La chute du marché égyptien a poussé les investisseurs étrangers à se désengager de la région Mena. Les particuliers ont cédé à la panique, mais les institutionnels locaux restent acheteurs nets Personne ne l'a vu venir. La chute du marché boursier casablancais de cette fin janvier a de fait pris de court analystes, traders et investisseurs professionnels. En deux séances de cotation seulement, le 28 et le 31 du mois dernier, le Masi, indice de toutes les valeurs cotées, a perdu 4,66%, annulant ainsi les gains qu'il a accumulé depuis le début de l'année (performance ramenée à -0,5% fin janvier). La baisse a été générale et quasiment tous les titres de la cote se sont repliés. L'élément déclencheur de cette chute est, comme plusieurs observateurs ont tendance à le penser de manière un peu intuitive, relatif aux événéments survenus en Egypte durant la semaine du 24 janvier. La Bourse du Caire, plaque tournante de la finance dans la région Mena (Afrique du Nord et Moyen-Orient), s'est inscrite dans une tendance fortement baissière suite à la phase d'instabilité dans laquelle est entré le pays, et qui a poussé les fonds d'investissement et institutionnels étrangers, très présents en Egypte, à se désengager de la place. L'onde de choc n'a pas tardé à atteindre la Bourse de Casablanca. Vendredi 28 janvier, le marché a perdu 2,6% avec un volume de plus de 560 MDH. Certes, un institutionnel marocain aurait fortement contribué à cette baisse. «Une caisse de retraite de la place a racheté ses parts dans des OPCVM actions où elle plaçait ses liquidités, et ces derniers n'avaient autre choix que de se positionner à la vente, entre autres sur des valeurs bancaires comme BMCE Bank», affirme un trader. D'ailleurs, cette valeur a reculé de 4,26% durant la séance du 28, et a drainé à elle seule un volume de 245 MDH, soit 44% du volume global de la séance. Mais ce n'est pas le seul élément qui a conduit à la baisse du marché. Selon l'affirmation de plusieurs sociétés de Bourse, les investisseurs étrangers se sont retirés également de plusieurs valeurs de la cote. «Les grands investisseurs étrangers raisonnent en termes de région, et les événements survenus en Egypte les ont poussés a revoir à la baisse leurs ratios d'exposition à tous les marchés de la région Mena, y compris la Bourse de Casablanca», estime un analyste. En effet, des valeurs comme Attijariwafa bank et Addoha, qui font partie d'indices répliqués par les fonds étrangers, tel que l'indice Morgan Stanley des pays émergents, ont fortemement chuté le 28 janvier (-4,2% pour la première et -3,6% pour la seconde). D'autres grosses capitalisations dans lesquels les étrangers sont présents ont suivi la tendance, comme par exemple la BCP (-3,2%), Holcim (-3,6%), Lafarge (-5,1%) et Maroc Telecom (-1,2%). Lundi 31 janvier, plusieurs investisseurs particuliers, qui sont plutôt dans une logique spéculative, ont suivi le mouvement vendeur des étrangers après avoir cédé à la panique. «Ces derniers voulaient par la même occasion prendre leurs bénéfices qu'ils ont accumulé suite à l'envolée du cours de plusieurs valeurs au début de l'année», précise un trader. Résultat : le Masi a perdu 2,11% durant la séance, et le volume enregistré a atteint 440 MDH. La baisse a concerné quasiment l'ensemble des valeurs bancaires, les sociétés immobilières (Addoha et CGI principalement), les trois cimenteries de la cote, Maroc Telecom ainsi que les valeurs minières. Pendant cette chute, les institutionnels marocains étaient plutôt positionnés à l'achat, ce qui constitue un élément rassurant qui prouve que la Bourse de Casablanca reste bien orientée à moyen terme. «Ils ont profité de l'occasion pour faire des acquisitions à des prix intéressants», affirme-t-on auprès d'une société de Bourse. Les analystes estiment également que le marché reprendra rapidement son trend haussier une fois que le mouvement de vente des étrangers aurait pris fin. «Nous pensons même que les événements survenus en Egypte seraient profitables plus tard à la Bourse de Casablanca, quand les étrangers commenceront à revenir à la région», pense l'un d'entre eux. En tout cas, les sociétés de Bourse maintiennent leurs prévisions de croissance pour la Bourse au titre de 2011, et parlent toujours d'une hausse qui serait au moins de l'ordre de 10%.