* Le taux dutilisation des capacités de production du secteur du textile demeure élevé, soit 72% en janvier. * Passant de 7,7 à plus de 10 Mds de DH, lEspagne monopolise 40% des exportations nationales, destinées principalement aux grandes marques. * Si le Maroc a réussi, en grande partie, le passage de la sous-traitance à la cotraitance, il est temps de réussir celui des produits finis. Malgré la levée des quotas sur les produits textiles et habillement par lUnion européenne, depuis presque quatre mois, laccalmie persiste. Le rapport publié récemment par Bank Al-Maghrib note que «limpact sur le secteur de la suppression, en janvier 2008, des quotas européens sur les produits textiles chinois reste incertain à ce stade». En revanche, les statistiques disponibles jusquà présent montrent que le taux dutilisation des capacités de production du secteur du textile demeure élevé, soit 72% en janvier. Rappelons que le secteur industriel marocain, généralement, et lindustrie du textile précisément, ont subi une véritable secousse en 2005, à cause de la levée des quotas. En effet, à lépoque, les exportations des produits de confection avaient connu une chute libre, soit une baisse moyenne de 30% durant les deux premiers mois. Abdelali Berrada, en charge du projet des consortiums dexportation auprès de lOrganisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), affirme que «les statistiques montrent que le secteur est en plein développement. Il y a des perspectives de croissance, mais il faut rester très vigilant car il faut sadapter constamment aux exigences du marché. Concernant les produits de mode, qui connaissent un renouvellement permanant, 75% des achats se font sur le court terme». Ce qui a changé par rapport à 2005 La crise enregistrée en 2005 a poussé les professionnels du secteur et les autorités à revoir le mode de production dans sa totalité. En vue d'asseoir une industrie textile-habillement dynamique et moderne, le gouvernement de Driss Jettou avait conçu, en partenariat avec les membres de lAmith (Association marocaine des industries du textile et de lhabillement), un cadre restructurant : «Plan Emergence Textile-Habillement». Il sagit dune batterie de mesures et de facilitations visant à soutenir les entreprises dans leurs programmes de développement, en favorisant la création dun environnement propre à la réactivité et à la créativité. En outre, il encourage l'installation et le développement des plates-formes d'exportation. Abdelali Berrada note, à ce niveau, qu «on peut dire que lindustrie du textile et de lhabillement est entrée dans une nouvelle phase de croissance. Cela est dû à un certain nombre de facteurs. En fait, les industriels se sont préparés à ce passage en améliorant leur productivité, la qualité des produits...». Dautre part, les opérateurs européens manifestent de plus en plus leur volonté de réduire leur dépendance vis-à-vis des producteurs chinois : «les enseignes ont changé leurs stratégies, cherchant ainsi à sécuriser leur approvisionnement en donnant la priorité aux pays du bassin méditerranéen». Dans le même ordre didées, Abdelali Berrada note qu «il y a une politique de renouvellement permanente, en créant constamment de nouveaux produits en petites quantités. Chose qui ne favorise pas les pays lointains». Grâce à lensemble de ces décisions, les exportations marocaines ont pu dépasser la barre des 30 milliards de DH en 2007. La majeure partie de la production est absorbée par le marché européen, soit 90% de la production totale. En enregistrant une croissance excessive des exportations orientées vers lEspagne, cette dernière a détrôné la France en tant que premier importateur de produits textiles marocains. Passant de 7,7 à plus de 10 Mds de DH, lEspagne monopolise 40% des exportations nationales, destinées principalement aux grandes marques. A ce titre, 10% des articles vendus par Zara sont produits au Maroc. Sagissant du positionnement sur la totalité du marché européen, le Maroc a gagné deux classes grâce aux perfectionnements achevés pour atteindre le sixième rang. En ce qui concerne le marché américain, la demande reste insignifiante, soit 5% de la production totale. Lancien Directeur de lAmith stipule que «le Maroc a enregistré une forte progression des exportations vers le marché américain, soit 10 fois plus par rapport à 2006. Cependant, ce nest pas un marché facile. Dabord, les opérateurs américains sont très compétitifs, les donneurs dordre sont très exigeants en terme de qualité des produits et demandent principalement des produits finis sans oublier que la baisse de la valeur du Dollar nincite pas les opérateurs à exporter vers les Etats-Unis». Il précise par ailleurs que «les Américains accordent une importance majeure au respect des délais. Et lorsque se pose le moindre problème, ils refusent la commande». Pour mieux se positionner sur ce marché, Abdelali Berrada affirme que «les opérateurs nationaux doivent trouver leur positionnement à travers des niches de marché (les marques, les chaînes de distribution spécialisées), ce qui demande du temps». Priorités aux produits finis Si le Maroc a réussi, en grande partie, le passage de la sous-traitance à la cotraitance, il est temps de réussir le passage aux produits finis. Les opérateurs marocains se sont consacrés pendant des décennies à travailler dans le cadre de la sous-traitance et nont pu développer leurs compétences en matière de stylisme et de désign. Abdelali Berrada déplore qu «il faille de très gros moyens pour créer une marque, la marketer et lasseoir. Cela nécessite des investissements colossaux et ce nest pas nimporte quelle entreprise qui peut le faire». Ce nest que dernièrement que les producteurs ont convenu quil faut une intégration en aval vers la distribution. «Actuellement, certains industriels marocains ont créé leurs propres marques tout en développant leurs propres réseaux de distribution au Maroc tels que Flou Flou, Ociane, Marwa. Ils placent, parmi leurs principaux objectifs, le développement à linternational. Ils ont lancé le concept au Maroc et le développent. Certains dentre eux situent, parmi leurs principaux objectifs, le développement à linternational». Pour réussir une telle tentative, il faut de très gros capitaux; «cela ne peut se faire que dans le cadre dun partenariat avec des groupes financiers, un industriel ne pourra jamais y arriver», conclut Abdelali Berrada.