Ralentissement de la demande et recrudescence de la concurrence, tels étaient les tendances du secteur du ciment tout au long de l'année 2010. Dans une conjoncture très défavorable, les sociétés du secteur cotées en Bourse affichent sans grande surprise des résultats en repli par rapport à l'année précédente. Le chiffre d'affaires agrégé a enregistré un recul de 0,45%, pour s'établir à 12,5 milliards de DH, au moment où la consommation a évolué de quelque 0,4% au cours de l'année. Il a été négativement influencé par le recul de l'activité de Lafarge Ciments de 4,7%, induisant un repli des revenus de 1,6%. Ce recul trouve son origine dans la chute des ventes dans le nord (-8,1%), zone de prédominance de Lafarge, ainsi que le démarrage de l'unité de Ciments du Maroc à Agadir et Ciments de l'Atlas à Ben Ahmed, créant une surproduction dans la région du Centre. En dépit de cette concurrence, Holcim, qui opère principalement dans la région du centre, a pu résister et afficher des revenus en stagnation. Contrairement à 2009, où Ciments du Maroc affichait la dernière performance face à ses concurrents cotés, en 2010, elle les devance en affichant la seule évolution positive du chiffre d'affaires. Ce dernier a en effet progressé de 0,8%, grâce à une hausse des volumes vendus, qui s'élève à 2,9%. Sur le plan opérationnel, le résultat d'exploitation du secteur affiche une baisse de 8,5% à 4,8 milliards de DH. La cause? Le recul du résultat opérationnel de Ciments du Maroc et de Lafarge Ciments de 12,5% et de 12% respectivement. Ce repli trouve son origine dans la hausse des prix des combustibles, ainsi que dans la constatation d'amortissement des unités industrielles construites par les deux opérateurs. Holcim est, par ailleurs, le seul opérateur à afficher une progression de son résultat d'exploitation, grâce notamment à une bonne maîtrise des frais généraux et des coûts fixes. Finalement le résultat net agrégé se replie de 8,2%, pour s'établir à 3,2 milliards de DH, sous l'effet du recul des capacités bénéficiaires des trois opérateurs. Pour les années à venir, et à partir de l'année en cours, la configuration actuelle du marché du ciment, selon laquelle chaque opérateur évolue dans une région spécifique du royaume, est amenée à changer. En effet, Holcim table sur son usine de Fès, dont la capacité vient d'être doublée pour compenser l'éventuelle baisse des ventes sur la région de Casablanca, en lien avec la concurrence menée par Lafarge Ciments et Ciments de l'Atlas. De même, Cimar compte tirer profit de sa nouvelle usine d'Aït Baha pour doper ces résultats opérationnels pour l'année en cours. Quant à Lafarge Ciments, sa nouvelle unité de Ben Ahmed la dote d'une capacité additionnelle de 80.000 tonnes et d'autres unités devront voir le jour d'ici 2013, afin de concrétiser sa stratégie de diversification géographique. Place donc à une concurrence acharnée pour s'arracher de nouvelles parts de marché sur d'autres régions jamais investies auparavant et pour donner un nouveau visage du secteur.