Les exportations de la confection progressent de 33% et celles de la maille de 22%. Le secteur profite du rebond de la consommation en France et en Espagne et de retour des Allemands et des Italiens. Le libre accès du Pakistan à l'Europe en 2011 inquiète. Après un début d'année marqué par de fortes inquiétudes, le textile semble finalement remonter la pente. Entamée timidement en mai dernier, la tendance haussière se confirme à la lecture des statistiques arrêtées par l'Association professionnelle de l'industrie du textile et de l'habillement (Amith) à fin octobre 2010. Durant ce seul mois, les exportations ont atteint 3 milliards de DH, soit un peu plus de 10% des réalisations annuelles. En cumul, sur les dix premiers mois de l'année 2010, la valeur des expéditions de vêtements confectionnés s'est gonflée de 33% par rapport à la même période de 2009, à 15,6 milliards de DH. La maille affiche une hausse de 22%, à 5,9 milliards. Si on y ajoute les autres activités, le montant global des exportations se situe, à fin octobre, à 24 milliards. Selon l'Amith, le secteur devrait boucler l'exercice 2010 sur un chiffre d'affaires de 28 milliards contre 29 en 2010. Certes, il y aura un léger recul, mais par rapport au début de l'année la situation s'est nettement améliorée. Pour expliquer cette reprise d'activité, le bureau de l'association avance deux facteurs majeurs. Premièrement, la reprise de la consommation chez les deux principaux clients du textile marocain à savoir la France et l'Espagne. La sortie de crise enregistrée dans les marchés européens s'est traduite, dit-on à l'Amith, par des commandes d'approvisionnement placées au Maroc qui met ainsi en avant sa réactivité. Ce qui explique que certaines entreprises ont pu réaliser, dès le mois de juin, le chiffre d'affaires enregistré durant toute l'année 2009 et plusieurs d'entre elles ont enregistré un taux de croissance variant entre 30 et 40%. Le deuxième facteur favorable a trait à la flambée des prix chinois favorisant une reprise de demande envers le textile marocain. En effet, le renchérissement du coût des matières premières (aussi bien le coton que les produits de substitution) et de la main-d'œuvre a poussé plusieurs donneurs d'ordre étrangers à revenir au Maroc. On entend de plus en plus parler du retour de Levi's ou encore de l'arrivée de H&M. Mais on notera par ailleurs que le retour des donneurs d'ordre n'est pas seulement dû à la hausse des prix chinois mais également à la stratégie de la Chine visant le développement prioritaire de son marché local. Des donneurs d'ordre allemands et italiens reviennent également en force sur le marché marocain. L'Allemagne qui travaillait beaucoup avec la Turquie et les pays de l'Est diversifie ses sources en confiant moins de commandes à ces deux traditionnelles zones d'approvisionnement, ce dont le Maroc profite. D'ailleurs, le groupe allemand Otto a eu plusieurs contacts avec des partenaires marocains. Les Italiens qui avaient porté leur préférence sur la Tunisie renouent également avec le Maroc. L'Amith veut donner la priorité à l'intégration amont des filières et à l'assainissement du marché local L'Association est rassurée par les performances du secteur et ne manque pas de signaler qu'une évolution positive est palpable en dépit d'une importante perte de capacité, particulièrement dans la région de Rabat-Salé où plusieurs entreprises, dont notamment celles exclusivement orientées vers le marché anglais, ont fermé. Représentant durant ces dernières années 20% des exportations globales du secteur, la part de cette région a chuté à 6 ou 7%. Pour soutenir la reprise, le bureau de l'Amith estime nécessaire et prioritaire l'intégration en amont des filières et l'assainissement du marché local qui reste parasité par des entreprises informelles qui cassent les prix à l'exportation. La réalisation de ces chantiers est nécessaire d'autant que le secteur reste très concurrentiel au niveau mondial. Les opérateurs redoutent, par exemple, la montée en puissance du Pakistan. A compter du 1er janvier 2011, ce pays pourra acheter du tissu en Chine, le transformer et l'exporter vers l'Union européenne sans droits de douane. Une étude d'impact est même prévue, en collaboration avec le ministère du commerce et de l'industrie, afin de faire le point sur les répercussions de cette mesure sur la compétitivité de la filière coton. Le problème sera également abordé avec la commission européenne car en dépit de son statut de pays avancé, le Maroc ne semble pas être, selon les industriels, avantagé par rapport à des pays comme le Bengladesh ou encore l'Ile Maurice.