Les fonds actions affichent une baisse de 5,5% contre des hausses d'environ 1,20% pour les fonds obligataires et monétaires. Les investisseurs s'orientent de plus en plus vers ces deux dernières catégories et privilégient le court terme. Réalisations mitigées des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM). Au 4 mai, les fonds actions affichent une nette baisse de 5,5% selon l'indice de performance du Conseil déontologique des valeurs mobilières, au moment où les fonds obligataires et monétaires tiennent bon : +1,23% pour l'obligataire court terme, +1,23% pour l'obligataire moyen et long terme et +1,19% pour les OPCVM monétaires. Les fonds diversifiés, quant à eux, enregistrent un recul de 1,61%. L'actif net investi dans les OPCVM a pourtant connu une hausse sensible. Il s'établit à près de 2412 milliards de DH, en progression de 5,43% depuis le début de l'année. Naturellement, ce sont les fonds monétaires (+15,7%) et obligataires court terme (+14,7%) qui expliquent cette augmentation qui a été légèrement atténuée par la baisse de l'actif net des OPCVM actions (-10,36%). Il faut dire que la situation léthargique du marché actions prêtait à ce que les OPCVM investis en actions affichent ce repli, vu qu'ils répliquent globalement la performance de l'indice général du marché. En effet, la Bourse continue de s'enfoncer dans le rouge. Le Masi a atteint -11% de variation annuelle au 21 mai. Et pour cause, d'abord le manque de visibilité vis-à-vis de l'évolution future des résultats des sociétés cotées, accentué par le niveau décevant de la masse bénéficiaire au titre de l'exercice 2011 (-0,8% par rapport à l'année précédente). Ensuite, récemment, la pondération du Maroc dans l'indice MSCI (Morgan Stanley Capital International) a été abaissée de 0,14% à 0,10%. Un gestionnaire de portefeuille de la place souligne que «cet abaissement de la pondération a concerné notamment la valeur IAM dont la pondération a été réduite de 0,08% à 0,04%, ce qui a eu pour effet un mouvement vendeur sur le titre, entraînant sa chute (-9,3% au 21 mai) et par conséquent l'effondrement du marché dans son ensemble». Et pour ne rien arranger, l'absence persistante de liquidité ne favorise pas les échanges sur le marché. D'ailleurs, le flux transactionnel échangé sur le marché central est en baisse depuis le début de l'année de 42%, s'établissant à 9 milliards de DH. Pour leur part, les OPCVM obligataires et monétaires se portent plutôt bien. La tendance haussière des taux d'intérêt qui a prévalu en ce début d'année a laissé place à une baisse quasi générale des taux suite à l'abaissement du taux directeur par Bank Al-Maghrib de 25 points de base le 27 mars, le ramenant à 3%, impliquant de ce fait une amélioration des taux de rendement obligataires. Car, il faut le rappeler, quand les taux d'intérêt baissent, les anciens bons du Trésor détenus en stock commencent à rapporter plus que les nouveaux et sont donc mieux valorisés, ce qui tire les performances vers le haut. Les gestionnaires ne prévoient pas une amélioration de la situation Karim Elhnot, directeur général adjoint de CDG Capital Gestion, précise toutefois que «l'effet de cette baisse a certes donné un nouveau souffle aux taux de rendement obligataires mais ce dernier concerne seulement la partie court terme de la courbe. Les segments moyen et long termes dépendent, eux, des indicateurs macroéconomiques tels que le niveau de l'inflation, le déficit public et dans une large mesure les besoins de financement du Trésor». Cela étant, l'actif net des OPCVM monétaires s'est élargi de 15,7% pour atteindre 70 milliards de DH et celui des obligataires court terme a marqué une croissance de 14,7% à 26,85 milliards de DH. Dans ces conditions, les investisseurs, confrontés à un contexte de manque de liquidité et d'un essoufflement du marché actions, préfèrent orienter leur épargne vers les placements liquides, à rendement appréciable et sans risque. Ce qui n'est pas sans causer des problèmes de gestion aux professionnels. M. Elhnot affirme que «pour faire face à d'éventuels rachats en masse, nous privilégions les placements liquides. Au niveau du marché actions, nous favorisons les grandes capitalisations de la place qui sont plus liquides et, du coup, rapidement échangeables sur le marché. La même stratégie est adoptée sur le marché des taux où nous plaçons l'épargne de nos clients dans les proportions de la courbe la plus liquide, notamment sur le court et moyen terme». Cette situation va-t-elle perdurer ? Comment les gestionnaires prévoient l'évolution du marché actions et obligataires ? Les professionnels ont certes du mal à dégager une tendance claire de l'évolution du marché financier. Néanmoins, il s'accordent à prévoir une poursuite de la baisse du marché actions. Un gestionnaire de portefeuille prévoit actuellement «une phase de consolidation avec de probables rebonds, suivie d'une nouvelle vague de baisses d'ici fin 2012». Pour le marché des taux, M. Elhnot indique que «l'effet de la baisse du taux directeur finira par s'estomper. Les taux devraient marquer une stabilité d'ici fin juillet avant de connaître un léger rebond, et ce, en l'absence d'un autre abaissement du taux directeur». In fine, les rendements obligataires seront sensiblement inférieurs à leurs niveaux actuels mais nettement plus intéressants que ceux des produits de placement dans le marché actions.