Le niveau élevé de la distribution de dividendes explique en partie le redressement du marché. La reprise a été favorisée par Maroc Telecom, Attijariwafa bank et BMCE Bank. Le marché scrute toujours l'opération de cession des parts de Vivendi dans Maroc Telecom. La Bourse de Casablanca semble reprendre des couleurs. Depuis le 11 mars, date à laquelle l'indice général du marché affichait une baisse de 6,5% par rapport à fin 2012, la tendance est à la hausse et le Masi a ramené sa contre-performance à 2%, soit un gain de plus de 4 points en un peu plus d'un mois. Cela dit, les volumes ne suivent pas. Au 11 mars, le volume moyen quotidien sur le marché central s'élevait à 97 MDH alors qu'il s'est établi à 74 MDH depuis. S'agirait-il alors d'un réel renversement de tendance ou d'un simple rebond technique ? En fait, les analystes assurent que les raisons derrière ce léger redressement n'ont pas de bases fondamentales. «Il n'y a aucune explication économique à cette correction du marché. D'abord, la masse bénéficiaire globale des sociétés cotées a enregistré une baisse plus importante que prévu. Ensuite, certaines sociétés ont dégagé des bénéfices qui ont largement déçu les analystes, à l'instar de la Samir et de Sonasid. Cela a eu pour conséquence d'ébranler la confiance des investisseurs potentiels et de sombrer le marché dans une phase d'attentisme encore plus accentuée que la précédente», explique un analyste d'une société de Bourse. Ainsi, d'autres éléments expliquent la tendance actuelle du marché. D'abord, il y a le niveau élevé des dividendes que vont distribuer les sociétés cotées. «Malgré la baisse des résultats, les dividendes qui vont être distribués demeurent attractifs avec, en prime, une rémunération exceptionnelle offerte par certaines sociétés», tient à expliquer un autre analyste. Il n'y a qu'à voir le rendement de dividende moyen du marché (rapport entre le cours de l'action et son dividende unitaire) qui se situe à 4,4% pour conclure que la rétribution des actionnaires reste à un niveau élevé. Par conséquent, les investisseurs présents sur le marché se sont positionnés sur les valeurs à haut rendement, ce qui a orienté ces mêmes valeurs à la hausse, mais sans grande profondeur. Ensuite, si le marché semble se redresser depuis quelques semaines, ce n'est pas le cas pour toutes les valeurs de la cote. Ce sont trois titres phares qui contribuent à cette reprise. Il s'agit de Maroc Telecom, Attijariwafa bank et BMCE Bank. D'ailleurs, explique le directeur d'un département analyse et recherche : «Le marché est orienté à la hausse dans la perspective de la cession des parts de Vivendi dans Maroc Telecom». En effet, le marché est en train d'adopter la même attitude que lors de l'annonce de la fusion d'ONA et SNI. S'attendant à ce que le prix de rachat par l'acquéreur soit supérieur au cours actuel, les investisseurs ne manquent pas de se placer sur la valeur. De même, l'opération de cession devrait permettre de libérer du cash, ce qui pousserait les boursicoteurs à se placer sur d'autres valeurs. D'un autre côté, «les valeurs bancaires, Attijariwafa bank et BMCE Bank principalement, contribuent à près de 50% dans l'évolution de l'indice», précise notre source. Après avoir atteint une contre-performance annuelle de 4,2% en date du 11 mars, la première banque a renversé la tendance et s'est inscrite sur une courbe haussière pour situer sa variation depuis le début de l'année à 10,2% un mois après. Pour expliquer cela, les analystes évoquent un intérêt particulier de la part d'un investisseur institutionnel étranger à qui il sera cédé entre 15 et 20% du capital. Cette éventuelle cession s'inscrirait dans le cadre de la stratégie de la SNI de se défaire de ses filiales matures. Cependant, les professionnels de la place ont du mal à expliquer les mouvements opérés sur le titre BMCE, qui affiche une hausse de son cours de 18,8% alors qu'il avait accusé des pertes atteignant près de 13% en date du 6 mars. «Aucune information importante et aucun fait majeur n'est apparent sur la valeur. Pourtant, elle enregistre la meilleure performance du secteur bancaire. Cela ne peut être redevable qu'à un mouvement de soutien du cours boursier puisqu'il a atteint un niveau très bas : jusqu'à 139 DH», conclut ce professionnel du marché. Maintenant que le marché a ramené sa baisse à 2% au lieu de 6,5%, que prévoient les analystes quant à l'évolution du marché sur le reste de l'année ? Les avis restent partagés à ce niveau. Si certains prétendent qu'il s'agit d'un simple rebond technique qui finira par s'estomper et fera replonger le marché dans un trend baissier, d'autres, plus optimistes, considèrent cela comme étant un signal qui devrait pousser les investisseurs à réorienter leurs placements sur le marché actions, ce qui tirerait les cours davantage à la hausse. D'ailleurs, bon nombre d'entre eux ont prévu une rupture avec le cycle baissier au deuxième semestre de cette année. En tout cas, le prix de l'opération de cession de Maroc Telecom à un opérateur étranger reste un facteur déterminant dans le dynamisme du marché pour cette année. Les investisseurs espèrent réaliser une plus-value de cession intéressante qu'ils pourraient diriger vers d'autres valeurs à fort potentiel, notamment les autres grosses capitalisations. En attendant, le problème de la liquidité de la place reste entier…