De 2008 à 2014, la superficie totale des espaces verts a progressé de 17%, mais elle reste très en deçà de la moyenne mondiale. La ville est incapable de trouver des terrains pour créer de nouveaux parcs. Les Casablancais ont du mal à respirer. La métropole devient année après année la ville en béton par excellence. La preuve, le ratio d'espaces verts au niveau de l'ensemble des préfectures de la ville n'est que de 0,35 m2/habitant, soit 41 fois moins que la norme internationale fixée à 15 m² par habitant. La situation est plus grave dans des communes comme Mers Sultan et Hay Mohammadi. En revanche, les habitants des quartiers huppés de Californie et d'Anfa supérieure sont très bien lotis avec une moyenne d'espaces verts publics de 6m2 par habitant. Le foncier réservé aux espaces verts dans la capitale économique a certes progressé de 17% de 2008 à 2014, passant de 350 ha à 410 ha. Mais cela reste insuffisant si l'on tient compte de l'urbanisation rapide dans la ville. Le ficus représente 60% des arbres plantés Abdelghani Sadiki, chef de division des espaces verts et pépinières, explique que la ville est incapable de développer les espaces dédiés aux jardins et cela pour deux raisons principales : «D'abord, les nouveaux plans d'aménagement urbain ne prévoient pas assez d'espaces verts. A cela s'ajoute la cherté du foncier qui ne permet pas à la ville d'acheter de nouveaux terrains et de les transformer en espaces verts». Pour palier ce déficit, le Conseil de la ville de Casablanca a décidé donc de mettre en place une politique alternative. Le plan d'action porte, entre autres, sur le renouvellement et le réaménagement des anciens parcs, mais également sur la plantation des espaces verts d'accompagnement des boulevards et carrefours. Concernant le premier volet, la ville a donc procédé à la réhabilitation d'une dizaine de parcs, à savoir Isisco (ex-Murdoch), l'Hermitage, Alesco à Sidi Othmane, Capital islamique à Aïn-Chock, Chabab à Ben-M'Sick, Palestine à Belvédère et le jardin d'accès à Aïn-Sebaa. Les travaux de réhabilitation de ces parcs ont nécessité un budget conséquent. Par exemple, les parcs Palestine et Chabab ont été aménagés avec des enveloppes respectivement de 6,12 MDH et 10 MDH. S'agissant du projet des espaces verts d'accompagnement des boulevards et carrefours, la ville a consacré en 2014 (dans le cadre du plan d'actions prioritaire) un budget de 28 MDH pour son accélération. Ce programme s'est traduit par la plantation de 800 palmiers et 4 800 arbres. Ils sont près de 40 quartiers et boulevards relevant de 7 préfectures à avoir bénéficié de ce programme (Bernoussi-Sidi Moumen, Fida-Mers Sultan, Aïn-Sebaa, Ben-M'Sick-Sbata, Hay Hassani, Aïn-Chok et Anfa). Grâce à ce projet, Casablanca compte aujourd'hui un total de 46 400 plantations dont 30100 palmiers et 16 300 arbres. Les espaces verts publics de la métropole sont composés de plusieurs variétés de plantes. «Le choix de ces dernières se fait en fonction du prix et de l'abondance, du coût d'entretien, mais surtout en tenant compte du degré de résistance de la plante à la pollution et aux ambres marines», explique le chef de division des espaces verts et pépinières. Et d'ajouter : «Dans certains boulevards où il y avait déjà eu des projets de plantation, nous nous retrouvons obligés de chercher la même variété de plante afin d'assurer la continuité». Sur ce volet, il est à noter que le «ficus» est la plante qui a la cote à Casablanca. Elle représente en effet plus de 60% des arbres plantés. Les fruitiers, quant à eux, sont le parent pauvre des projets de plantation. Et pour cause, «outre leur prix élevé, ces plantes demandent un budget d'entretien important et des conduites techniques complexes. Cela sans oublier les massacres qu'elles subissent à cause des citoyens qui veulent cueillir les fruits», commente le responsable. 46 400 arbres, dont 30 100 palmiers, recensés dans les espaces publics Les palmiers gagnent donc de plus en plus de place sur les boulevards de la ville. Ils représentent aujourd'hui près de 65% des plantes (30100 palmiers sur un total de 46400 plantations). Cet intérêt porté à cette espèce, notamment le Washingtonia (un palmier à la fois très grand, résistant au froid et de culture très facile), s'explique d'abord par son abondance sur le marché national. A cela s'ajoute son prix très bas (600 DH), mais surtout sa résistance au climat et à l'incivilité. En effet, cet arbre occupe une petite place et il est difficile de le déformer, contrairement aux arbres. A ce propos, M. Sadiki déclare que «les espaces verts d'accompagnement subissent tous les jours des opérations de déformation de la part, entre autres, des commerçants qui ne veulent pas que les arbres cachent leurs enseignes». Pour multiplier le nombre de plantations par an, la Division des espaces verts et pépinières a mis en place une nouvelle politique d'approvisionnement afin d'optimiser son budget d'achat des plantes. Chaque année, les deux pépinières de la ville situées au boulevard l'Hermitage et dans la Commune de Benyekhlef à Mohammédia font pousser plus de 20 000 plantes, toutes variétés confondues. «Nous achetons des plantes de différents âges et nous les faisons pousser dans les pépinières. Cette technique nous permet de réaliser jusqu'à 90% d'économie sur le prix d'achat des plantes», développe le chef de division. Et d'ajouter : «En guise d'exemple, une plante qui coûte 500 DH à l'âge de 2 ans, nous l'achetons à 35 DH à l'âge de 3 mois». En revanche, en cas de besoin urgent ou d'écart entre les plantes disponibles en pépinières et la demande, la division achète des arbres prêts à planter. Ce mode de gestion peut montrer que la ville cherche à optimiser le budget de plantation. En revanche, peu d'effort est fait sur le plan de la récupération des plantes taillées ou mourantes. Mis à part l'eucalyptus, le reste des variétés plantées à Casablanca ne sont pas valorisables.