* En 2008, les quotas dexportation des produits chinois vers le marché européen seront levés. * Les objectifs du «Plan émergence textile-habillement» : ladaptation de loffre nationale aux exigences de la demande du marché européen, lamélioration de lindustrialisation du secteur par augmentation de la productivité et le perfectionnement de la qualité, le passage de la sous-traitance à la co-traitance. .. * Le nouveau concept industriel et marketing «Fast fashion», adopté par les industriels marocains du textile, les incite à profiter des avantages de proximité en faisant preuve de plus de flexibilité. À la veille de lannée 2008, léchéance de la levée des quotas par le marché européen sur les exportations chinoises, plusieurs questions ont fait florès à propos du destin du secteur du textile, lun des principaux piliers de léconomie nationale. Cette levée des quotas par la communauté européenne a eu des effets désastreux sur le secteur dans sa globalité en 2005. En fait, lindustrie de la fibre nationale, comme celle dun certain nombre de pays asiatiques et du pourtour méditerranéen, a été mise à genou par leur concurrent chinois. Le secteur avait enregistré à lépoque une véritable crise économique et sociale : le chiffre daffaires fondait comme neige au soleil en enregistrant une baisse de 20.000 emplois. Et pour cause, les partenaires historiques européens qui absorbaient à lépoque, comme aujourdhui, plus de 90% des exportations nationales, se sont tournées vers lAsie, et notamment la Chine. Au moment où la crise avait atteint son paroxysme, le partenaire européen avait choisi de rétablir les quotas pour protéger son industrie tout en ménageant ses partenaires méditerranéens. Le coup de pouce Pour la mise au pas du secteur, lancien gouvernement de Driss Jettou avait signé avec lAmith (Association marocaine des industriels du textile et de lhabillement) le «Plan émergence Textile-Habillement». Selon Abdelali Berrada, expert national auprès de lONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement), «pour accroître la compétitivité du textile marocain, lancien gouvernement, en collaboration avec lAmith, avait choisi via le «Plan émergence textile-habillement» dassurer la réalisation dun certain nombre dobjectifs stratégiques : ladaptation de loffre nationale aux exigences de la demande du marché européen; lamélioration de lindustrialisation du secteur par augmentation de la productivité et le perfectionnement de la qualité , le développement des méthodes et de la qualité de design, le passage de la sous-traitance à la co-traitance, la diversification des marchés par louverture sur des clients à léchelle internationale, lamélioration de laspect éthique et sociétal, tout cela pour encourager le regroupement des professionnels sous forme de Cartels». En agissant à un certain niveau dans ce sens, cela a permis à lindustrie de la fibre denregistrer pendant les deux dernières années une croissance soutenue. Le chiffre daffaires na jamais été aussi important (30 Mds de DH). Le textile occupe actuellement une place privilégiée au sein de léconomie marocaine, en assurant lemploi à plus de 200.000 salariés, ce qui correspond à 1.800 entreprises qui réalisent 4% du PIB. Actuellement, la question la plus importante est de savoir si cette croissance fera long feu. La réponse à cette question dépend de la nature des réformes entreprises, en passant dune simple industrie de sous-traitance à une industrie de co-traitance. Abdelali Berrada a indiqué, à ce niveau, que «sous leffet de la proximité vis-à-vis des marchés européens, lactivité de la sous-traitance représente une partie non négligeable du secteur du textile national. Mais cette activité reste la plus menacée par la manufacture asiatique». Il ajoute, à ce titre, que «pour faire face a ce danger croissant, cette industrie doit faire lobjet de plus de réactivité et de flexibilité, par lamélioration des capacités de production». Il sagit là dun nouveau concept industriel et marketing «Fast fashion» incitant les entreprises marocaines à profiter des avantages de proximité en faisant preuve de plus de flexibilité. Les principales caractéristiques de ce nouveau concept sont davoir la capacité de produire en masse et en un temps record, tout en étant capable de sadapter aux changements de rayons rapides et en possédant les moyens de traitement des aspects liés aux matières premières et à lapprovisionnement. Cette nouvelle stratégie a pour objectif de lancer un flux quasi-continu de nouveaux articles dans les principaux circuits de distribution. La proximité vis-à-vis de lEspagne, qui bénéficie dune réputation internationale dans ce créneau, constitue une véritable occasion à saisir. En effet, le coût élevé de la production relative principalement au facteur humain, pousse les entreprises ibériques à faire appel aux sous-traitants marocains. Un tel choix a permis de réduire les effets négatifs de la secousse enregistrée en 2005. En fait, les grandes enseignes espagnoles ont constitué le principal débouché pour la production nationale au moment où lancien partenaire français sest tourné vers les producteurs chinois. Quel avenir pour le textile ? Les industriels tablent sur le Fast Fashion. Si cette dernière a constitué 20% du marché de lhabillement européen en 2005, elle est susceptible de faire lobjet dune demande accrue en 2009, allant jusquà 80% de la demande totale en Europe. Mais lachèvement de cet objectif suppose une grande mobilité de la part des professionnels nationaux. Ils doivent réunir les facteurs humains et techniques qui permettront de travailler sur les derniers cris de la mode, dans les plus brefs délais. Lindustrie de lhabillement, qui reçoit les commandes 6 mois à lavance et nécessitant 2 mois de délai pour être livrée, sera monopolisée par les asiatiques qui ne bénéficient pas de la proximité géographique. Par ailleurs, et dans lobjectif daccroître les possibilités de développement de ce secteur, le Maroc est censé mieux se positionner sur de nouveaux marchés promoteurs. Cest le cas du marché américain. Abdelali Berrada affirme à ce sujet que «depuis 2004 les professionnels de lindustrie de la fibre participent annuellement au Salon international du textile à Las Vegas. Cest une preuve que les industriels du secteur textile-habillement marocain sintéressent de plus en plus au marché américain. Il est à signaler que les exportations vers ce marché, qui ont enregistré une croissance à deux chiffres, est la meilleure preuve de cet intérêt». Effectivement, les exportations des produits confectionnés ont atteint une augmentation sans précédent avec un taux de croissance enregistré en 2006 de 122%. Finalement, la bonne santé de ce secteur vital est une condition nécessaire pour le développement de léconomie nationale. Il est fort probable que dès la levée des quotas, le premier janvier 2008, les industriels du textile marocain aient à faire face à une concurrence rude de la part des dragons asiatiques. Le seul moyen dy résister est de faire preuve de plus de réactivité et de mobilité.