«Réformer la moudawana ou pas, c'est mon dernier souci» Suivez La Vie éco sur Telegram Le marché Jmi3a, Jamila le connaît comme sa poche pour y avoir grandi et travaillé depuis 21 ans. «J'y suis depuis l'âge de neuf ans, aidant mon père, vendeur de légumes. Et depuis dix années maintenant, je me suis installée à mon propre compte avec mon mari et mes trois filles», explique Jamila, fière de son business, qu'elle dit florissant. «J'ai quitté le marché pour m'installer juste en face et proposer aux clientes un produit avec un plus», poursuit cette Doukkalia, cinquantenaire, qui commercialise les légumes épluchés, découpés et prêts à la consommation. L'idée a émergé de ses discussions avec les clientes, femmes au foyer ou actives, qui se plaignent du manque de temps et du poids des tâches ménagères. Tous les jours, dès six heures du matin, Jamila installe son stand et dépose, avec soin, les sachets en plastique de légumes. Les ménagères y trouvent leur compte: sachet de légumes pour salade, pour la soupe, pour le couscous et le tajine. Chaque jour, Jamila s'approvisionne en cageots de pommes de terre, d'artichauts, de fèves, de petits pois et bien d'autres légumes de saison. «Les achats sont faits par mon mari qui se rend au marché de gros. Pour le reste, c'est moi qui m'en charge, aidée par mes filles. Je fais appel à d'autres femmes qui travaillent chez elles et me livrent les légumes épluchés», explique Jamila, fière de sa petite affaire.
Un petit business qui fait vivre Dynamique, joviale et sociable, Jamila démarche les passantes et leur propose ses produits. Tout en se gardant d'adapter continuellement son offre aux diverses périodes de l'année et aux contraintes quotidiennes. «J'ai une page Face, Instagram et un compte Tik Tok. C'est pour toucher plus de femmes et les livrer à domicile», dit Jamila qui, à la veille du Ramadan, a déjà fait le plein de commandes pour les tomates mixées et les pois chiches trempés. Comme beaucoup d'autres femmes du marché Jmi3a, Jamila est cheffe de famille: elle prend en charge les dépenses, effectue les tâches ménagères et prend soin de ses filles et de ses petits-enfants. Elle vit au rythme du marché et des siens. Pour elle, «la vie est belle. Et les femmes doivent s'investir dans leur famille et leur travail. Le reste se gère tout seul. C'est une façon de s'imposer dans la société». Les droits et la Moudawana, Jamila n'en a que faire ! «J'ai et toutes les femmes au Maroc ont leurs droits et elles doivent se défendre elles-mêmes ! Je gère mes problèmes et je n'ai pas besoin de code de la famille ni de tribunal. Car tout cela va me compliquer la vie», conclut-elle.