La crise que traverse la Bourse de Casablanca depuis plusieurs mois déjà aura au moins servi à réajuster sa valorisation, corrigeant ainsi un des principaux handicaps de la place, sa cherté. Les analystes d'attijari Intermédiation sont catégoriques dans une récente note de recherche: «Nous excluons toute hypothèse de cherté du marché et estimons que celui-ci est correctement valorisé». En raison justement de la baisse de la place, le PER ressort pour l'année en cours à 18,5 fois les bénéfices. Hormis la baisse, la progression des bénéfices du marché de 8,9% a également contribué à cette amélioration du niveau de valorisation qui, jusqu'en 2010, était supérieure à 20 fois les bénéfices. Dans ce contexte, les analystes de la société de Bourse ont estimé le moment opportun pour éclairer les investisseurs sur les opportunités qu'offrent certaines valeurs en terme de rendement. Pour cela, ils ont passé au peigne fin 30 valeurs cotées, soit 92,8% de la cote pour, in fine, en recommander 9 à l'achat et 9 à la conservation. Le ciment, une santé en béton Dans le sillage des valeurs recommandées à l'achat, le secteur du ciment est présent en force, puisque trois sociétés cotées du secteur sont classées dans cette rubrique par Attijari Intermédiation. Les analystes tablent ainsi sur une «reprise significative du secteur du ciment à partir du troisième trimestre de l'année en cours», en raison notamment du démarrage des principaux chantiers au niveau des logements économiques et des grands projets d'infrastructures publics. Ainsi, les cours cibles fixés pour les trois valeurs, à savoir Lafarge Ciments, Ciments du Maroc et Holcim, sont de l'ordre de 2.100 DH, 1.320 DH et 2.700 DH respectivement, offrant ainsi des potentiels de hausse compris entre 20% et 27%. Ces valorisations sont confortées tout d'abord par les bonnes performances réalisées en 2010 par chacune des valeurs, mais surtout par le potentiel de croissance que présentent leurs agrégats financiers à fin 2011, qui s'inscrivent en hausse selon les estimations d'Attijari Intermédiation. Perspectives prometteuses D'autres valeurs de la corbeille montrent également des signes positifs quant à leurs réalisations d'ici fin 2011. C'est notamment le cas d'Alliances Développement Immobilier, Maroc Telecom, Delta Holding et Eqdom. Pour Alliances, les analystes précisent que «les perspectives prometteuses du segment social devront profiter largement à la société qui s'est positionnée récemment sur ce segment. Cette situation lui permettra de conquérir une nouvelle clientèle de masse et, par ricochet, d'accroître ses bénéfices en vendant plus d'unités». Toutefois, l'endettement d'Alliances est aujourd'hui à un niveau inquiétant, croient bon de nuancer les analystes. La situation financière de l'opérateur ne permet guère une forte montée en charge de la production. «Le recours à de nouveaux emprunts risque de mettre en péril le groupe», souligne la note d'Attijari Intermédiation. S'agissant de Maroc Telecom, et en dépit de résultats semestriels en baisse, les prévisions sont plutôt optimistes pour l'avenir de la valeur. En effet, les analystes expliquent cette tendance par la pression concurrentielle, particulièrement de Wana, sur les niveaux de prix qui ont reculé de 7%, mais ils soulignent également que Maroc Telecom devra rétablir ses marges grâce à une forte progression de l'usage, induite justement par cette baisse des tarifs. Ils fixent pour le titre un cours objectif de 160 DH, soit 15,8% de plus par rapport au cours actuel. Ou encore 23% de plus par rapport au prix de cession des 7% des parts de l'Etat dans le capital de l'opérateur et que le marché estime à 130 DH. De son côté, Delta Holding a vu son cours cible inchangé à 110 DH, en raison de la concordance entre les prévisions de la société de Bourse et les réalisations du holding. Pour Eqdom, l'unique valeur retenue parmi les sociétés de crédit cotées, elle trouve sa place dans le top favori d'Attijari Intermédiation en raison de la croissance de son activité qui est supérieure à celle du marché, mais aussi de sa solide assise financière et des niveaux de rendement élevés qu'elle affiche. En agroalimentaire, Cosumar et Brasseries du Maroc Du côté des industrielles, ce sont Cosumar et Brasseries du Maroc qui s'illustrent en présentant un taux de rendement jugé intéressant par la société de bourse. Pour Cosumar, les analystes soulignent les retombées positives du plan Indimage, qui devraient se poursuivre jusqu'à l'horizon 2013. Ce plan devrait permettre au sucrier national d'étendre ses capacités de production et maîtriser ses coûts. A cela s'ajoutent les campagnes agricoles qui s'annoncent favorables et qui permettraient au groupe de réaliser des résultats meilleurs en 2011, d'où son cours objectif de 2.041 DH, offrant un surplus de 8% par rapport à son cours actuel. L'autre valeur agroalimentaire recommandée à l'achat est curieusement, Brasseries du Maroc. Pour valoriser cette action, les analystes se basent sur le fait que son cours devrait s'apprécier suite "à un certain nombre d'actions qui devraient être menées par l'entreprise pour optimiser des moyens de production et de réduire ses charges en vue de limiter l'impact de la baisse des ventes due notamment à la Coïncidence des mois de Chaâbane et Ramadan avec la période estivale qui représentait jusque là un pic des ventes. Ceci, sachant que cette particularité a déjà eu un impact négatif sur les résultats de l'année 2010 grevés en plus par les augmentations des taxes appliquées au secteur et que les résultats de 2011 ne pourraient que suivre la même tangente. A conserver Dans la catégorie valeurs de fond de portefeuille, c'est-dire, à conserver, les analystes d'Attijari Intermédiation sont également au nombre de neuf. Il s'agit de Afriquia Gaz, BMCI, Lydec, Lesieur, BCP, CNIA Saada, Crédit du Maroc, Centrale Laitière et Samir. Le point commun entre tous ces titres est leur niveau de rendement en terme de dividendes distribués, qui atteint jusqu'à 6,4%. «Les investisseurs pourraient donc profiter des opportunités qu'offre le marché en réalisant les arbitrages nécessaires», concluent les analystes pour cette catégorie de valeurs. Cette note de recherche arrive à un moment ou le marché est dans l'expectative et où les investisseurs manquent de visibilité pour opérer les positionnement nécessaire en vue de profiter des opérations annoncées dont notamment la cession des 7% de Maroc Telecom. Cependant, les analystes de la société de bourse ne cachent pas que malgré les atouts que présentent les valeurs à l'achat ou celles à conserver, «le contexte de morosité qui risque de persister pour quelques mois encore», impose un optimisme mesuré. Les out Dans le cadre de ses prévisions, Attijari Intermédiation recommande de vendre Auto Hall, Label'Vie et CIH, car elles «sont surévaluées par rapport à leurs fondamentaux», soulignent les analystes, avant d'ajouter qu'«elles tirent la valorisation du marché à la hausse», mais ne sont pas les seules. En effet, deux autres valeurs, pour lesquelles la société de Bourse formule une opinion neutre, sont jugées «particulièrement surévaluées». Il s'agit notamment de BMCE Bank et de CGI. À l'égard de ces cinq valeurs, Attijari Intermédiation précise «qu'une correction ciblée doit s'effectuer sur ces valeurs pour les ramener vers des niveaux de cours plus raisonnables». Une opinion qu'elle ne partage pas pour Sonasid, valeur vis-à-vis de laquelle les analystes d'Attijari Intermédiation demeurent neutres mais précisent tout de même un cours cible supérieur de 13,6% au cours actuel. Par ailleurs, en ce qui concerne cette dernière, ils prévoient un redressement de sa situation à partir du troisième trimestre de l'année en cours et lui fixent un cours cible de 1.650 DH.