* Les répercussions de la levée des quotas sur les importations de textile européennes pèsent de plus en plus sur ce secteur vital de léconomie. * Outre la concurrence asiatique, le Maroc doit faire face à une rude concurrence des pays du pourtour méditerranéen. Les indices du secteur du textile et habillement sont de nouveau dans le rouge. Pour preuve, leffectif employé dans cette filière a baissé de 12%, note une récente enquête mensuelle de conjoncture de BAM. Elle stipule, par ailleurs, que «les dépenses dinvestissement réalisées au troisième trimestre 2008 ont enregistré une légère hausse pour lensemble des secteurs économiques, à lexception des industries du textile et du cuir où les opérateurs ont relevé une régression des investissements. Cette tendance devrait dans lensemble se poursuivre». Les chiffres publiés par lOffice des changes confirment la persistance de cette conjoncture défavorable. En effet, les exportations des articles de bonneterie ont reculé de 14%. Pour leur part, les expéditions des vêtements confectionnés ont baissé de plus de 5%, durant la même période. Ces temps difficiles dont souffre la branche sont le résultat de la levée des quotas sur les importations européennes des articles du textile et de lhabillement. Certes, jusquici, les impacts défavorables sont relativement limités par rapport à ceux enregistrés en 2005. Mais vu la suppression des quotas, coïncidant avec une conjoncture économique difficile, léconomie nationale risque dêtre confrontée à une véritable crise au sein de lun de ses principaux piliers: le secteur textile. Peut-on faire face à la crise ? Les produits du textile et de lhabillement représentent plus de 30% du volume global des exportations marocaines, soit 31,3 milliards de DH en 2007. Aussi, jouent-ils un rôle primordial dans léquilibre de la balance commerciale. En plus, la filière du textile demeure lun des principaux secteurs pourvoyeurs demplois. En effet, plus de 520.000 personnes travaillent dans cette industrie. La suppression des emplois suite à la levée des quotas a provoqué, en 2005, un grand malaise social. Les professionnels du secteur ont saisi loccasion du rétablissement des quotas, ces deux dernières années, pour remédier aux principales faiblesses. Après des décennies de travail dans un cadre de dépendance totale vis-à-vis des donneurs dordre européens, les industriels de la confection ont fait un pas de géant en vue de passer de la sous-traitance à la cotraitance. Ce faisant, les producteurs nationaux se positionnent de plus en plus sur des produits haut de gamme à court délai de production. Lorsquil sagit dune production de masse, les donneurs dordre ont recours aux sous-traitants chinois qui présentent des avantages alléchants en terme de coût de production. En revanche, les pays du bassin méditerranéen sont plus compétitifs au niveau des articles de mode, produits en petites quantités dans un court délai. Bénéficiant dun emplacement stratégique par rapport à lEurope, les sous-traitants marocains ciblent de plus en plus cette gamme de produits. En agissant ainsi, ils ont entamé de profonds changements au niveau du processus de production, de qualité et de commercialisation Le Maroc a ainsi pu accaparer une part significative de la demande orientée vers les pays de la Méditerranée. Actuellement, lEspagne, pays des grandes marques (Zara, Massimo Dotti, Cort Ingles ), est devenue le premier débouché de la production nationale, soit pour une valeur de plus de 10,5 milliards de DH en 2007. Toutefois, le Maroc est en perte de vitesse vis-à-vis dautres marchés importants européens comme lAngleterre et lAllemagne. Force est de constater que lindustrie du textile et de lhabillement souffre encore de plusieurs handicaps. En effet, outre les difficultés liées à linfrastructure, plusieurs entreprises nont cherché ni à développer leur mode de production, ni à améliorer leur système managérial. Les deux tiers des producteurs marocains travaillent toujours dans le cadre de la sous-traitance. En contrepartie, les pays concurrents du Maroc, dans le bassin méditerranéen, consolident leurs atouts pour polariser le maximum de la demande étrangère et des mouvements de délocalisation. Au-delà des avantages fiscaux et les facilités dinvestissement, les coûts de la main-doeuvre sont très bas en Egypte, soit léquivalant dun Smig de 750 DH. Sous dautres cieux, Turquie, Tunisie, les entreprises font preuve de plus de capacité dadaptation aux mutations du marché. En conclusion, la réactivité de lensemble des opérateurs privés et publics marocains en vue dassurer la maîtrise des coûts, le développement du processus de production et la mise en place des infrastructures, demeurent lunique moyen de garantir la survie de ce secteur vital.