Une session pas si ordinaire. Enclenchement du mouvement «Basta», instauration de l'arrêt biologique printanier et relation de plus en plus agitée avec le ministère de tutelle. C'est dire dans quel contexte l'assemblée générale de la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique centre s'est tenue en milieu de semaine à Agadir. La commercialisation des captures a été encore une fois au centre des débats. Les professionnels de la pêche artisanale et côtière refusent le mode actuel de commercialisation. L'exigence de transiter par les halles de poissons afin de vendre leurs produits constitue selon eux une procédure contre le jeu de la libre concurrence. «À l'opposé de la pêche hauturière qui commercialise directement ses captures, les pêches côtières et artisanales transitent impérativement par les halles de poissons, chose qui affecte l'activité de ces deux segments et porte atteinte à la concurrence et à la liberté des prix», explique Abderrahmane Sarroud, président de la Chambre des pêches maritimes de l'Atlantique centre Agadir (CMPA). De l'avis des armateurs, le système de commercialisation mis actuellement en vigueur par l'ONP constitue un obstacle à leur activité. L'Office ne prend pas en considération les dispositions de la loi n°06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence, notamment l'article 54 au niveau du paragraphe 4 qui exclut le passage «des produits de la pêche importées, destinées à l'exportation ou à l'industrie» via les halles des poissons. C'est pourquoi la CPMA a saisi le Conseil de la concurrence de cette discorde, qui paraît susceptible de constituer une infraction anticoncurrentielle, selon les dispositions des articles 6 et 7 de loi n°06-99. Il y a lieu de noter qu'après examen de cette situation, le Conseil de la concurrence a rendu son avis favorable au profit des armateurs quant à la commercialisation de leurs captures destinées à l'export en dehors des halles de poissons relevant de l'ONP. Actuellement, l'affaire est entre les mains du tribunal de commerce. «La commercialisation, telle qu'elle est effectuée actuellement est à l'origine de la déroute de nombre d'armateurs des halles de poissons, à cause de la taxe parafiscale imposée». De l'avis des professionnels, «il est judicieux de réduire cette taxe fixée à hauteur de 4% du prix de la vente du poisson, surtout dans un contexte de renchérissement de la facture de production». Cette mesure permettrait non seulement d'encourager les autres armateurs à œuvrer dans le formel, mais aussi à transiter par les halles de poisson. Selon les professionnels, l'entrée en application du statut de mareyeur est une nécessité pour lutter contre les intermédiaires et la spéculation abusive en matière de prix. Lors de cette session, les professionnels de la ont réitéré aussi leur mécontentement à l'égard de la décision unilatérale prise par le ministère de tutelle concernant l'instauration du repos biologique printanier. «L'effondrement des ressources est la preuve évidente de l'échec de la politique adoptée pour la gestion des stocks», arguent les professionnels. À ce propos, ils ont appelé à un arrêt biologique global couvrant tous les segments de la pêche maritime (hauturier, côtier et artisanal) avec la création d'une caisse sociale dédiée aux marins pêcheurs, afin de les compenser durant la dite période d'arrêt. L'immersion des bateaux par l'ANP a été parmi les points abordés lors de cette assemblée. Les armateurs ont renouvelé leur désaccord quant à la façon dont l'ANP a traité ce dossier. Selon eux, le principe et la façon dont les bateaux ont été coulés étaient inappropriés. Le jugement dont disposait l'ANP fait allusion au retrait des navires abandonnés en les déplaçant ailleurs et non pas par leur immersion au «fond de la mer».