sectorielles qui ont pour point commun de faire de l'industrie un véritable moteur de développement». Il faisait allusion à la loi modifiée sur la SARL, adoptée récemment, au foncier dont on essaye de répondre en partie par la mise en place de zones franches intégrées, au Conseil de la concurrence qui, désormais, va bénéficier de la capacité d'autosaisine, de l'Instance de prévention de la corruption…, voire de la persévérance dans l'amélioration du climat des affaires d'une manière générale. Mais cela n'empêche pas pour autant de reconnaître que les efforts déployés ne sont guère suffisants, d'où la nécessité d'une mobilisation tous azimuts pour le développement du capital-investissement. Private Equity : les indicateurs en amélioration Le président de l'AMIC, H. Laaziri, a tenu à mettre en exergue les efforts déployés au cours des dernières années afin de faire de Private Equity un instrument de financement au profit de la PME. D'après lui, l'industrie du capital-investissement au Maroc, quoique encore jeune, est pleinement tributaire de l'environnement économique national et international. Il a confirmé que la part des investisseurs étrangers a fortement progressé dans la levée des fonds destinés à l'investissement dans les entreprises marocaines. Une part qui représente plus de 50% des fonds levés. Cette quote-part est un signal fort démontrant que le Maroc devient de plus en plus attrayant. En 2009, les fonds levés ont accusé une baisse par rapport à 2008 à cause de la crise qui a frappé le monde entier. «Après un ralentissement en 2009, les montants levés et les investissements se sont inscrits à nouveau à la hausse en 2010», a précisé H. Laaziri. A fin 2010, le montant cumulé des capitaux levés totalise 7,29 Mds de DH, dont près de 3 milliards levés par les fonds transrégionaux. Ces derniers ont affiché une forte progression à visée sur l'Afrique et le Maghreb et en particulier dans les secteurs de l'agriculture, de l'agroalimentaire, de la santé et des NTIC. La collecte des fonds s'est élevée à 976 MDH en 2010, soit le double des montants levés en 2009. Le montant des investissements cumulés à fin 2010 a atteint 2,6 Mds de DH. La part des institutions financières, y compris celles des compagnies d'assurance, continue à progresser en terme de levées des fonds. La part des investisseurs étrangers a fortement progressé et représente aujourd'hui plus de 50% des fonds levés. Les chiffres avancés montrent qu'une véritable dynamique est en train de s'installer. Cette dynamique a été confirmée par Choukri Oimdina, Directeur général du Fonds de fonds BCP qui a rappelé que la banque du cheval était à l'origine de la création de Moussanada en 1992. Depuis 2005, la BCP avait participé dans d'autres fonds et à partir de 2009 il y a eu la création d'un fonds de fonds. Il prend la forme de sponsor des fonds qui vont être créés ou d'une prise de participation dans d'autres fonds. Mais cela n'empêche pas C. Oimdina de pointer du doigt le rythme des investissements des institutionnels. «Les capital-risqueurs voient que les rythmes d'investissement des institutionnels sont lents, ce qui les inquiète», précise-t-il. A ce titre, il fait allusion à la réglementation, à titre d'exemple, du secteur des assurances qui demeure fortement contraignante. Il considère par ailleurs qu'il est du rôle de l'AMIC de sensibiliser les investisseurs institutionnels afin d'éviter l'amalgame. Sur le plan mondial, les pronostics révèlent que les pays émergents sont la locomotive de l'économie mondiale et que les PME sont celles des pays émergents. Le constat est le suivant : la finance mondiale s'intéresse de plus en plus aux pays émergents. Au niveau mondial, l'industrie du capital-investissement a enregistré une baisse importante des montants levés en 2009 (150 Mds de dollars) en comparaison avec l'année 2008 (environ 460 Mds de dollars). Cependant, une reprise des investissements a été constatée au premier semestre 2010 grâce à la bonne santé des économies émergentes (les pays asiatiques principalement) et, plus particulièrement, au dynamisme des petites et moyennes entreprises. Une chose et cependant sûre : malgré les péripéties fiscales (voir www.financenews.press.ma), les intervenants sont optimistes. La nouvelle définition de la PME (CA inférieur à 175 MDH) devrait encourager les sociétés de gestion à créer des fonds OPCR. Cette dynamique devrait apporter un nouveau souffle à cette industrie au Maroc, tout en renforçant le rôle des fonds d'investissement dans la croissance, l'accompagnement et la réussite de la PME. Dossier réalisé par S. Es-siari