* Avec 18 fonds et plus de 4,7 milliards d'actifs sous gestion, le capital-risque commence à prendre une place parmi les instruments de financement de l'économie nationale. * La profession s'est dotée d'un plan de développement. Objectif : atteindre les 15 MMDH de fonds sous gestion d'ici 2015. * Reste à dépasser les contraintes réglementaires qui entravent l'essor de cette industrie. Après un démarrage relativement lent (1995-2005), avec des fonds sous gestion ne dépassant pas les 400 MDH en 1998, 1,5 MMDH à fin 2000, le capital investissement est entré depuis l'année dernière dans une nouvelle phase : celle du développement. L'année 2006 a connu, en effet, une accélération du développement du secteur. Les chiffres communiqués par l'Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) en disent long. En effet, on a assisté durant 2006 à une véritable montée en régime de l'industrie du capital-investissement à travers le lancement d'une deuxième génération de fonds, cinq en tout, portant le total des fonds sous gestion à plus de 4 MMDH, la taille des tickets d'investissement est passée de 5 MDH sur 1995-1999, 15 MDH sur 2000-2005 à 30 MDH à partir de 2006. Mieux, entre les deux générations de fonds il a été enregistré une hausse significative de la taille des nouveaux fonds qui a bondi de 150 MDH, pour les fonds de la première génération, à 500 MDH pour ceux de la deuxième génération. Les équipes de gestion se sont vues de facto renforcées, passant de 20 à une cinquantaine de professionnels. Aussi, les premiers désinvestissements ont laissé présager une bonne rentabilité pour les fonds, principalement pour les sorties réalisées via la Bourse de Casablanca et des cessions industrielles. 2006 a connu également l'entrée en vigueur de la loi sur les organismes en placement en capital-risque, plus connus sous le nom d'OPCR, dont l'activité a été jusque-là non réglementée, ce qui dénote d'une réelle volonté politique pour développer une solide industrie du capital-risque. Les professionnels du secteur sont donc confiants en l'avenir de cette industrie. Les programmes de réformes et libéralisations sectorielles, le lancement de nouveaux secteurs d'activités économiques, la course des entreprises à la taille et à la croissance externes, l'émergence d'une nouvelle génération de managers...sont autant de facteurs qui pourront pousser les entreprises, et plus particulièrement les PME, dans un contexte de marché où l'accès de la dette est de plus en plus réglementé, à recourir aux services des capital-investisseurs. Une demande qui grandit alors, mais une offre qui s'étoffe également et qui se diversifie pour répondre aux exigences du marché. En témoigne le développement de nouveaux segments d'activité tels que les fonds LBO, les fonds d'amorçage, les fonds régionaux, les fonds sectoriels... «Nous ambitionnons d'atteindre 10 à 15 MMDH de fonds sous gestion à l'horizon 2015, soit 1,5% du PIB», avait déclaré Mehdi Tahiri, Président de l'AMIC lors de la présentation le 4 juin dernier du bilan de la profession. Un allègement de la réglementation est nécessaire Si le Capital-Risque a connu au cours de ces dernières années un développement remarquable comme en atteste l'évolution de l'actif géré, les montants investis et les sorties réussies, en Bourse notamment, avec des TRI supérieurs à 12 % (ce qui est exceptionnel pour les fonds de premières générations dans les pays émergents), il n'en demeure pas moins que plusieurs écueils subsistent et entravent l'accélération de l'essor de ce mode de financement. Les professionnels du secteur dénoncent en particulier quelques restrictions que comporte la loi 41-05 sur les OPCR et appellent de leurs vux à ce que le législateur rectifie le tir. Khalid Ziane, de la CDG, par exemple, insiste sur le fait que l'activité exercée actuellement par la plupart des fonds ne répond pas aux critères de loi, perçue comme très limitative. En particulier, les critères liés à la définition de la PME. En effet, les capital-risqueurs sont tenus, selon l'article 6 de la loi, d'allouer 50% de leurs ressources aux PME. «Chose peu évidente, estiment-ils, pour la simple raison que cette branche travaille souvent dans le développement des entreprises qui ne correspondent forcément pas à la charte de la PME». Aussi, tous les intervenants, nationaux et internationaux, appellent à un allègement de la réglementation, car «il y va du développement du secteur», laissent-ils entendre. «Chaque gouvernement doit avoir en tête que les capitaux privés courent des risques et si un gouvernement tente de dicter les lois du marché des investissements privés et intervient dans la gestion des fonds, il va les faire fuir et les fonds d'investissement ne pourront attirer les capitaux nécessaires», indique Saunders Miller, de la SBIC (un fonds d'investissement capital-risque américain de 35 milliards de dollars de fonds gérés). Et d'ajouter que «le gouvernement peut définir les paramètres du capital-risque mais ne peut dicter les conditions dans lesquelles les décisions d'investissement doivent être faites». Un avis que tous les intervenants ont partagé à l'unanimité. Bref, le Capital-Risque se développe mais de l'avis unanime des intervenants, il gagnerait davantage avec une réglementation moins contraignante.