Au Maroc, le kilo de riz est vendu par les producteurs à 7 DH L'exonération des droits d'importation prévue par les accords d'Agadir ouvrirait la voie à des importations massives. Les industriels du secteur du riz marocains sont en émoi face à la perspective de l'arrivée du riz égyptien sur le marché. En effet, l'accord d'Agadir, qui consacre une zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie, prévoit que la période de transition se termine en janvier 2005 (*). Tout indique que le prix du riz égyptien sera de moitié inférieur au prix du riz marocain, commercialisé à 7 DH le kg TTC, soit à peine 3 DH. Rappelons que cette culture bénéficie en Egypte de facteurs favorables. Selon Ali Mechiche Alami, industriel du secteur, l'énergie y est moins chère et est, de surcroît, subventionnée pour les agriculteurs. Par ailleurs, la main-d'œuvre égyptienne pèse moins sur le coût de cette matière et le gouvernement égyptien consent des aides pour l'export, notamment sur le fret. Et comme s'en émeut l'Association professionnelle des rizeries du Maroc, le riz égyptien risque d'arriver juste après que les fellahs marocains auront livré aux industriels les 250 000 qx prévues au titre de l'actuelle campagne (du 1er novembre au 15 décembre). Les mesures protectionnistes ne sont pas une solution Ce n'est pas seulement l'usinage qui va en prendre un coup mais toute la culture du riz au Maroc qui risque de ne pas y survivre. Or, le Maroc dispose d'un savoir-faire incontestable (le rendement est de 70 qx/ha, pratiquement le même qu'en Europe) mais les terres exploitables sont sous-utilisées puisque sur les 12 000 ha potentiels, seuls 1800 ha ont été cultivés en 2003. Au-delà des inquiétudes des uns et des autres, il est illusoire de compter sur les mesures de protection pour sauvegarder la filière rizicole au Maroc. En effet, s'il est vrai que le prix de l'eau handicape le secteur, il faut également procéder à une mise à niveau des méthodes de culture, au nivellement des rizières, à la généralisation du système de pompage pour éviter la déperdition d'eau… C'est très envisageable car la riziculture au Maroc est très rentable : pour le seul agriculteur, le rapport est de l'ordre de 7 000 DH à l'hectare. De plus, comme le soulignent les professionnels, les retenues du barrage My Idriss 1er et El Wahda ont éloigné le spectre de la rareté de l'eau pour assurer la pérennité de cette culture