Elles se caractérisent par un rendement intéressant et une valorisation correcte par rapport à leurs fondamentaux. Au regard de leurs chiffres, elles ont le potentiel d'évolution le plus intéressant. BCP dans le secteur bancaire, Addoha dans l'immobilier, Maghrebail dans le leasing, CMT dans les mines, Cosumar dans l'agro… Les ratios boursiers des sociétés cotées sont des indicateurs très suivis par la communauté des investisseurs. Leur niveau permet d'appuyer les décisions de placement, qu'elles soient basées sur une analyse économique ou mathématique, de retenir certains secteurs d'activité au lieu d'autres et de choisir entre les valeurs d'un même secteur. Parmi ces ratios, trois sont les plus utilisés : le Price Earning Ratio (PER), ou le cours boursier rapporté au bénéfice par action, le Price to Book (P/B), ou la capitalisation boursière rapportée à la valeur comptable des fonds propres, et le Dividend Yield (D/Y), ou le dividende par action rapporté au cours. Les deux premiers sont des indicateurs de valorisation. Plus ils sont faibles, et plus le placement est intéressant. Le troisième, lui, est un ratio de rendement : plus il est élevé plus l'action est intéressante à l'achat. Après la publication par les sociétés cotées de bénéfices en hausse de 8,8% au titre de 2010, à 30 milliards de DH, et compte tenu de la baisse de 5,5% du marché boursier depuis le début de l'année, les ratios boursiers agrégés de la cote se sont nettement améliorés par rapport aux années précédentes. En effet, selon les calculs du Crédit du Maroc Capital, réalisés le 22 avril courant, le PER 2010 du marché se situe à 17,1 alors qu'il était à plus de 19 en 2009 et supérieur à 20 en 2008. Le P/B s'est également amélioré, la capitalisation boursière ne représentant plus que 2,8 fois les fonds propres agrégés de la cote alors qu'elle représentait près de 4 fois les fonds propres de 2008. Quant au rendement de dividende, il est à 3,5%, en amélioration de 20 points de base par rapport à 2008. La BCP est la moins chère des valeurs bancaires Ces moyennes, que certains analystes qualifient de satisfaisantes, cachent des ratios individuels encore plus intéressants, pratiquement au sein de chaque secteur d'activité, même les plus surévalués. C'est le cas par exemple du secteur bancaire, dont le PER moyen dépasse le seuil de 20 et dont le rendement de dividende se limite à 2%, mais qui contient quand même des valeurs intéressantes, comme la BCP, BMCI et le Crédit du Maroc. La banque au cheval a, de fait, l'action la moins chère du compartiment, comme le traduisent son PER de 14,8 et son multiple de fonds propres de 2, la progression en 2010 de 66% des bénéfices du groupe, suite à la fusion avec la Banque Populaire Régionale de Casablanca, ayant largement compensé l'envolée du cours de la valeur en 2010. BMCI, dont le cours boursier évolue historiquement à un rythme modéré, affiche un PER de 16,2 et un P/B de 2,1 étant donné l'évolution récurrente de ses bénéfices et les multiples opérations d'augmentation du capital réalisées par la banque pour renforcer ses fonds propres. Quant au Crédit du Maroc, même si son PER est supérieur à 20, alors que celui d'Attijariwafa bank, par exemple, est de 18 seulement, il affiche le rendement de dividende le plus élevé du secteur, à 3,5%. En fait, les indicateurs boursiers du secteur bancaire sont tirés à la hausse essentiellement par le niveau de valorisation de BMCE Bank et du CIH, dont l'évolution des bénéfices ne suit pas au même rythme celle des cours. Addoha : 2% de rendement de dividende Même situation pour le secteur de l'immobilier. Ce compartiment, dont le PER 2010 est à près de 26, le P/B à près de 5 et le D/Y à 1,6%, est historiquement cher depuis 2006, année d'introduction du promoteur immobilier, Addoha. Pourtant, ce dernier s'est distingué cette année grâce à des bénéfices en quasi doublement au titre de 2010, ce qui lui a permis de ramener son PER à 18,7 et porter son rendement de dividende à 2%, soit respectivement le niveau le plus bas et le plus élevé du secteur. La valeur a ainsi creusé l'écart avec la CGI, dont le PER est de plus de 60, et Alliances, qui affiche un rendement de 1,2% seulement. Dans le secteur des mines, qui traite à 20 fois ses bénéfices 2010, c'est la Compagnie minière de Touissit (CMT) qui se distingue avec des ratios boursiers des plus intéressants de la cote. Contrairement au géant du secteur Managem, CMT a su profiter pleinement de la hausse des cours des métaux depuis 2008, ce qui lui a permis d'augmenter sensiblement ses résultats. Ainsi, malgré l'envolée de son cours boursier en 2010, la valeur affiche toujours un PER à peine supérieur à 10 et un rendement de dividende de 5,5%, soit 2 points de plus par rapport à la moyenne du marché. La Société métallurgique d'Imiter, filiale de Managem, est en seconde position, avec un PER de 20 et un rendement intéressant de 3,6%. Les secteurs chers ou évoluant dans une conjoncture difficile sont encore nombreux. Les sociétés de financement, notamment, ont pâti en 2010 du ralentissement de leur activité et de la montée du risque d'impayés, ce qui a globalement dégradé leurs ratios boursiers. Néanmoins, certaines valeurs du secteur, comme Maghrebail et Eqdom, gardent des multiples intéressants compte tenu du maintien de leur activité et de leurs efforts de maîtrise des risques. La société de leasing traite en effet à 9 fois seulement ses bénéfices 2010 et son rendement se situe à 7%. La filiale crédit conso de la Société Générale affiche, elle, un PER de 11,4 et un D/Y de 3,6%. Le secteur des matériaux de construction a également vu ses bénéfices reculer en 2010, sous l'effet du tassement de la consommation de ciment et d'un marché de l'acier en surcapacité. Toutefois, quelques valeurs ont tenu bon, notamment Aluminium du Maroc, dont le PER est inférieur à 12 et le rendement supérieur à 7%, et Holcim qui traite à 15,5 fois ses bénéfices 2010 et qui affiche un D/Y de 5,4%. L'agroalimentaire, enfin, qui a pâti de l'envolée des cours des matières premières agricoles, principalement les huiles brutes et la poudre de lait, contient malgré tout des valeurs comme Cosumar, dont le PER se situe à 14,2 et le rendement de dividende à 4,4%, et Dari Couspate qui traite à 12 fois ses bénéfices de 2010 (le dividende n'est pas encore connu). Hormis ces secteurs, il en existe d'autres dont quasiment toutes les valeurs les composant affichent des ratios boursiers intéressants. C'est le cas par exemple du secteur de la chimie, dont le PER est à 12,7 et le D/Y à 4,8%. Les quatre valeurs qui composent ce compartiment ont des indicateurs corrects, avec des PER variant de 11,5 (SCE) à 13,3 (Snep) et des rendements allant de 3,6% (Snep) à 6,4% (Maghreb Oxygène). Les sociétés informatiques sont également bien positionnées, avec un PER moyen de 14,2 et un D/Y de 4,2%. Microdata est la championne du secteur, la valeur traitant à 10 fois seulement ses bénéfices 2010 et affichant un rendement à 9%, soit le niveau le plus élevé du secteur. Disway et IB Maroc ne sont pas en reste, avec des PER respectifs de 11,9 et 17,5 et des D/Y de 4,6% et 5%. Enfin, Maroc Telecom et Lydec, seuls représentants de leurs secteurs, ont tout pour plaire aux investisseurs sur le plan boursier, avec un PER de 14,4 et un D/Y de 6,8% pour le premier, et un PER de 10,5 et un rendement de 6,7% pour le second.