La stagnation du marché du ciment en 2010 et l'arrivée de nouvelles capacités au centre et au sud du pays ont fait reculer de 0,4% le chiffre d'affaires des cimenteries cotées. Le renchérissement du prix des combustibles solides n'a pas arrangé la situation. Holcim s'en est bien sortie par rapport à Lafarge et Cimar. Renversement de tendance pour les cimenteries cotées à la Bourse de Casablanca. Alors qu'ils nous avaient habitués, pendant des années, à des taux de progression à deux chiffres, aussi bien au niveau de l'activité que de la rentabilité, les trois opérateurs de la cote ont clôturé l'exercice 2010 sur une note pour le moins décevante. Leur chiffre d'affaires cumulé affiche, sur une base consolidée, un léger retrait de 0,4%, s'établissant à 12,5 milliards de DH. Quant à la rentabilité, elle s'est fortement dégradée, avec un résultat d'exploitation agrégé en baisse de 8,6%, à 4,8 milliards de DH, et un bénéfice net part du groupe en recul de 8,2%, à 3,2 milliards de DH. Il faut dire que le contexte du marché n'est plus le même pour les représentantes du secteur du ciment à la cote de Casablanca. La consommation nationale de ciment a en effet fait du surplace en 2010, n'évoluant que de 0,4% par rapport à 2009, à cause du ralentissement qui marque le marché de l'immobilier et du report de plusieurs projets d'infrastructures. De plus, de nouvelles capacités de production sont venues augmenter l'offre par rapport à la demande. Il s'agit principalement des Ciments de l'Atlas dans la région du centre (Ben Ahmed), d'une capacité de production de 1,6 million de tonnes, et de la nouvelle usine de Ciments du Maroc à Chtouka-Aït Baha, dans la région du sud, d'une capacité de 2,2 millions de tonnes. Au niveau de la rentabilité opérationnelle, le tassement de l'activité a été aggravé par le renchérissement du prix des combustibles solides, consécutivement à la flambée des cours mondiaux du pétrole. Il y a également la hausse des amortissements et des coûts fixes relatifs aux investissements achevés en 2009 (ouverture de nouvelles usines et extension des anciennes lignes de production) qui a pesé davantage sur leurs marges. Cela dit, les trois cimenteries de la cote ne sont pas logées à la même enseigne. Deux d'entre elles ont vu leurs agrégats fortement se dégrader, alors que la troisième a plutôt bien résisté à la conjoncture actuelle. En effet, Lafarge a vu ses ventes de ciment baisser de 4,7% alors que le marché a fait +0,4%. Ce repli s'explique par une forte disparité de la demande par région, notamment au détriment de celle du Nord (marché où Lafarge est très présente) dont la consommation a baissé de plus de 8%, ainsi que par la concurrence qui devient de plus en plus forte dans les autres régions, essentiellement celles du centre et du sud, avec l'arrivée de Ciments de l'Atlas et l'ouverture de la nouvelle usine de Cimar. Dans ce contexte, le chiffre d'affaires consolidé de Lafarge a baissé de 1,6% pour s'établir à 5,35 milliards de DH. Et compte tenu du renchérissement des prix des combustibles et de l'impact en année pleine des amortissements relatifs à la mise en service mi-2009 de la seconde ligne de fabrication de l'usine de Tétouan, le résultat d'exploitation du groupe recule de 12%, à 2,4 milliards de DH, et le bénéfice net part du groupe perd 9,8%, à 1,68 milliard de DH. Cimar, elle, a pu augmenter ses ventes de ciment de 2,9% en 2010, grâce notamment à la mise en service de sa nouvelle usine d'Aït Baha, ce qui a permis à son chiffre d'affaires de s'inscrire en hausse de près de 1%, à 3,63 milliards de DH. Mais l'augmentation des amortissements et des coûts fixes relatifs à cette usine ainsi que la hausse des prix des combustibles solides ont fait chuter son résultat d'exploitation de 12,5%, à 1,15 milliard de DH, et son bénéfice part du groupe de 10%, à 872 MDH. Seule Holcim a pu maintenir sa rentabilité au même niveau qu'en 2009. A l'heure où nous mettions sous presse, la société n'avait pas encore communiqué l'évolution de ses ventes en 2010. Mais son chiffre d'affaires consolidé s'est inscrit au même niveau que celui de 2009, à 3,54 milliards de DH. Contrairement aux autres opérateurs, Holcim a pu améliorer son résultat d'exploitation de 3,4% pour le porter à 1,26 milliard de DH. La hausse des prix du pétrole n'a, de fait, pas impacté significativement la rentabilité de la société, grâce à la politique d'utilisation des déchets combustibles (pneus, boues d'hydrocarbure, déchets pétroliers…). Son résultat net consolidé s'est, in fine, stabilisé par rapport à 2009, mais son bénéfice net part du groupe a reculé de 1,4% suite à une augmentation de la quote-part des intérêts minoritaires dans les résultats consolidés.