Professeur de criminologie,rifain et istiqlalien jusqu'à la moelle. Il est né dans une famille istiqlalienne et a passé sa jeunesse dans les structures du parti. Aujourd'hui il est dans le comité exécutif. Il a fait ses études supérieures en Irak et a failli être tué lors de la guerre Irak-Iran. Un pur produit de l'Istiqlal, Noureddine Moudiane l'est assurément. Demandez-lui depuis quand il a rejoint le parti, il vous répondra : «Je suis né en 1961. En 1960, j'étais déjà dans le parti de l'Istiqlal». C'est pour dire que le sang istiqlalien coule dans ses veines depuis toujours. Et le parti le lui rend bien. En janvier 2009, lors du XVe congrès, ses camarades en font le premier et le seul Rifain à siéger au Comité exécutif, la plus haute instance dirigeante du parti. Un exploit en soi, connaissant l'inimitié historique que vouent les habitants de la région du Rif au parti de Allal El Fassi. Pour en arriver là, Noureddine Moudiane a gravi tous les échelons. Enfant, il a fait partie de l'organisation du scout marocain, relevant du parti. Ecolier, il a tout naturellement intégré la Jeunesse scolaire istiqlalienne. Etudiant, il prend en charge la section de Fès de l'Union générale des étudiants du Maroc, UGEM, dont il a assumé le poste de secrétaire général, entre 1982 et 1984, ce qui le projette aux devants d'un conflit ardent entre l'organisation estudiantine istiqlalienne et l'Union nationale des étudiants du Maroc, l'UNEM, contrôlée à l'époque par l'extrême gauche. Normal quand on est le fils d'un nationaliste istiqlalien. «Mon père, dit-il, est l'un des fondateurs du parti de la réforme nationale, il a intégré après l'Istiqlal et est fondateur de la section de l'UGTM à Al-Hoceima. Il a été correspondant d'Al Alam de 1958 à 1990». Moudiane est né le 24 avril 1961, dans le petit village de Béni Ammar dans la région de Targuist, localité qui relève de la province d'Al-Hoceima. Et c'est dans cette ville qu'il entame sa scolarité et fait ses études secondaires à l'Institut des études originelles. Tout comme un certain… Hakim Benchemass, secrétaire général adjoint du PAM et qui donne aujourd'hui du fil à retordre au parti de l'Istiqlal. «Nous avons fréquenté le lycée à la même époque. Je le devançais d'une année», confirme Moudiane. Après le bac qu'il a obtenu en 1980, le jeune Moudiane opte le plus naturellement du monde pour la faculté de la Charia de Fès, qu'il fréquente encore, mais aujourd'hui en tant que professeur de criminologie. Boursier du gouvernement irakien, il passe cinq ans à Bagdad Après sa licence, en 1984, Moudiane décroche une bourse d'étude pour l'Irak, l'une des quatre bourses accordées par le gouvernement irakien en cette année aux étudiants marocains. En Irak, il échappe de justesse à la mort. C'était en novembre 1986, en plein guerre irako-iranienne. «Un missile est tombé sur la résidence universitaire, le 15 novembre. 14 étudiants ont été tués, plusieurs autres blessés. Je m'en suis sorti avec quelques fractures dans le bras et des blessures à la jambe. Je devais mon salut à une petite mégarde. Je me suis trompé de chambre, je voulais aller à la mienne et je me retrouvai, par erreur, au moment de l'impact, devant une autre». Dans son lit d'hôpital universitaire de Bagdad, où il a passé deux semaines, Moudiane ne cessait de ruminer la même question : rester où faire ses valises et rentrer au pays ? Il a choisi la première option. Ses cinq années d'études de droit comparé à l'Institut des recherches et des études arabes ont été couronnées par un diplôme en criminologie. De cette époque, il garde en mémoire, outre ce rendez-vous «manqué» avec la mort, la visite que l'ancien président Saddam Hussein leur a rendue, lui et ses camarades à l'hôpital. «Il s'est enquis de l'état de chacun de nous. J'en garde encore un souvenir vif», commente-t-il. En 1989, il rentre au pays. Un retour aux sources, puisque c'est à la faculté de la Charia, la même qu'il a fréquentée comme étudiant, qu'il entame sa carrière professionnelle. Là encore, il n'est jamais loin de son parti. L'Istiqlal fait appel à lui pour le poste d'inspecteur provincial à Al-Hoceima, le titulaire de ce poste clé dans l'organisation du parti étant tout juste décédé. C'était à la veille des élections municipales de 1996. Noureddine Moudiane décline l'offre, mais ne pouvait faire autant pour une autre offre de nature différente mais tout aussi importante pour son parcours : tenter sa chance aux élections. Cette fois il ne s'est pas trop fait prier. Son baptême des urnes, il le fait dans son village natal. «J'ai toujours été lié à ma terre natale, Béni Ammar», justifie-t-il. Et pour un baptême électoral, il sera mémorable. Moudiane est propulsé président de commune, poste qu'il ne quittera plus d'ailleurs. Candidat aux législatives de 1997, contre un certain…Allal Sekrouhi Les débuts n'étaient pas faciles. «Non seulement on a essayé de me mettre les bâtons dans les roues, mais on a même été jusqu'à me menacer dans mon intégrité physique. J'ai été menacé de mort pour avoir tenu à travailler dans l'intégrité et la transparence», s'indigne Moudiane. Mais cela ne l'a pas empêché d'aller de l'avant. Aux dernières communales de juin 2009, il réalise une performance que peu de gens ont pu atteindre. Sur les 15 sièges à pouvoir dans sa commune, sa liste a tout raflé. Moudiane ouvre ainsi la voie et aujourd'hui, ce sont 13 communes sur un total de 35 que compte la province qui sont tombées dans l'escarcelle de l'Istiqlal. La réussite au niveau local a poussé Moudiane à tenter sa chance à un niveau plus haut. «Le parti m'a demandé de me porter candidat au législatives de 1997, à Al-Hoceima», affirme-t-il avec modestie. Pour anecdote, son rival n'était outre qu'un certain Allal Sekrouhi, candidat au nom de l'USFP, devenu, depuis, directeur d'agence urbaine, gouverneur et aujourd'hui wali directeur général des collectivités locales. «Sekrouhi m'a avoué une fois que si je n'avais pas gagné ces élections, il ne serait probablement pas devenu ce qu'il est aujourd'hui», confie M. Moudiane. La suite est connue, Moudiane en est à son troisième mandat et est vice-président du Parlement. En juin 2008, il a présidé la Commission d'enquête parlementaire sur les évènements de Sidi Ifni.