Avec un PER 2007 de près de 25, la Bourse de Casablanca reste toujours l'une des plus chères des places arabes. L'immobilier, les banques et les cimenteries sont les secteurs qui tirent le plus la valorisation du marché vers le haut. La CGI traite à 156 fois ses bénéfices, Addoha à 87, BMCE Bank à 39 et Lafarge Ciments à 26,5. Les analystes financiers viennent de confirmer leurs ratios boursiers pour l'année 2007 après la publication des résultats annuels des sociétés cotées. Le premier indicateur qui interpelle est le PER (Price earning ratio) qui est le rapport entre le cours boursier d'une valeur et son bénéfice par action, qui renseigne sur son degré de cherté. Ce ratio est resté élevé pour l'ensemble du marché malgré la croissance des résultats des sociétés de la cote (+38% en 2007). Il est en effet de 24,7 fois les bénéfices au 14 avril, soit l'un des niveaux les plus élevés des Bourses arabes. «La place de Casablanca reste surévaluée par rapport aux autres marchés émergents, même si elle l'est moins par rapport à 2006, en raison de la surliquidité du marché financier, du nombre encore faible des sociétés cotées et de la concentration de la demande des investisseurs sur les grosses capitalisations», confie un analyste financier. Derrière ce niveau de PER, pour le moins faramineux, on trouve des valeurs plus surévaluées que d'autres. Et vu leur poids dans la capitalisation boursière, elles ont un impact significatif sur la valorisation globale du marché. Le premier secteur qui contribue à la cherté de la Bourse de Casa est celui de l'immobilier. Ce compartiment, qui pèse 15,4% de la capitalisation du marché, traite en effet à plus de 115 fois ses bénéfices de 2007 avec un PER de 156 pour la CGI et de 87 pour Addoha. Ces niveaux élevés de valorisation trouvent leur origine dans la forte progression des cours de ces deux valeurs depuis leur introduction en Bourse, avec +152% pour la filiale de la CDG et +650% pour le groupe d'Anas Sefrioui. Si quelques professionnels estiment que ces PER sont exagérés, d'autres les trouvent justifiés étant donné la nature de l'activité de ces deux sociétés. Ils précisent par ailleurs qu'il y aura un retour à l'équilibre à partir de 2009 avec la forte progression escomptée des bénéfices. Ce secteur est suivi par celui des banques, dont le poids dans la capitalisation est de près de 24%. Son PER est de 27,5 fois les bénéfices, avec 39 pour BMCE Bank, 26 pour Attijariwafa bank et 22 pour la BCP. Malgré une forte croissance des bénéfices de ce compartiment en 2007, (+34% à 6,8 milliards de DH), sa valorisation demeure élevée en raison de la progression des cours des principales banques avec une performance de +125% pour BMCE Bank au titre de l'année 2007, +34% pour Attijariwafa bank et +23% pour la BCP. Ces évolutions des cours sont expliquées par l'intérêt que portent les investisseurs au secteur bancaire en raison de sa solidité et de ses perspectives de croissance. En troisième place figure le compartiment des cimenteries qui pèse plus de 10% de la capitalisation boursière. Il affiche au 14 avril un PER 2007 de 25,4 avec 26,5 pour Lafarge Ciments et 25,5 pour Ciments du Maroc. Bénéficiant du même engouement des investisseurs que les secteurs bancaire et immobilier, ces valeurs ont enregistré une forte progression de leurs cours boursiers depuis début 2007, avec des variations qui vont jusqu'à +112% pour Lafarge. Outre ces valeurs, dont le poids sur le marché est significatif, d'autres affichent des niveaux de PER pour le moins inquiétants. Tel est le cas par exemple d'Oulmès qui traite à 93 fois ses bénéfices, Balima avec un PER de 88, Risma avec 50, Zellidja avec 45 et Taslif avec 30. Par contre, plusieurs autres titres présentent des multiples de bénéfices intéressants, d'autant plus que leurs résultats au titre de 2007 et leurs perspectives de croissance sont plus qu'encourageants. Il s'agit notamment d'Atlanta dont le PER est inférieur au niveau record de 3, du CIH qui traite à seulement 9,7 fois ses bénéfices, de Distrisoft dont le multiple de résultat est de 13 ainsi que d'Auto Hall qui reste à un niveau de PER de 17,6.