La crise du pain qui frappe actuellement la Tunisie résulte principalement d'un manque de contrôle ayant conduit à une augmentation des comportements frauduleux dans le secteur de la farine, estime l'observatoire tunisien Raqabah. Dans un récent rapport, l'observatoire estime que tous les systèmes de contrôle mis en place par les autorités pour surveiller l'utilisation de la farine subventionnée ont "échoué lamentablement", malgré l'existence de certaines mesures dans le cadre légal et réglementaire régissant la production, l'offre et la vente de pain visant à limiter ces pratiques. Dans ce sens, l'association dénonce le détournement des quantités subventionnées pour fabriquer du pain subventionné, dans la mesure où certains la vendent à des boulangeries non classées, des pâtisseries et des hôtels, tout en fermant leurs boulangeries ou en les exploitant au minimum. Le système de contrôle du blé subventionné est très faible et manque de systèmes d'information efficaces, relève l'observatoire, notant que ce système repose principalement sur une procédure de déclaration, que ce soit pour l'Office des céréales ou pour l'unité de compensation des produits de base. Cette situation s'ajoute à une demande accrue en farine, qu'elle soit subventionnée ou non, pour la fabrication de divers types de pains, notamment le pain raffiné. D'après le rapport, la baisse enregistrée dans les ventes de blé dur par l'Office des céréales au cours du premier semestre de 2023 a provoqué, également une pénurie significative de semoule, ajoutant que l'effondrement de la distribution de blé dur en 2023, conjugué à l'anéantissement quasi-total de la récolte locale de blé tendre cette année, a aggravé la crise au sein de l'Office. Depuis quelques mois, la Tunisie se trouve confrontée à une crise du pain aggravée non seulement par la spéculation, mais aussi par la baisse de la production de blé cette année en raison de la sécheresse qui sévit dans le pays, ainsi que la conjoncture difficile en Tunisie qui ne parvient pas à acheter suffisamment de céréales sur le marché international en raison de son endettement et du manque de liquidités. Cette crise a connu une nouvelle tournure avec la récente arrestation du président de la Chambre nationale des propriétaires de boulangeries, Mohamed Bouanane, "pour des soupçons de monopole et de spéculation avec des denrées alimentaires subventionnées et des soupçons de blanchiment d'argent".