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Maroc Telecom : La cession reportée, l'incertitude regagne le marché
Publié dans Finances news le 09 - 05 - 2013

La cession des parts de Vivendi dans Maroc Telecom devait provoquer le déclic tant attendu pour relancer le marché boursier. La suspension de l'opération a été vécu comme une douche froide pendant les deux séances qui ont suivi le Conseil d'administration de Vivendi. Les opérateurs devront remettre leurs espoirs de relance à plus tard. Pour l'instant, c'est le retour à la normale.
Et si Vivendi avait définitivement jeté l'éponge ? En effet, le secteur des télécoms dans le monde est en pleine maturité car, hormis quelques rescapés qui innovent tout en maintenant des prix extrêmement bas, l'ensemble des acteurs mondiaux vivent une stagnation, voire une baisse de leur croissance. D'un autre côté, la pression des actionnaires de Vivendi se fait toujours ressentir sur le cours. Ce dernier plafonne encore sur les niveaux de septembre 2011, alors que la Bourse de Paris est bien au-dessus de son niveau à la même date. Alors pourquoi la cession n'a-t-elle pas été concrétisée, surtout que les prétendants ont visiblement tout fait pour séduire le management ?
Officiellement, Vivendi souhaite prendre le temps de réfléchir et évaluer les offres. Mais son comportement montre que le management n'est pas satisfait de la valorisation faite par les prétendants ou que le second actionnaire, l'Etat marocain en l'occurrence, bloque discrètement le deal car il ne répond pas à ses besoins stratégiques. En tout cas, Vivendi n'a pas réagi dans l'urgence alors que sa communication d'avant l'Assemblée générale laissait penser le contraire.
Le marché n'y croyait pas
Au-delà de ce que pouvait apporter ce deal à la situation de l'opérateur télécom, la Bourse de Casablanca voyait dans cette opération une issue de secours inattendue pour relancer le marché. Pour rappel, en 2010, lorsque le groupe SNI a annoncé sa fusion-absorption avec le groupe ONA, en pleine séance boursière, le marché était monté en flèche. Cette réaction mécanique est principalement due à l'anticipation par les investisseurs d'une réallocation du cash investi dans ses valeurs vers les autres actions du marché. L'histoire nous enseigne qu'après chaque OPA, une grande partie du cash est réallouée, mais les effets de cette réallocation sont en fonction de la taille de l'OPA. Ainsi, le retrait du groupe SNI a permis, en grande partie, à la Bourse de Casablanca de vivre une année 2010 haussière et peut-être que sans le «Printemps arabe», le premier semestre de 2011 allait également s'inscrire dans cette tendance. Tout cela grâce au retrait de deux mastodontes de la Bourse et à des résultats relativement bons.
Ce qui allait se passer avec Maroc Telecom était similaire à ce qui s'est passé lors du retrait du groupe SNI. En effet, l'opérateur télécom constitue la plus grande capitalisation de la place et une OPA de la part de l'acheteur aurait provoqué une grande hausse du marché. «La réallocation aurait profité à de grandes capitalisations comme Addoha et Attijariwafa bank. Surtout que la première est actuellement sous-pondérée chez les OPCVM». C'est ce discours qui était relayé chez les courtiers de la place, début avril. Si le retrait de SNI a été soigneusement gardé secret en 2010, ce n'était pas le cas cette fois pour Maroc Telecom car, depuis le début de l'année et l'annonce des résultats de la société, Vivendi a déclaré que la cession devait s'opérer fin avril. Or, les investisseurs n'ont pas anticipé la réallocation de cash. Les valeurs qui étaient susceptibles d'en profiter, continuaient de baisser jusqu'au jour de l'Assemblée générale de Vivendi. Encore une fois, le sacro-saint «marché» aura bien anticipé les évènements. Même la concernée, Maroc Telecom, n'a pas réalisé de hausse fulgurante durant la période, alors que c'est monnaie courante pour les actions susceptibles de faire objet d'OPA. Là aussi, le marché ne semblait pas y croire.
La douche froide
Paradoxalement cette opération a gardé la Bourse sur pied tout au long du mois d'avril. Des prises de bénéfices légères s'opéraient mais globalement, la Bourse grimpait. Dans ce genre de situation, la frustration d'être hors marché, si un deal se concrétise est grande. Les opérateurs gardaient donc leurs positions ouvertes sans pour autant constituer de nouvelles lignes. Mais lorsque Vivendi a annoncé le report de sa décision à la rentrée prochaine, le marché a dévissé pour perdre jusqu'à 1% le 30 avril. Or, il faut revenir à début février pour trouver une baisse similaire.


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