Chère, mais très rentable! C'est ainsi que l'on pourrait décrire la Bourse de Casablanca au vu des ratios qu'elle présente. En effet, nous le rapportions dans notre édition du 9 septembre : Avec un rendement compris entre 4,1% et 6,8%, un récent rapport de la banque d'affaires américaine JP Morgan classe la place casablancaise parmi les plus rentables au monde. En revanche, Casablanca est également une Bourse réputée, au niveau régional, comme étant chère. Selon les estimations des analystes locaux, le Masi traite aux alentours de 20 fois les bénéfices escomptés en 2010, ce qui est pour pénaliser fortement l'attrait du Maroc auprès des investisseurs étrangers. Quels sont, donc, les élèments qui permettent d'étayer ce jugement ? Des PER qui explosent Ce qualificatif de place «chère», la Bourse de Casablanca le doit, effectivement, à cinq valeurs des 73 cotées. Dans ce top five figurent deux valeurs bancaires BMCE et CIH, une immobilière, la CGI en plus de l'assureur Atlanta et du promoteur touristique Risma. Dans le lot, c'est Risma qui occupe la tête de peloton. Avec un PER estimé, selon le consensus des Brokers calculé par Capital Trust, à 94 fois les bénéfices attendus en 2010, la valeur est estimée comme étant la plus chère du marché. Aux yeux des analystes, cette situation ne saurait peser lourd étant donné qu'elle n'est que «passagère». «Le promoteur hôtelier dispose d'un business modèle assez particulier où le retour sur investissements ne se concrétise qu'au bout de plusieurs années d'activités», nous confie-t-on au sein du marché. D'ailleurs, le management de la filiale du groupe Accor prévoit le doublement de son chiffre d'affaires dans les quatre années à venir, ce qui devrait lui permettre de dégager assez de bénéfices pour faire baisser son niveau de valorisation. En attendant, et après la forte hausse du cours relevée au mois d'avril dernier, suite à l'annonce d'une augmentation de capital, le cours de la valeur subit actuellement une correction qui a fait passer sa performance pour 2010 de 53% en mai dernier à 15% au début du mois de ce mois de septembre. Grand impact des grosses capi Ceci dit, l'impact de la valorisation de Risma sur celle du marché reste peu significatif, comparé aux autres valeurs précitées. Ces dernières influent plus fortement sur le PER du marché en raison de leur poids dans la capitalisation boursière de la place. C'est notamment, le cas de CGI et BMCE. Pour le promoteur immobilier, la situation est comparable à celle de Risma. La filiale de la CDG est, en effet, engagée sur de grands projets immobiliers qui ont nécessité une mobilisation importante de fonds mais dont la commercialisation a à peine commencé. En revanche, la différence avec le cas Risma réside essentiellement dans le fait que le promoteur dispose, selon les estimations établies en début d'année, d'un chiffre d'affaires sécurisé de 5MMDH. Dans ce contexte, la capacité bénéficiaire de la compagnie est appelée à croître au fur et à mesure que la commercialisation de ses différents projets avance. Il faut également noter que CGI dispose d'une réserve foncière de 3.700 ha permettant de sécuriser 10 ans d'activité. De son côté, la valeur BMCE s'inscrit dans une toute autre configuration. Les résultats 2009 font ressortir un bénéfice en forte baisse qui a relevé le PER 2009 de la valeur à plus de 90 fois les bénéfices. Toutefois, avec le retour à la normale prévu pour l'exercice en cours, la valeur continue d'afficher une forte valorisation. Cette dernière devrait s'établir à 49 fois les résultats escomptés au titre de 2010. Ce qui amène à déduire que c'est plus l'évolution du cours de la valeur qui plombe son PER. Pour s'en assurer, il faudrait remonter à 2007, avant le Split de la valeur, pour constater que l'année a été particulière exceptionnelle pour le cours en Bourse de la banque bleue. En marge de la libération des titres détenus par les salariés, et la réalisation de performances exceptionnelles au premier semestre (doublement de la capacité bénéficiaire au premier semestre), la BMCE était devenue la star de la place et les investisseurs se l'arrachaient. Depuis, le cours s'est nettement corrigé, mais pas suffisamment pour ramener la valorisation du titre à un niveau raisonnable. Plusieurs analystes estiment que ceci est le fruit des programmes de rachat particulièrement actifs lancés par la banque. Quid de CIH et Atlanta ? Par ailleurs, l'autre valeur bancaire dont le PER contribue à la cherté du marché en sa globalité, à savoir le CIH, paie le prix des difficultés qu'elle a subis ces dernières années et qui l'ont empêchée de réaliser des bénéfices à même de couvrir rapidement le prix de l'action. Avec l'avènement d'Ahmed Rahou à la tête de cette entité, le marché s'attend à un nouveau souffle pour la filiale de la CDG. L'amélioration des bénéfices prévus à partir de cette année, devrait rétablir la valorisation du titre. D'ailleurs, selon le consensus des brokers, le PER de la banque devrait être divisé par trois cette année. Enfin, Atlanta qui a réalisé en 2009 des bénéfices en baisse de 71 %, comparativement à 2008, suite notamment à des placements boursiers moins prolifiques, a fait doubler son PER d'une année à l'autre. Les résultats attendus pour 2010 devraient certainement contribuer à le ramener à son niveau habituel, soit aux alentours de 40 fois les bénéfices. Cependant, ce niveau reste particulièrement élevé, ce qui amène les analystes à prévoir une correction à moyen terme si la compagnie ne concrétise pas les différents plans de développement sur lesquels elle est engagée afin d'améliorer ses bénéfices.