Sa première apparition à l'écran remonte à 1973 déjà . Pas de frontières entre les genres, au cinéma comme à la télévision, elle expose toute l'étendue de son jeu. Elle a crevé l'écran dans les séries et feuilletons comme «Khamssa o khmisss», «Oujaࢠtrab» et «Hdidane». Son visage est connu, son accent facilement reconnaissable mais difficilement imitable. Fatima Ouechay, dans toutes ses métamorphoses, dans ses rôles de paysanne, de femme soumise ou de méchante belle-mère, séduit. Sa popularité n'a cessé de croître ces dernières années et c'est en grande partie grâce à la télévision. Si les débuts de la comédienne se sont faits au théâtre, c'est la télé qui l'a rendue accessible. Sa première apparition sur le petit écran remonte à 1973 dans le film Chabah lâachik (Le fantôme de l'amant) de Mohamed Reggab, depuis, elle n'a jamais cessé de tourner. Fatima Ouechay, la comédienne, fait partie de ces actrices qui touchent à tout, qui se nourrissent de toutes les expériences. «Chacun de mes films m'a apporté quelque chose de nouveau. Il n'y a pas de rôle que je mettrai au dessus d'un autre», affirme-t-elle. Théâtre, cinéma, feuilletons télévisés et docu-fiction,… pour elle les limites des genres n'existent pas. Ouechay répond aux exigences de ceux qui la dirigent. Et si elle est à l'écoute, elle sait aussi s'imposer sur un tournage. «Il ne me suffit pas d'interpréter un rôle mais je le façonne, à ma façon. Il m'arrive aussi de faire des propositions au réalisateur», confie-t-elle. Sur les lieux de tournage et lorsque les caméras sont éteintes, elle travaille aussi mais différemment. Ce soutien paternel qui sera décisif «Pour moi, jouer c'est aussi un travail de recherche. J'essaie de me distinguer à chaque fois. Je vis mon rôle non seulement en jouant mais même en dehors des moments de tournage, j'essaye de me rapprocher du comédien avec qui je joue. Je tisse les liens dont j'ai besoin», dit-elle. C'est donc ainsi que travaille l'actrice, loin des regards et des lumières. Fatima Ouechay tire aussi son énergie des autres et de la bonne humeur qui règne sur le plateau. «Je fais tout le temps des efforts pour garder de bonnes relations avec les comédiens et les gens avec qui je travaille. Un tournage est un lieu de vie, on y passe beaucoup de temps et c'est important pour moi qu'on s'entende», poursuit-elle. L'actrice s'est inscrite dans la même passion dévorante et créatrice qui animait son père, poète de malhoun. Comme tous les poètes, le père de Fatima croyait aux rêves, aux siens d'abord mais aussi à ceux de sa fille qui, déjà toute petite, voulait être comédienne. «C'est mon père qui m'a emmenée à l'Institut d'art dramatique à Casablanca, il m'a accompagnée. Je lui dois beaucoup», résume-t-elle. Son parcours artistique était ainsi entamé et pour longtemps. Car, à peine sortie de l'institut, Fatima Ouechay se tourne vers le cinéma et tourne aussi bien pour les plus grosses productions internationales que pour les jeunes débutants. «J'ai joué dans Le retour de la panthère rose, en 1974 à Casablanca sous la direction d'Edward Blake», se souvient-elle avec émotion. Elle a joué également dans L'homme qui voulait être roi de John Huston (1975). Dans le cinéma on l'a vue à Aouchtam (1998), le film de Mohamed Ismaïl avec Abdallah Chakiri et Ghani Sennak. Elle a joué aussi dans Bahloul allô 15. Son dernier film a été tourné en Belgique avec Nabil Ben Yadir. L'actrice a dû se soumettre à un casting avant d'être Aïcha, la mère dévouée dans le film Les Barons (prix du jury festival de Marrakech 2009). La consécration aura lieu à la télévision Sur la route de Taroudant, à Ikoujak, les villageois de cette bourgade perdue se sont habitués aux plateaux de télévision et plus exactement, à celui de Hdiddan. Fatima Ouechay fait partie de l'équipe de ce feuilleton suivi par des millions de téléspectateurs et qui a fait exploser l'audimat de la deuxième chaîne. Le feuilleton au goût de la terre est une œuvre commune, celle de Fatima Boubekdi à la réalisation et de son frère Brahim, scénariste. Des dialogues justes, un jeu naturel, il y a de l'authenticité dans cette série mais pas seulement. «Je partage avec Fatima Boubekdi beaucoup de choses, il y a une complicité entre nous. Ce qu'elle fait me parle et me touche autant dans son contenu que par la forme. Il a fallu quatre mois de tournage, de vie sur le plateau pour donner naissance au premier épisode du feuilleton mais je n'ai pas senti le temps passer et c'est cela que j'aime dans ce travail». Communion entre l'équipe de tournage, un apport fait de toutes parts, c'est peut être aussi cela le secret de sa réussite. Ouechay veut toujours «aller au-delà» et surprend toujours par ses choix, par la pluralité et la force de ses rôles. Dans El Mejdoub, le public redécouvre l'actrice. La fresque portée à la télévision par Farida Bourquia et qui relate la vie de ce troubadour qui a vécu au XVIe siècle sous la dynastie saâdienne a eu une grande résonance au sein du public marocain. Ouechay y a interprété le rôle de la belle-mère du Majdoub, elle a joué à côté de Mohamed Bastaoui, Abdesslam Bouchini, Hafida Kassoui et Hanane Ibrahimi, une belle équipe, encore une fois, rassemblée autour du scénario de Taoufik Hamani. Cependant, l'actrice possède bien plus qu'une corde à son arc et aime surprendre. Elle arrive dans la série Touria quelques années plus tard, (2010) par là où on ne l'attendait pas, interprétant le rôle d'une belle-mère tyrannique. Toute l'étendue du jeu de l'actrice y est exposée. A la télé comme au cinéma, Fatima fait foi du même talent. Son attachement à la langue et à ses racines ont donné du poids aux dialogues de Wjaâ trab de Chafik Sehimi. L'adaptation de La terre d'Emile Zola, bercée par la musique de Abdelfettah Négadi, lui ont permis encore une fois d'atteindre un très large public. Mais l'on retiendra certainement de Ouechay ce rôle qu'elle a interprété à côté de Mohamed Bastaoui, incarnant le personnage de Boujemâa dans Khamsa o khmiss. Un rôle qui a ravi grands et petits. Pour l'actrice, c'était l'heure de la reconnaissance. La comédienne qui jongle avec les genres et sera, à nouveau, sur les planches en novembre prochain avec une nouvelle pièce de théâtre, Rajel Hami Rassou de Driss Sebti. En ce moment elle ne quitte pas le plateau de Moudawala. Cette émission entre documentaire et fiction inspirée des archives de tribunaux marocains. Moudawala reprend les éléments de procès et les relate sous forme de fiction. Et comme dans ses films Ouechay en fait un véritable plaidoyer pour l'homme.