Le syndicat unifié des riziculteurs du Gharb monte au créneau. Il dénonce avec virulence l'accord de libre-échange quadrilatéral avec les pays arabes. Un accord qu'il considère comme fatal pour la culture du riz au Maroc. Le cortège des dénonciateurs des accords de libre-échange s'allonge de jour en jour. Dernier arrivant en liste, les riziculteurs du Gharb. Dans leur collimateur : l'accord quadrilatéral de libre-échange avec les pays arabes. Le problème : le riz égyptien, qui va, selon eux, mettre un terme à la filière rizicole marocaine une fois les sauvegardes appliquées actuellement supprimées. Le Syndicat unifié des riziculteurs du Gharb rappelle à ce titre, que depuis le début des négociations, les riziculteurs n'ont pas cessé de demander au gouvernement d'écarter le riz des négociations de libre-échange. Un secteur jugé fragile et précaire face à la concurrence étrangère. Les responsables du syndicat précisent qu'ils ont averti à maintes reprises le ministère de tutelle du danger que représente le riz égyptien pour le secteur national et pour la région du Gharb particulièrement. Mais pourquoi le riz d'Egypte suscite autant de crainte chez nous ? Cultivé depuis 1 400 ans, le riz égyptien se déploie aujourd'hui sur une superficie de plus à 700 000 ha. C'est un produit important pour l'alimentation de la population et les petits ménages agricoles consomment près du tiers de la production. Une production qui atteint les 6 millions de mégatonnes annuellement. Cette abondance de l'offre conjuguée au faible coût fait donner des migraines aux riziculteurs marocains depuis le début des négociations sur l'accord du libre-échange. Le tableau qu'ils dressent à cet égard est particulièrement sombre. Le riz égyptien sera responsable, selon le syndicat, de l'abandon de quelques 13.300 ha de culture potentielle, ainsi que des 35.000 ha en projet ! Les conséquences sociales et économiques ne seront pas moins dramatiques. Ainsi, toujours selon le syndicat, le riz égyptien sera responsable d'une famine généralisée de plusieurs milliers d'agriculteurs, puisqu'il n'existe pas de culture de substitution sur les sols hydromorphes (Merja). Il sera, en outre, la cause de la mise au chômage des milliers d'ouvriers travaillant pour le compte des rizicultures, tout au long du cycle d'exploitation qui s'étale sur six mois. Ce qui aboutira inévitablement à l'arrêt des services liés à la riziculture : tracteurs, moisson, transport vers les rizière. Résultat : baisse des recettes de la facturation d'eau d'irrigation pour l'ORMVAG. Mais surtout, l'arrêt des sociétés de transformation de riz dans le Gharb et dans le Loukous. Ces entités emploient des centaines d'ouvriers permanents et des milliers d'ouvriers occasionnels, notamment pendant la période de séchage du riz qui dure quatre mois. Parallèlement à cette catastrophe sociale annoncée, le syndicat met en garde contre l'abandon de l'autosuffisance alimentaire en riz malgré des disponibilités d'eau plus qu'excédentaires. Ils dénoncent la non-utilisation d'un savoir faire agricole et industriel de haut niveau. Le Maroc dépourvu alors de riziculture, se retrouvera structurellement importateur de riz. Dans l'immédiat, les riziculteurs marocains veulent exclure le riz de l'accord de libre-échange quadrilatéral. Avant d'entamer sans tarder un dialogue avec les pouvoirs publics pour la mise à niveau du secteur. Avant qu'il ne soit trop tard.