Depuis trois ans, elle conteste de plus en plus le règne du pantalon qui a duré trois décennies. Les tendances pour la prochaine saison portent sur les jupes longues de couleur à dominance beige, taupe, moutarde, rouille ou bordeaux. Les grandes tailles sont de plus en plus demandées. Il y a à peine cinq ans, on la donnait pour morte, enterrée. Après près de trois décennies de dominance du pantalon auprès de la gente féminine, la jupe reprend ses droits. Depuis trois ou quatre ans, on assiste au retour du vêtement caractéristique de la féminité et qui avait presque disparu des rayons au cours des années 90. Qu'elle soit longue, à mi-genoux ou mini, qu'elle soit droite, ample ou plissée, la jupe est de retour. Selon les professionnels de l'habillement au Maroc, ce changement de tendance date de la saison 2007-2008. Un mouvement qui a été notamment encouragé par l'arrivée des enseignes étrangères mais également le développement des marques nationales à partir du début des années 2000. Signe de l'importance grandissante de ce vêtement dans les garde-robe d'aujourd'hui, 20% des ventes chez les diverses enseignes portent sur des jupes et des robes, contre à peine 0,5% à un certain moment. Les femmes préféraient alors largement le tailleur (pantalon-veste), particulièrement durant les décennies 80 et 90. De manière globale, les ventes restent dominées par le tee-shirt, le jean et le gilet en maille à l'heure actuelle, mais la jupe a bel et bien fait son «come-back». Autre retour en arrière, celui des tendances stylistiques. C'est ainsi qu'au cours de la période automne-hiver à venir, la mode sera dominée par le look des années 70. On notera le retour de la jupe longue, unie ou imprimée, de style hippy et de la chemise à carreaux et en jean's. Le manteau dit trench coat sera également présent dans les vitrines. Côté couleurs, les collections de l'hiver 2010-11 seront à dominante beige et taupe, à mixer, selon les professionnels de la mode, avec du kaki, du marine, du rose clair ou de hauts de couleur chair. Le retour des années 70 est aussi marqué par les couleurs chaudes que sont le «moutarde», le «rouille» et le «bordeaux». Il y aura toutefois les coloris traditionnels, notamment le noir et le gris à marier avec le marine, le rose ou le violet. Prix de revient élevé pour la confection des grandes tailles Autre caractéristique naissante du marché marocain, la demande pour les grandes tailles. On ne sait pas si les Marocaines ont plus d'embonpoint qu'auparavant, mais il est plus probable que l'explication relève d'une libération des femmes opulentes qui osent de plus en plus s'habiller tendance. Selon les spécialistes, même si l'essentiel des ventes porte encore sur les articles de taille S (34-36) et M (38-40), une demande significative est exprimée en matière de vêtements de grandes tailles, notamment les XL (46-48) et XXL. Une exigence à laquelle les industriels tentent de répondre malgré l'existence d'une contrainte de coût. En effet, selon le patron d'une enseigne de la place, la confection des grandes tailles nécessitant plus de matières premières, pour couvrir leurs charges, les industriels devraient normalement, et comme cela se fait dans les pays d'Europe, vendre les grandes tailles à un prix 15% plus cher que les petites tailles. Ce qui, dit-on dans la profession, est impossible en raison du niveau du pouvoir d'achat et des habitudes de consommation sur le marché. Par ailleurs, la maîtrise des prix de vente demeure difficile en raison du secteur informel dont les prix défient toute concurrence. Et pour remédier à cela, les professionnels estiment nécessaire l'élaboration d'une stratégie de développement du marché local. L'exemple idéal à suivre est, estiment les industriels, celui de la Chine qui a réduit actuellement ses exportations afin de développer, structurer son marché local et développer des enseignes nationales.