Les taux ont déjà marqué des augmentations allant de 3 à 8 points de base depuis le début de l'année. La tendance devrait s'accentuer selon les professionnels, suite à un recours plus marqué du Trésor au marché de la dette. Répercussion sur les taux des crédits bancaires si la hausse devient importante. La situation des finances publiques va-t-elle avoir un impact sur le coût du crédit bancaire ? Ce qui est sûr pour le moment, c'est que le recours de plus en plus marqué du Trésor au marché intérieur de la dette n'a pas manqué de porter à la hausse les taux des bons du Trésor, qui consituent la référence pour la fixation des taux des prêts à l'économie (crédits de trésorerie, à l'équipement et prêts au logement à taux variables dont l'indice de référence n'a pas changé). Depuis le début de l'année, et jusqu'au 22 novembre dernier, les bons à 13 semaines et à deux ans ont augmenté de 8 points base (pb). Ceux de maturité 52 semaines et 5 ans ont connu une hausse de taux de 6 pb, et les bons à 10 ans une progression de 3 pb (voir tableau). Jusqu'à maintenant, ces hausses demeurent limitées, ce qui réduit le risque de voir les établissements de crédit les répercuter sur la clientèle. Mais si la tendance se poursuit tout en s'accentuant, en atteignant par exemple 50 pb pour des bons de maturité moyenne, le relèvement des taux bancaires sera une nécessité. On n'en est pas encore là, mais selon les prévisions des intermédiaires en valeurs du Trésor, la hausse des taux obligataires devrait se poursuivre. «Dans un contexte où les besoins de financement du Trésor augmentent traditionnellement à l'approche de la fin de l'année, la tendance haussière devrait se maintenir», estime-t-on auprès de BMCE Capital Markets. Ceci d'autant que les investisseurs institutionnels qui prêtent à l'Etat deviennent de plus en plus exigeants en matière de rendement. Le déficit de liquidité n'est pas sans effet sur les taux obligataires En 2010, hormis les bons du Trésor de maturité longue (10 ans et plus), dont les taux s'étaient mécaniquement redressés suite au retour de l'argentier de l'Etat sur ces lignes de financement après 3 ans d'absence (changement d'indice de référence des crédits immobiliers), les taux des autres maturités étaient restés quasi-stables, marquant une légère hausse de 5 pb maximum, et ce, pour plusieurs raisons : appétit grandissant des investisseurs pour le placement obligataire, situation quasiment à l'équilibre au niveau des liquidités bancaires et émission par le Trésor d'un emprunt d'un milliard d'euros sur le marché international. Des éléments qui ont pour effet l'atténuation du déficit budgétaire (35 milliards de DH) suite à l'envolée de la charge de compensation. Cette année, et jusqu'au mois d'octobre, le Trésor a pu juguler le niveau des taux sur le marché malgré une enveloppe de compensation plus importante qu'en 2010 (45 milliards de DH), et ce, grâce à la constitution d'arriérés de remboursement auprès des opérateurs (pétroliers et minotiers) et à l'encaissement de plus de 5 milliards de DH au titre de la cession de 20% du capital de la BCP. Ainsi, lors des dix premiers mois de l'année, les taux obligataires n'ont que faiblement augmenté. Mais en novembre, le recours du Trésor au marché de la dette s'est accentué en raison, comme l'expliquent les professionnels, de la volonté de l'Etat de liquider les arriérés de compensation (7 milliards de DH à fin octobre) avant la fin de l'année. Ce recours au marché s'est traduit par une levée de 13,6 milliards de DH jusqu'au 22 du mois, alors que ses besoins de financement mensuels étaient prévus pour ne pas dépasser les 11,5 milliards. Du coup, les niveaux de taux se sont relevés. Du côté de l'offre d'argent, il faut préciser que la situation des liquidités sur le marché monétaire s'est nettement dégradée par rapport à 2010, en raison de la baisse des réserves en devises et de la hausse de la circulation de la monnaie fiduciaire. Le déficit de trésorerie bancaire a même atteint 40 milliards de DH durant le mois de novembre. Dans ce contexte de raréfaction des ressources, les investisseurs sont devenus plus exigeants en termes de rendement quand il s'agit de prêter au Trésor, qui contribue d'ailleurs à l'assèchement des liquidités à travers ses levées de fonds. De plus, les investisseurs s'attendaient (et s'attendent toujours d'ailleurs) à des besoins de financement plus importants du Trésor, et donc traduisaient ces anticipations dans leur offre de taux. Par ailleurs, l'incertitude quant à la situation des finances publiques en 2012, suite notamment au retard que prend le traitement du projet de Loi de finances, pousse également les investisseurs à la prudence. Ces derniers deviennent plus exigeants en terme de taux. La loi du marché, en somme.