Après coup de Mr Et-Tayeb Houdaifa. Dans la préface écrite en 1837 pour «Illusions perdues», Honoré de Balzac traite le journalisme de «grande plaie du siècle» ; et dans celle de 1839 de «bâton pestiféré» et de «cancer», suggérant, ailleurs, que «si le journalisme n'existait pas, il faudrait ne pas l'inventer». Charles de Gaulle, lui, considérait les journalistes comme des «chronophages». Le romancier visait des gens de sac et de plume groupés en petits cénacles jaloux de son œuvre; le créateur de la Ve République française blâmait les porte-voix de ses détracteurs. Tous deux étaient malmenés, plus ou moins grossièrement, mais dans les strictes limites de la déontologie. Comment auraient-ils verbalement réagi si celles-ci se trouvaient excédées ? Quelle est, déontologiquement, la tâche de celui qui exerce le métier de journaliste ? Déjouer les mensonges, certes ; révéler ce que l'on dissimule, assurément ; rompre les silences de la raison d'Etat, écrire où cela fait mal et, pour reprendre l'expression d'Arthur Londres, «porter la plume dans la plaie». Bien sûr. Mais ce qui fonde la dignité de l'informateur, c'est l'honnêteté intellectuelle et morale.?Vertu nécessaire dont une partie de la presse espagnole se révèle dépourvue, en travestissant la vérité sur les événements de Laâyoune, par l'odieux procédé du bidouillage photographique, sous couvert de faire la lumière sur cette tragédie. A des fins infamantes, celles de jeter l'opprobre sur une nation souveraine et, ainsi, détourner l'opinion mondiale en sa défaveur. En répandant ce mensonge, la presse n'a pas seulement commis une faute éthique, mais a perpétré un crime passible d'une sanction exemplaire.