L'Exécutif a décidé l'annulation d'événements de grande ampleur, mobilisant des effectifs et pouvant présenter des risques d'ordre public en fonction des situations locales, tandis que plusieurs villes ont instauré des couvre-feux nocturnes. Après une troisième nuit d'émeutes urbaines, consécutives à la mort par un tir policier d'un mineur à Nanterre, le gouvernement français a annoncé, vendredi, des moyens supplémentaires afin de parer à une éventuelle recrudescence des violences. Au deuxième jour de ces violences urbaines, qui ont éclaté mardi soir après le drame de Nanterre avant que la contagion ne touche toute l'île de France et d'autres agglomérations de l'hexagone, le ministre de l'intérieur avait annoncé le déploiement de 40.000 policiers et gendarmes pour veiller à l'ordre public, le pays redoutant des événements à l'image des trois semaines d'émeutes urbaines qui avait secoué les banlieues en 2005 après la mort de deux jeunes à Clichy-Sous-Bois. Les autorités craignent aussi des débordements, samedi, à l'occasion des obsèques du jeune Nahel, comme ce qui s'est passé, jeudi, à la fin de la marche blanche organisée dans cette ville pour lui rendre hommage, et qui a dégénéré en affrontements entre des jeunes en colère et les forces de l'ordre. Ainsi, à l'issue de la cellule interministérielle de crise autour de ses ministres vendredi, le président Emmanuel Macron, qui a dû écourter son séjour à Bruxelles pour un conseil européen après les violences de la nuit précédente, a annoncé que des "moyens supplémentaires" vont être déployés face aux émeutes. La Première ministre Elisabeth Borne a, de son côté, fait état du déploiement de blindés de la gendarmerie, selon la chaîne d'information en continu BFMTV. Au total, quatre véhicules Centaure vont être déployés, ainsi que 14 VBRG (véhicules blindés à roue de la gendarmerie), ajoute la chaîne, alors que la préfecture de police a autorisé la captation, l'enregistrement et la transmission d'images au moyen de drones dans certaines communes de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine. En début de soirée, le ministre de l'Intérieur a annoncé lors du journal télévisé de TF1 la mobilisation de 45.000 policiers et gendarmes pour la nuit. "Davantage d'unités spécialisées", comme le RAID, la brigade de recherche et d'intervention (BRI) ou le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) seront mobilisés, a-t-il ajouté. Par ailleurs, l'exécutif a décidé l'annulation d'événements de grande ampleur, mobilisant des effectifs et pouvant présenter des risques d'ordre public en fonction des situations locales, tandis que plusieurs villes ont instauré des couvre-feux nocturnes. Côté transports en commun, la RATP a annoncé que bus et tramways seront interrompus à 21 heures au plus tard "tous les soirs jusqu'à nouvel ordre" en Île-de-France, à la demande du ministre de l'Intérieur. Dans le sillage de cette situation et des tensions qui se sont propagées à l'ensemble du territoire français, plusieurs pays ont appelé leurs ressortissants en France ou souhaitant se rendre dans l'hexagone à la vigilance et à éviter les rassemblements de masse. Les tensions de la nuit de jeudi à vendredi se sont soldées notamment par l'interpellation de 875 personnes, des centaines de véhicules brûlés, des commissariats attaqués, des commerces saccagés et des centaines de biens privés et bâtiments publics incendiés.