25 actions ont évolué positivement entre juin 2008 et juin 2012, les 52 autres ont toutes baissé. Les valeurs minières arrivent en tête avec des performances allant jusqu'à 365%. L'agroalimentaire n'est pas en reste. Addoha, CGI, BMCE Bank et CIH n'ont pas été épargnées par la crise. Après un long cycle de hausse qui aura duré plus de cinq ans (de 2003 à début 2008) et qui a fait gagner au marché boursier plus de 350%, la place casablancaise a entamé un cycle de baisse à partir du second semestre 2008, avec comme élément déclencheur la crise financière internationale. A fin juin de cette année, soit quatre ans plus tard, le marché essuie toujours des pertes. Hormis l'année 2010 où le Masi avait enregistré une performance exceptionnelle de 21,17%, en raison des flux générés par le retrait des holdings Ona et Sni de la cote -opération qui avait permis aux investisseurs de disposer de liquidités abondantes qu'ils ont réinvesties sur le marché, la tendance est en effet restée profondément baissière. En quatre ans, le Masi, indice général de la place, a lourdement chuté avec un recul de 29%. Cela dit, tout le monde n'a pas fait les frais de cette décrue. Les actions de 25 sociétés cotées ont pu réaliser des performances honorables, allant même jusqu'à des niveaux exceptionnels : 360% ! Les 52 autres sociétés (y compris celles récemment introduites en Bourse) ont toutes vu leur cours dégringoler : jusqu'à 88% de baisse. Au vu des évolutions des différents titres de la cote, on peut constater que les investisseurs ont adopté une stratégie de placement différente de celle des années d'euphorie. En effet, l'investissement dans les valeurs à fort potentiel de croissance a laissé place au placement dans les valeurs de rendement. Ainsi, les boursicoteurs ont réorienté leur épargne vers les valeurs défensives à l'instar de l'agroalimentaire et des «utilities» (service public, pharmaceutique), délaissant les valeurs vedettes du cycle haussier telles les bancaires et les immobilières qui avaient connu un boom depuis le début des années 2000. A côté des valeurs défensives, celles du secteur minier ont également bien évolué, mais cette fois-ci en rapport avec leurs fondamentaux, la progression de leur activité justifiait largement le placement. Sur la période allant de juin 2008 à juin 2012, le secteur minier a effectivement affiché les plus fortes progressions avec 365% pour SMI, 247,5% pour Managem et 95% pour CMT. Ces trois valeurs ont largement profité de la flambée des cours des matières premières à l'international, notamment l'argent et le plomb, pour doper leurs bénéfices. A titre d'exemple, après avoir connu plusieurs années déficitaires, Managem a renoué avec la croissance à partir de 2009 et a même commencé à rémunérer ses actionnaires. Le rendement de dividende de la société s'est fixé en 2011 à 0,9% pour un PER en baisse à 39,7. SMI, sa filiale, a enregistré une progression moyenne de son résultat net, entre 2008 et 2011, de plus de 200% et CMT de plus de 62%. Ces performances n'ont pas manqué d'attirer les investisseurs en Bourse, d'autant plus que les indicateurs boursiers des deux valeurs se sont nettement améliorés : un PER de 15,3 et 7,4 respectivement et un dividend yield de 5,6% et 3,1%. Le secteur agroalimentaire a également bien évolué durant la crise. Sur les neuf valeurs qui le représentent à la cote, six d'entre elles ont enregistré des hausses appréciables, à l'instar de Centrale Laitière dont le cours a augmenté de 101%, Cosumar (+57%) et Lesieur (+35%). Plusieurs éléments expliquent ces performances. D'abord, le secteur agroalimentaire est par nature «défensif» dans le sens où la consommation des produits alimentaires demeure stable même en période de crise. L'intérêt des investisseurs pour ces valeurs, dites aussi de rendement, se manifeste également au regard des dividendes distribués. A titre d'exemple, le taux de rendement de Cosumar s'est situé à 6% et celui de Centrale Laitière à 4%. Parallèlement, hormis la nature défensive du secteur, il faut dire qu'il a profité de la décision du désengagement de Sni de ses filiales Lesieur, Centrale Laitière et Cosumar, décision qui n'a pas manqué de créer un rush des investisseurs en vue de profiter d'une éventuelle décote lors de l'élargissement du flottant. N'oublions pas en outre que la rareté des actions de Centrale Laitière sur le marché, en raison de son faible flottant, augmente automatiquement la demande sur le titre. Les secteurs pharmaceutique et des services ont aussi réalisé de bonnes performances, allant jusqu'à 80,6% pour Sothema. Lydec (+9%) a réussi à redresser sa situation financière avec des bénéfices en progression moyenne de 1,2% sur les quatre dernières années. La distribution de dividendes en hausse (7,2% de taux de rendement en 2011 contre 5,6% en 2008) est aussi à l'origine du maintien du cours de la valeur. Maroc Telecom : 41% de baisse en 4 ans Pour ce qui est des valeurs bancaires, leurs cours n'ont pas tous suivi la même tendance. La BCP se démarque du lot avec une performance qui atteint 60,4%. Il faut dire que la banque a suscité l'engouement des investisseurs en raison de plusieurs éléments : la fusion de la BCP avec la BP de Casablanca qui a été effectuée dans des conditions favorables, et les différentes augmentations de capital réalisées à côté de l'entrée récente du groupe français BPCE dans son tour de table. Sans parler de la bonne tenue des fondamentaux de la banque qui a encouragé les investisseurs à maintenir leurs position. Hormis cette valeur ainsi qu'Attijariwafa bank qui a enregistré une petite hausse de 2% sur la période, les titres des autres banques ont tous baissé, avec à leur tête le CIH et BMCE Bank. Leurs cours ont reculé respectivement de 64,7% et 38,5%. Et pour cause, le CIH est toujours considéré par les investisseurs comme étant en phase de relance après avoir mené à bout sa politique d'assainissement de créances douteuses. Pour sa part, BMCE affiche des réalisations financières en stagnation (croissance moyenne de 0,8% entre 2008 et 2011). De plus, la valeur figure parmi les plus chères de la cote avec un PER de 41 et un dividende yield d'à peine de 1%. Pas étonnant aussi, le cas des valeurs immobilières qui ont connu des chutes spectaculaires en 4 ans, à l'instar d'Addoha dont le cours a baissé de 67,5%, la CGI qui affiche -63% et, dans une moindre mesure, Alliances avec -5,7%. Une baisse qui se justifie par la période euphorique qu'elles ont connue après leur introduction en bourse et qui avait porté leurs cours à des niveaux largement supérieurs à leurs valeurs réelles. D'ailleurs, CGI demeure encore aujourd'hui parmi les valeurs les plus chères sur le marché avec un PER avoisinant 35 (contre plus de 100 il y a quatre ans). Même le rendement des dividendes est de loin au-dessous de la moyenne du marché. Alors que cette dernière a été de 4,2% en 2011, le dividend yield de ces valeurs n'a pas dépassé 2,5%. Enfin, le secteur des télécoms n'a pas non plus échappé à la crise. Maroc Telecom qui représente plus de 20% de la capitalisation boursière globale de la place a en effet vu son cours chuter de 41% sur les quatre dernières années. La baisse des réalisations de l'opérateur (un bénéfice net en baisse de 5,1% en moyenne de 2008 à 2011) explique la forte baisse du cours de la valeur. S'ajoute à cela un rendement de dividende en baisse (de 9,5% en 2008 à 8,2% en 2011). Précisons toutefois que près de 10% de cette contre-performance ont été réalisés le mois dernier suite à la révision à la baisse de la pondération du titre Maroc Telecom dans l'indice MSCI (Morgan & Stanley Composite Index) pour les pays émergents de 0,08% à 0,04%, ce qui a entamé la confiance des investisseurs locaux.