La Galerie 38 à Casablanca s'apprête à accueillir, à partir du 17 octobre, le solo-show de l'artiste Meriam Benkirane, intitulé « Interlude ». Suivez La Vie éco sur Telegram Meriam Benkirane, artiste à l'affût des transformations sociales et des mutations de notre environnement, nous invite à plonger dans un univers riche et complexe, entre exploration géométrique et méditation urbaine. L'exposition «Interlude» marque un tournant décisif dans son parcours artistique. Délaissant l'acrylique au profit de la peinture à l'huile, Benkirane amorce ici un renouvellement radical de sa pratique. Ce passage n'est pas simplement un changement de médium : il traduit un approfondissement de sa démarche, où la densité et la subtilité de la matière s'épanouissent pleinement. Ses œuvres se déploient dans un espace pictural construit autour d'une réinterprétation personnelle du cubisme, où l'équilibre des formes et la juxtaposition des couleurs traduisent une réflexion poussée sur les enjeux contemporains de la modernité. Inspirée par les métropoles qu'elle a sillonnées, Benkirane dresse une cartographie sensible des paysages urbains, où les lignes architecturales, rigoureusement tracées, semblent absorber et recracher l'énergie des grandes villes. Ce n'est plus seulement la structure d'un lieu qu'elle cherche à capturer, mais le rythme effréné qui les habite, tout en suggérant l'ambiguïté d'un espace où se mêlent vitesse et immobilité. Une exploration des formes et des couleurs Les toiles de Benkirane, saturées de teintes éclatantes, déploient une palette contrastée qui interpelle immédiatement le regard. Difficile de s'en extraire. À travers des compositions vives, elle joue avec les perspectives, brouillant la frontière entre figuration et abstraction. Tout est là, mais en filigrane : les formes se rencontrent, s'enlacent ou se dissolvent, créant un dialogue visuel qui semble traverser le spectateur pour l'entraîner vers des horizons incertains. Cette dynamique perpétuelle, amplifiée par l'usage de motifs répétitifs, nous parle autant du tangible que du numérique, des tensions entre la matérialité du monde et l'évanescence du virtuel. «Interlude » s'inscrit dans une quête qui ne se limite pas à la simple contemplation de l'architecture ou à une réinvention des motifs urbains. La référence subtile aux esthétiques de la science-fiction et de la dystopie y est palpable, Benkirane transformant ses toiles en scènes théâtrales où l'agencement des formes devient métaphore. Ici, les objets du quotidien se fondent et se refondent dans une chorégraphie picturale où tout, jusqu'au moindre détail, devient signifiant. Sur le plan technique, Meriam Benkirane démontre une maîtrise qui la distingue nettement sur la scène actuelle. Son emploi du sfumato, cette technique ancienne popularisée par les maîtres de la Renaissance, adoucit les contours tout en approfondissant le jeu des ombres et des lumières. Loin d'être purement décoratif, ce traitement des surfaces résonne avec son propos critique, offrant une lecture nuancée du rapport de l'humain à son environnement. C'est un univers d'une grande richesse que l'artiste déploie, où se mêlent influences classiques et audaces contemporaines, et qui invite le public à contempler, questionner et repenser la complexité du monde qui nous entoure.