Un management créateur d'environnement, accompagnateur de progression et au service de son équipe, tel est le socle de l'entreprise libérée. La libération de l'entreprise doit toujours commencer par son leader. A l'heure où la course effrénée à la performance rend les rapports en entreprise de plus en plus difficiles, de nombreuses voix s'élèvent pour humaniser davantage l'entreprise. D'où le concept d'entreprise libérée. Isaac Getz, professeur à l'ESCP Europe qui a popularisé le concept, a partagé quelques réflexions sur le sujet lors du rendez-vous «Meet de Lead». Cette première édition organisée par le cabinet NGH le 5 mai à Casablanca, visait à réfléchir, partager, découvrir et réinventer les pratiques managériales pour accompagner la transformation des entreprises. Selon M. Getz, le taux de désengagement des salariés gagne du terrain partout dans le monde. Une étude de l'agence Gallop montre que ce taux est élevé au Maroc. Seulement 19% de salariés se déclarent engagés contre 51% désengagés et 31% activement désengagés. Ce modèle d'idéologie managériale, comme l'expose M. Getz, peut apporter quelques éléments de réponse aux entreprises confrontées au désengagement des collaborateurs. Toutefois, sa réussite dépend de quelques éléments essentiels. D'abord, avoir un management créateur de libération d'énergie. «Tous les salariés ont droit au même respect, à la même considération et la même bienveillance de la part de l'organisation. Dans le cas contraire, l'organisation se réduit à de simples exécutants, incapables de prendre la moindre initiative», précise-t-il. Ce modèle est-il applicable au Maroc ? La démarche suppose aussi la libération du potentiel des individus pour faire surgir toutes les qualités et compétences submergées. Enfin, l'entreprise libérée suppose de faire de l'auto-direction, c'est-à-dire rendre les acteurs autonomes. Chaque collaborateur gère ses tâches en fonction d'objectifs précis sans avoir besoin de quelqu'un derrière lui qui le contrôle. Parfois, cette liberté d'action peut aller jusqu'à prendre des décisions stratégiques pour l'entreprise. C'est ce qui s'est passé chez Poult, le numéro deux français sur le marché de la biscuiterie. «Pour recruter le nouveau directeur de son plus gros centre de production, les dirigeants ont mis en place un collectif représentatif de l'entreprise à qui il a laissé le choix du candidat», a souligné Mehdi Berrada, PDG de Poult. Et d'ajouter que «l'autonomie, la confiance, la liberté, la transparence, la responsabilité vis-à-vis des pairs et la "déhiérarchisation" sont les vecteurs de la croissance, et permettent à chaque salarié de donner le meilleur de lui-même». Une leçon pour beaucoup d'entreprises locales. Dans son intervention, Khalid Baghri, président du Centre des jeunes dirigeants Maroc (CJD) a partagé les idées de ses prédécesseurs. Il a estimé que le bien-emploi (bonheur du travail) est un moteur pour atteindre le plein emploi (la compétitivité). C'est à travers la qualité de vie des employés que la satisfaction client est garantie in fine.