La plupart des libraires réalisent 20% de leur chiffre d'affaires annuel durant cette période. Les parents n'ont pas soufflé. A peine les vacances d'été et le mois de Ramadan terminés, avec leur lot de dépenses, ils se retrouvent nez-à-nez avec la rentrée scolaire. Mais garnir le cartable de son enfant est un devoir auquel des millions de parents ne peuvent en aucun cas déroger. Plus qu'un devoir, c'est une obligation. A partir de la mi-août, les librairies commencent à changer de décor : les livres classiques sont relégués au fond de la boutique, livres et fournitures scolaires sont mis en évidence. La scène reste la même et se répète un peu partout. Nous sommes dans l'une de ces librairies, «Omar Al Khayam», sise boulevard Ziraoui à Casablanca. Un parent, flanqué de ses deux enfants, avance et tend deux feuillets au responsable commercial : la liste des fournitures demandées par l'école. Le père, un quadragénaire, la mine soucieuse, regarde la montagne de livres et fournitures qui commence à s'amonceler sur le comptoir. «La scolarité de mes enfants est pour moi une affaire sacrée. Mais quand on a trois ou quatre enfants, ça se complique. J'en ai trois, et garnir trois cartables me coûte, à chaque rentrée scolaire, dans les 3 500 DH, et encore ! Je ne choisis que la qualité moyenne», confesse-t-il. En effet, selon la qualité des fournitures, du niveau scolaire et des moyens dont dispose chacun, les prix peuvent varier dans une fourchette très large. Sans compter les caprices des enfants qui réclament parfois des fournitures «branchées». Pour les cahiers, les marques les plus prisées sont Clairefontaine et Calligraph dont les prix varient de 20 à 60 DH l'unité. Pour les stylos, certaines marques sont commercialisées entre 70 DH et 120 DH l'unité ! Les trousses, les cartables ou encore les agendas, qui obéissent depuis quelques années à un effet de mode, ont également vu leurs prix augmenter. Une trousse peut en effet atteindre 150 DH. On peut recourir aux manuels usagés… seulement si l'école les accepte Toutefois, en matière de prix, l'enseignement public reste le plus accessible avec un panier moyen variant de 600 DH à 700 DH. Pour le privé, c'est une autre affaire puisque avec des manuels importés (les mêmes que ceux demandés par les missions étrangères qui reste dans le même ordre de prix) le panier moyen est de 3 500 DH, sachant qu'il peut atteindre dans certains cas 4 500 DH. Pour la rentrée 2012-2013, les prix ont encore connu une augmentation de l'ordre de 5% estimée par les professionnels du secteur, que ce soit pour les manuels ou pour les cahiers. Légère variation s'il en est, qui ne manque toutefois pas de peser lourd dans la facture surtout pour les familles nombreuses et ou à revenus modestes. La solution pour certains parents est de se rabattre sur les manuels usagés, s'ils en trouvent. D'abord parce que les écoles, privées en particulier (Mission ou marocaine), ont tendance à exiger une nouvelle édition tous les ans. Ensuite, la bourse des livres est organisée dans presque toutes les écoles dès la fin de l'année scolaire. En quelque sorte, il convient de s'y prendre plus tôt pour exploiter les opportunités. Les plus chanceux sont ceux qui ont des enfants qui peuvent se repasser leurs ouvrages d'une année à l'autre, s'ils sont conformes à ce qui est demandé. Les écoles pourraient communiquer la liste des fournitures avant les vacances pour faciliter la tâche aux parents Du côté des librairies, la charge de travail générée pendant la quinzaine de jours précédant la rentrée est considérable. La consigne de rigueur est donc de déposer plusieurs jours à l'avance la liste des fournitures pour laisser le temps au libraire de tout réunir. Presque toutes les librairies engagent du personnel en renfort pour faire face à la cohorte de clients qui envahissent littéralement les locaux, souvent pour réclamer des manuels en retard de livraison. «Dès qu'on reçoit la liste des fournitures des écoles vers fin juin, nous passons la commande à nos fournisseurs qui s'empressent à leur tour de la passer aux Français. Mais avec les congés annuels et le rythme qui tourne au ralenti, certains livres arrivent en retard», explique Brahim Belahcen, libraire à Mâarif Culture. Et d'ajouter : «Les écoles peuvent nous être d'une grande utilité si, comme en Tunisie, elles voulaient bien nous faire parvenir les listes vers la fin mai, ce qui nous donnerait un mois ouvrable pour mieux nous organiser» . Nonobstant ces aléas inhérents à tout phénomène de grande affluence, il faut dire aussi que cette période de rush génère le gros du chiffre d'affaires de ce commerce. Ainsi, pour les librairies dites spécialisées, qui ne travaillent que pendant la rentrée, leur chiffre d'affaires est exclusivement réalisé durant cette période. Pour les autres, les librairies généralistes, cette activité représente 20% du chiffre d'affaires annuel.