La tendance baissière et le manque d'opportunités de placement limitent l'attractivité du marché actions. Les fonds obligataires de courte maturité et les fonds monétaires sont toujours privilégiés par les gestionnaires. Les finances publiques se dégradent à un rythme soutenu et la conjoncture économique n'est pas des meilleures. Cette situation n'encourage pas les investisseurs à se placer sur les marchés financiers, mais tous les produits ne se valent pas. Car si le faible taux de croissance du PIB prévu pour cette année (moins de 3%) et la baisse des résultats des sociétés cotées font fuir les investisseurs du marché actions, le creusement du déficit budgétaire (plus de 6% prévu en 2012) suite notamment à l'augmentation des charges de compensation, attire de plus en plus les capitaux sur le marché obligataire, étant donné que quand le Trésor emprunte plus pour financer son déficit, les taux empruntent une tendance haussière. De plus, ce contexte global d'incertitude et de dégradation des agrégats macroéconomiques pousse les investisseurs à privilégier les placements financiers sûrs, comme les bons du Trésor et les titres de créances négociables, au détriment des produits risqués comme les actions. Cette configuration prévaut depuis au moins deux ans et les investisseurs qualifiés, notamment les gestionnaires d'OPCVM, ne sont pas près de changer de stratégie de placement. Ce qui veut dire que l'engouement pour les produits de taux devrait se poursuivre, au même titre que l'atonie sur le marché action. En effet, une allocation de l'épargne du public vers le marché actions est toujours écartée par les professionnels. «Nous attendons toujours un retournement de tendance sur le marché boursier, mais nous restons attentifs aux opportunités qui se présentent. Il existe certes des valeurs dont la valorisation et les perspectives sont prometteuses, mais nous ne nous aventurons pas à miser gros en bourse», confie un gestionnaire de la place. Si placement en bourse il y aura, il sera donc très sélectif et concernera les actions liquides, facilement échangeables, qui présentent un poids conséquent au niveau de la capitalisation boursière et un rendement de dividende important. Exemple : Maroc Telecom, Attijariwafa bank, BCP, Addoha… De fait, la majorité des gestionnaires de la place misent sur les produits de taux. Mais là aussi, toutes les maturités ne sont pas forcément intéressantes. En effet, les produits de courte maturité, à savoir les fonds obligataires court terme et les fonds monétaires sont les plus recommandés, en raison de leur rendement plus attrayant et de leur liquidité. Ceci s'explique par le recyclage rapide des titres en portefeuille, et de la concentration des levées du Trésor sur les maturités courtes, ce qui tire les taux courts vers le haut. De plus, le manque de liquidité sur le marché monétaire contribue à cette tension sur les taux courts. La Loi de finances de cette année prévoit un déficit budgétaire de l'ordre de 4,8% du PIB, ce qui correspond à un besoin de financement de 43,5 milliards de DH. Le Trésor a annoncé des levées prévisionnelles d'environ 12,5 milliards de DH au titre de ce mois de janvier, et il a déjà levé sur l'ensemble des maturités avec des taux en hausse. Par exemple, le taux sur la maturité 13 semaines s'est établi à 3,90%, en augmentation de 48 points de base par rapport à une semaine auparavant. Celui de la maturité 2 ans a été de 4,41%, en hausse de 9 points de base et le taux à 15 ans est passé de 5,07% à 5,38%. Compte tenu de cette tendance, «le scénario de stabilité des taux que retenaient les spécialistes en raison de la levée à l'international du Maroc n'est plus d'actualité. L'effet de cette opération s'est estompé plus rapidement que prévu. L'Etat continue d'exprimer des besoins importants en termes de cash, vu ses levées sur le marché domestique, ce qui propulsera les taux à des niveaux plus élevés que ceux de l'année dernière», souligne Bouchaib Horma, gestionnaire obligataire à Marogest. Dans ces conditions, les investisseurs deviennent de plus en plus exigeants en termes de taux. Certes, une hausse des taux est en partie défavorable dans la mesure où les anciens titres émis à des taux plus bas perdent de leur valeur, mais la tendance profite aux titres nouvellement acquis car leur rendement est meilleur. Cela dit, M. Horma précise que «si la réforme de la Caisse de compensation prend forme durant cette année, à travers la décompensation de certains produits alimentaires et l'octroi d'aides financières directes, on pourrait assister à une stabilité voire à une légère baisse des taux». Encore faut-il que les effets de cette réforme, certainement lourde et complexe, se fassent sentir sur le Budget de l'Etat dès cette année. Par ailleurs, un autre gestionnaire de fonds n'exclut pas un deuxième emprunt du Trésor à l'international pour financer ses besoins budgétaires. En attendant, les taux sur l'ensemble des maturités devraient se maintenir en hausse, au moins jusqu'au mois de juin, soutenus par les levées du Trésor et alimentés par des investisseurs en quête de rendement importants.