A fin avril, les industries textiles ont progressé de 23 % par rapport à janvier dernier. La confection et la maille ont profité de la conjoncture favorable. L'année 2006 a bien démarré pour le secteur du textile. Après le creux enregistré en janvier, les exportations ont connu une évolution substantielle à partir de février. A fin avril, les ventes de vêtements confectionnés ont progressé de 23,4% par rapport à janvier, à 1,64 milliard de DH. Sur les quatre premiers mois de l'année, la hausse est de 10,9% comparativement à la même période en 2005. La même tendance est à signaler pour les exportations de la filière maille. Entre janvier et avril de cette année, les exportations ont globalement progressé de 6,9%. Forcing remarqué sur le marché espagnol Au-delà des chiffres, le secteur textile a renforcé son positionnement sur le marché espagnol. Sa part dans les importations ibériques a atteint 30% contre 26% en 2005. Cette amélioration est due, selon les opérateurs, «aux relations améliorées avec les donneurs d'ordre espagnols ainsi qu'à la réactivité et à la capacité de répondre à des délais courts». La part des produits textiles marocains a également progressé sur les marchés italien et belge, grâce «aux efforts de promotion et de prospection menés par les opérateurs sur ces marchés», explique un industriel. Et d'ajouter, «nous n'étions pas très présents sur le marché belge alors que, pour l'Italie, il s'agit plutôt d'une reconquête, sachant que plusieurs entreprises marocaines avaient beaucoup travaillé sur ce marché, il y a quelques années». Sans avancer cependant de données chiffrées, les industriels notent que les retombées de l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis se font déjà ressentir puisque les exportations sont en expansion sur le marché américain, alors qu'elles ont stagné en France. Au-delà des actions de promotion et des efforts de prospection, comment peut-on expliquer la tendance enregistrée durant les quatre premiers mois de 2006 ? Pour certains opérateurs, l'évolution des exportations est directement liée à la décision prise par les Etats-Unis et l'Europe de restaurer les quotas sur les produits chinois. Cela a certes amené plusieurs donneurs d'ordre à trouver des alternatives pour s'approvisionner. Mais pour d'autres industriels, l'institution des quotas n'est pas l'unique raison du redressement des exportations nationales de textile. D'autres considérations déterminent les stratégies des donneurs d'ordre. Premièrement, il y a, selon l'Amith (Association marocaine du textile et de l'habillement), les nouveaux comportements des consommateurs (essentiellement ceux âgés de 11 à 20 ans), qui sont plus sensibles à l'effet mode et nouveautés plutôt qu'au bas prix. Deuxièmement, il y a l'émergence des mouvements d'alter-consommateurs, soucieux des questions d'environnement, des valeurs éthiques et sociales ainsi que du commerce équitable. Là-dessus, l'industrie marocaine peut répondre à ces exigences dans la mesure où elle a adopté, pour distinguer son offre, le label «Fibre citoyenne». Troisième facteur déterminant dans le choix des importateurs: l'approvisionnement en circuit court. Une tendance qui ira crescendo puisqu'en 2008 84% des importations d'habillement de l'UE se feront en circuit court, un défi que le Maroc peut aisément relever vue sa proximité avec l'Europe. Enfin, les entreprises textiles semblent, selon l'Amith, avoir bien intégré les critères du fast fashion, soit la réalisation d'un produit de mode à un prix raisonnable. Ce qui fait que notre industrie se trouve aujourd'hui sollicitée par de nombreuses enseignes et donneurs d'ordre internationaux. Espérons que cela dure .