L'encours de la dette du Trésor à fin 2010 s'est apprécié de 40 milliards de DH par rapport à 2009. La dette intérieure reste la plus problématique à cause de sa maturité courte qui impose des remboursements massifs et trop fréquents. La dette gouvernementale (appelée aussi dette du Trésor) représente au terme de l'année 2010, sur la base des derniers chiffres du ministère des finances, 50% du PIB, au lieu de 47,1% en 2009, soit une augmentation de près de 3 points. Son encours est, en effet, passé de 345,2 milliards de DH en 2009 à 384,45 milliards de DH en 2010 (+ 11,4%). Et cette hausse concerne aussi bien la dette intérieure qu'extérieure. Ce sont là donc les chiffres quasi définitifs publiés récemment par le ministère des finances qui vient d'en finaliser la compilation. La dette intérieure, celle qui a le plus augmenté, suivant le choix fait par les autorités de privilégier le financement des besoins du Trésor sur le marché domestique, a atteint 292 milliards de DH à la fin de l'année, contre 266 milliards de DH un an auparavant, soit 76% de la dette totale du Trésor. Cet encours représente 38% du PIB au lieu de 36,2% en 2009. 2010 est à cet égard l'année où la dette intérieure a le plus augmenté (+9,7%) depuis 2004. Cela confirme les difficultés traversées par l'économie marocaine notamment en 2009, consécutivement à la crise économique internationale. D'ailleurs, l'emprunt de 1 milliard d'euros levé sur le marché international en octobre 2010 se justifiait, dans une certaine mesure, par les difficultés nées de la crise, en particulier le recul des envois des MRE et des recettes des investissements étrangers. Il fallait injecter de la liquidité dans un marché domestique passablement affecté, même si, au passage, ce fut une opportunité pour tester la réaction des marchés par rapport aux obligations du Maroc – et la réaction fut positive. Et justement, c'est cet emprunt, sans doute nécessaire, qui a fait monter la dette extérieure du Trésor à 92,32 milliards de DH, contre 78,74 milliards de DH un an auparavant (+17,26%). Ce faisant, la dette extérieure du Trésor représente désormais 12 % du PIB au lieu de 10,7% en 2009. Le service de la dette extérieure du Trésor : 4,7% des recettes ordinaires en 2010 En vérité, la tendance haussière de la dette extérieure, en termes de stock, est enclenchée depuis 2007 déjà. Jusqu'à cette date, elle ne faisait que baisser ; depuis, elle augmente chaque année. Et le fait que, relativement au PIB, son poids a, au contraire diminué, s'explique aisément : ce même PIB s'est notablement accru ces dernières années, en particulier en termes nominal (le ratio de la dette étant établi par rapport au PIB courant) : +6,7% en 2007, +11,8% en 2008, +6,9% en 2009 et + 4% en 2010. En d'autres termes, au regard du dénominateur, le PIB en l'occurrence, la dette extérieure du Trésor reste à un niveau tout à fait satisfaisant. Il faut, malgré tout, ne pas se focaliser sur ce seul indicateur. La dette, ce n'est pas que des ratios, ça représente aussi des charges. Et à ce propos, on note que le service de la dette extérieure a augmenté en 2010 de 2,7 % à plus de 8 milliards de DH, soit 4,7% des recettes ordinaires. Mais, là aussi, on est loin des 14 milliards de service de la dette de 2007 ou même des 12,3 milliards de 2008. Le poids écrasant du court terme En fait, si le service de la dette extérieure a augmenté en 2010, c'est en raison surtout du remboursement de 5,7 milliards de DH en principal, un montant supérieur de près de 1 milliard par rapport à celui de 2009. Les charges en intérêts, par contre, ont baissé de 18,6% à 2,33 milliards de DH. Il faut dire que les charges en intérêts de la dette extérieure du Trésor sont dans une tendance plutôt baissière, et ceci est à mettre sur le compte de la gestion active pratiquée par le Trésor depuis la fin des années 90 (rachat de la dette onéreuse, choix privilégié de taux d'intérêts fixes, notamment). En revanche, le remboursement du principal, lui, tend à augmenter, ce qui est bien normal puisque la totalité de la dette extérieure du Trésor est de maturité moyenne et longue. Mais en matière de charges, c'est évidemment la dette intérieure qui pèse le plus lourd. En 2010, le Trésor a payé 15,2 milliards de DH d'intérêts, soit près de 2 % du PIB. L'importance des charges en intérêts de la dette intérieure est évidemment proportionnelle à l'encours, qui est tout aussi important, mais aussi au coût de cette dette. Selon les données de la direction du Trésor, le coût moyen de la dette intérieure en 2010 était de 5,2% (5,1% en 2009) ; à comparer avec le coût moyen de la dette extérieure du même Trésor qui était de 3%, la dette extérieure publique a un coût moyen proche, soit 3,1% (voir encadré pour la dette extérieure publique). Outre son coût, la dette intérieure du Trésor a cette particularité, contraignante, d'être une dette de court terme principalement. Il n'y a qu'à regarder les «tombées» d'échéances en 2010 au titre de la dette de court terme : 18,31 milliards de DH au premier trimestre, 17,44 milliards au deuxième, près de 17 milliards au troisième et 17,98 milliards au quatrième et dernier trimestre. C'est pour se sortir de ce cercle infernal (emprunt/remboursement) que le Trésor avait décidé de privilégier les maturités longues, qu'il a inaugurées au début de 2010 et qu'il compte poursuivre, voire intensifier à l'avenir.